L'excellent premier disque de ces 3 gaillards laissait entrevoir une suite bruitiste, dense et houleuse de qualité. Assimilant parfaitement les partitions noise rock des vieux The Jesus Lizard autant que l'assise rythmique de Unsane, Volt sonnait au même titre que les déglingués de Todd, comme une petite révolution de la scène noise. Ce Rörhat ne fait pas mentir les pronostics, les allemands y développent un son direct et très dur dans le ton porté par une écriture libre et personnelle s'ouvrant toujours vers de nouvelles possibilités musicales.

Ce qui surprend le plus dans la musique de Volt est sans aucun doute leur capacité à obtenir ce groove si particulier tout en conservant un aspect tranché et saccadé. Dès les premiers morceaux, la trame rythmique itérative et plombée vient soutenir des cordes décadentes à la base de riffs taillés et épileptiques qui donnent une impression d'urgence et de rage fulgurante.
Les allemands évitent avec brio une quelconque linéarité grâce à des morceaux  variés usant de breaks surprenants. Avec son aspect rock'n roll noisy ralenti s'engouffrant sans crier gare dans un chaos renversant, Zwigillusion en est le parfait exemple. De même pour Stativ, morceau clair et dénudé qui s'habille à mi chemin d'une carapace rude et granuleuse. Souvent en décalage, les vocaux sont comme criés avec les dents serrés (essayez vous verrez) et confèrent à l'ensemble une sorte d'énergie intérieure bouillonnante largement palpable. On retiendra également le dernier morceau de presque 13 minutes, sombre autant que percutant, il démontre clairement que Volt en a encore sous la pédale.

Malgré les quelques longueurs pas réellement gênante mais tout de même perceptible, Rörhat n'a pas de mal à se hisser parmi les disques références du genre. Amateurs des frasques d'Oxbow, Todd ou Cows, inconditionnels de Unsane ou Taint, le premier album de Volt devrait, si ce n'est déjà fait, vous mettre tous d'accord.