Visions Of Atlantis
Metal Symphonique avec chant féminin et masculin

The Deep & The Dark
01. The Deep&The Dark
02. Return To Lemuria
03. Ritual Night
04. The Silent Mutiny
05. Book Of Nature
06. The Last Home
07. The Grand Illusion
08. Dead Reckoning
09. Words Of War
10. Prayer To The Lost
Chronique
En 2016, Visions Of Atlantis proposait un EP dans lequel d'anciennes compositions du groupe étaient revisitées par le nouveau line-up, afin de présenter ce dernier. Sauf que jamais le groupe n'avait publié deux sorties d'affilé avec exactement les mêmes membres, et ce nouvel album ne fait pas exception. Faut-il donc aussi introduire les nouveaux venus (respectivement Herbert Glos à la basse et Christian Douscha à la guitare) ? On en finira pas avec les EPs d'auto-reprises... Mais non, voyons, Visions Of Atlantis est bien de retour avec un vrai album, le premier en cinq ans, et le premier depuis le drastique changement de line-up ayant eu lieu fin 2013 et ayant laissé le batteur et fondateur Thomas Caser comme seul maitre à bord. Autant dire que The Deep&The Dark éveille la curiosité.
Puisqu'on a ouvert cette chronique (avec facilité, certes) sur le thème du renouvellement des membres du groupes, profitons-en pour aborder les deux étrangetés de cette nouvelle livraison. Attention, il ne s'agit pas de points négatifs, mais d'éléments qui font se poser la question "pourquoi ces choix ?". Plusieurs écoutes attentives n'ont pas permis d'y répondre.
Tout d'abord, Visions Of Atlantis sort en 2018 son premier album sans que personne n'occupe le poste de claviériste. Pourtant la galette contient des solos de synthé (dans Return To Lemuria, The Great Illusion et Words Of War). Que des bandes soient utilisées pour les orchestrations parfois colossales propres au style mi-Power mi-Sympho, ou pour quelques riffs "un peu lead" au clavier sur des ponts ou des intros, pourquoi pas, bien évidement (et c'est d'ailleurs le cas tout au long de The Deep & The Dark, dans The Silent Mutiny ou dans Dead Reckoning par exemple). Mais quel est l'intérêt de solos samplés ? Et ne parlons même pas de The Last Home dont la musique n'est joué que par du piano et des instruments à cordes (à l'exception d'un peu moins de trente secondes à la fin) : quasiment un titre entier est donc samplé...
L'autre remarque propre au line-up de Visions Of Atlantis sera lié à ses vocalistes. Comme d'habitude, ils sont deux à se partager la tâche, l'identité du groupe reposant grandement sur la dualité des chants masculins et féminins (depuis fin 2013, c'est Clémentine Delauney et Siegfried Samer qui sont en poste). Pourtant, dans The Deep & The Dark, la Française s'impose clairement face au chanteur masculin dont elle écrase la performance. Pourquoi ne pas avoir impliqué l'homme dans The Deep & The Dark autrement qu'avec quelques vagues chœurs discrets dans les refrains ? Pourquoi est-il complètement absent de Prayer To The Lost et de The Last Home ? Pourquoi une immense majorité des refrains chantés à deux donnent l'impression que Siegfried Samer est sous-mixé comparé à la chanteuse (Ritual Night, The Deep & The Dark, The Silent Mutiny, Book Of Nature, Dead Reckoning...) ? Si les couplets sont globalement partagés, pourquoi Clémentine Delauney accapare-t-elle la quasi-totalité des ponts, des outros, ou des pré-refrains (comme dans Return To Lemuria, Dead Reckoning, Ritual Night...) ? Et encore, en disant que les couplets sont "globalement partagés", on remarquera que les voix masculines héritent souvent de passages moins longs, ou en seconde position, ou encore des parties les moins dynamiques (les couplets de Book Of Nature ou ceux de Dead Reckoning).
Si ces choix artistiques semblent étranges, ils n'en sont néanmoins pas foncièrement mauvais, surtout le second. Car la performance vocale de la Lyonnaise recrutée par les Autrichiens est tout simplement parfaite. Si la première écoute est déconcertante quant au déséquilibre de la répartition des voix, on s'habitue très au chant de Clémentine Delauney, dynamique, varié, très juste, plein d'émotion, et surtout, que l'on devine être spontané, sans effort. Et avoir un "chanteur de soutien" (même si c'est triste pour l'Autrichien de le formuler ainsi) donne encore plus d'impact aux impressionnantes parties vocales de la chanteuse. On retiendra les efforts payants de Clémentine Delauney notemment sur son couplet de The Grand Illusion (le second, donc) aux mélodies inatendues et travaillées et aux vibratos aigüs poignants ; la puissance des refrains de Book Of Nature ainsi que les quelques syllabes "forcées", presque en semi-saturé, disseminées ça et là dans le titre, qui dévoilent une nouvelle facette du colossal panel vocal de l'intéressée ; et sur la semi-ballade Prayer To The Lost où sa voix sait être tantôt profonde et chaude dans les couplets calmes, tantôt puissante et émouvante sur les fins de refrains.
Musicalement, Visions Of Atlantis n'a jamais été un groupe qui cherchait à démontrer une quelconque virtuosité. Les pistes de ce nouvel opus sont d'ailleurs presque toutes contruites sur le même schéma structurel : intro-couplet-refrain-couplet-refrain-pont-refrain. Malgré ça, les Autrichiens évitent très brillament les écueils de la répétion, de l'auto-plagiat, ou même de la lassitude. En effet, les intentions des titres sont variées, allant du très nightwishèsque The Deep & The Dark (les orchestrations de son intro enchainées au chant des couplets fait penser à la periode Annette Olzon) à des riffs parfois vraiment très marqués Power Metal avec un arrière-goût de Stratovarius ou de Cain's Offering (le riff principal de Words Of War et son couplet chanté par Siegfried Samer), en passant par des cavalcades effrénées en doubles-croches (Return To Lemuria), des influences orientales (les orchestrations de Book Of Nature)... Les solos ne sont pas systématiques, mais à chaque fois ils servent la composition sans trop en faire (on appréciera le son crunchy des guitares leads lors des solos de Dead Reckoning et de Prayer For The Lost qui apportent de la chaleur à ces sections). Quand on pense pouvoir prévoir un refrain un peu simpliste, il ne manque pas de surprendre avec une fin en tension (The Silent Mutiny) ; quand une transition vers un premier refrain semble trop évidente, celle du second refrain sera différente (Book Of Nature) ; cette somme de détails contribue à bâtir un album à la fois simple, direct, facile à retenir, efficace, agréable, sans jamais être une parodie de lui-même. The Deep & The Dark se laisse facilement réécouter une fois la galette terminée, encore une fois, encore une autre... Et au fond, quel que soit le style traité, c'est à ça qu'on reconnait les bons albums.
J'ai essayé, vraiment, mais définitivement non. Bon, déjà à la base, je n'ai jamais accroché à VoA. La chronique m'a donné envie d'essayer celui-là quand même, mais non, le groupe garde (à mes yeux, du moins) son statut de cliché du Metal Sympho plat et sans intérêt. La nouvelle chanteuse est talentueuse, certes, mais c'est à peu près tout ce qu'il y a à retenir (que fait-elle dans cette galère !?!). À la limite, j'ai le vague souvenir d'avoir apprécié le morceau-titre un chouïa plus que le reste...
Ce disque m'a fait à peu près le même effet que quand j'ai essayé d'écouter le dernier Serenity, sauf que là je me suis forcé à aller jusqu'au bout et à recommencer pour essayer de comprendre l'avis de Zbrlah (qui a dû intervertir ses notes entre ça et le dernier Leaves' Eyes, c'est pas possible autrement ;-)).