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Biographie

Virgin Black

Virgin Black se forme en 1995 à Adelaide autour d’un line-up à géométrie variable, qui finit tout de même par se stabiliser autour de Rowan London (chant, claviers, piano), Samantha Escarbe (guitare, violoncelle),  Grayh (basse, chant) et Luke Faz (batterie). Leur but est de créer une musique unique qu’ils définissent eux-mêmes comme du « Doom Opera », s’inspirant tout autant de la musique classique du XIXe siècle que du Doom Death, du Metal progressif, du courant Gothique et, plus que tout, de la religion, véritable source d’inspiration inaltérable de la formation depuis ses débuts, sujet qu'elle aborde constamment avec une certaine ambiguité. Elle refusera d'ailleurs toujours d'être considérée comme un groupe de White Metal.
Après une démo et un EP, Virgin Black est fin prêt à délivrer le premier fruit de ses expérimentations : Sombre Romantic sort en 2001 chez The End Records et Massacre Records, et recueille immédiatement les louanges les plus dithyrambiques. On parle alors partout d’une formation étonnamment classieuse et sophistiquée dont la musique, d’une fraîcheur et d’une profondeur rares, met tout le monde d’accord dans le monde entier.
Elegant…and Dying voit le jour deux ans plus tard, pour un résultat tout aussi incroyable mais qui déçoit quelque peu les fans de la première heure.
C’est en 2007 que le groupe revient avec Requiem – Mezzo Forte, deuxième acte d’une trilogie intitulée Requiem, qui sera suivi par Requiem – Pianissimo et Requiem – Fortissimo.

Requiem - Fortissimo ( 2008 )

  Retour de Virgin Black en cette année 2008, et toujours ce projet ambitieux, Requiem. Cette fois ci, le groupe nous livre le troisième et ultime opus de son triptyque, Fortissimo. Après un Mezzo Forte maitrisé de bout en bout, ce disque est censé montrer le visage le plus Metal de Virgin Black, représenter l’apogée de la puissance entrevue dans les précédents opus, avant que le groupe ne referme le chapitre Requiem avec un album uniquement classique, Pianissimo.

  Il y avait des motifs d’inquiétude à l’annonce de ce disque : que restera-t-il de Virgin Black sans son côté symphonique ? Et bien pas grand-chose, si l’on se fie à The Fragile Breath, titre d’ouverture qui attaque à fond la caisse et qui donne dans un Metal plombé assez cheap, genre dISEMBOWELMENT, l’ambiance mortuaire en moins. Néanmoins, le groupe s’écarte vite de cette voie casse gueule, ralentit le tempo et ressort quelques chœurs féminins qui contrebalancent joliment avec le growl, mais ça, on connaissait déjà depuis trois albums. Du coup, ce titre d’ouverture cristallise tous les craintes qu’on pouvait avoir sur cette orientation musicale prévisible mais néanmoins pas forcément des plus heureuses : Virgin Black sans grandiloquence, c’est plus la même chose ; sans toute la complexité caractéristique de ses œuvres précédentes, la voix d’opéra de la miss semble tomber comme un cheveu sur la soupe, le growl être dépourvu de puissance, et d’une manière plus générale, on dirait que le groupe ne sait pas trop quelle direction choisir.

  Fort heureusement, ce disque n’est pas un album de pur Metal bas du front et Virgin Black sait encore instiller de l’émotion à ses compos, notamment par l’utilisation de ces guitares lancinantes à souhait desquelles suinte une mélancolie magnifique et omniprésente (In Winter’s Ash, God in Dust, Darkness). Si l’ouverture Death Metal cheap pouvait faire peur, le groupe ne persévère pas et préfère s’orienter vers un Doom Death classique mais efficace, qui était déjà là sur les deux précédents opus. A ce titre, In Winter’s Ash est une petite pépite, d’autant plus qu’il bénéficie de quelques arrangements symphoniques qui semblent se faire rares sur le disque. D’ailleurs, ceux là manquent cruellement, car sur la longueur, la musique que déploie Virgin Black ici apparaît vraiment dépouillée (God in Dust), surtout par rapport à un disque tel que Sombre Romantic, et ce même si l’Adelaide Symphony Orchestra est bel et bien présent une fois encore. Ainsi, un titre comme Silent qui se veut plein d’impact avec ses guitares virevoltantes et son tempo soutenu ne se montre intéressant que lorsqu’il laisse le chant féminin et les chœurs exprimer pleinement leur puissance lors d’un final intense qui rappelle le Virgin Black des grandes heures.

  Cependant, il faut bien reconnaître à Virgin Black un talent particulier pour créer des ambiances prenantes, on l’a vu sur ses précédents disques. Ici, et comme précédemment, la facette la plus sombre de la religion domine, et tout n’est que larmes, douleur, colère et tristesse infinie, comme en atteste les paroles dans le plus pur style Virgin Black, et traduites en Latin pour l’occasion, on ne se refait pas. La mort, le deuil et la douleur de la perte sont partout ("I am Blind with Weeping"), et il faut se laisser imprégner par cette noirceur pour véritablement apprécier ce disque, car il serait facile de passer à côté et de ne voir qu’un groupe se planter en essayant de jouer au méchant. En tendant l’oreille, on s’aperçoit que, finalement, les arrangements symphoniques sont bien là, ils se montrent simplement plus discrets qu’à l’accoutumée, mais ceci n’enlève rien à leur importance fondamentale dans la musique du groupe.

  Au final, ce qui pouvait passer pour un ratage se révèle être un vrai bon disque. Avec Fortissimo, Virgin Black évolue logiquement et clôt de manière convenable son cycle Requiem, en attendant la préquelle Pianissimo, qui semble annoncée par l’outro instrumentale Forever. Cependant, on a le sentiment que Virgin Black aurait pu faire bien mieux, et que ce style beaucoup plus lourd ne lui correspond pas forcément (mais où est passée la voix de ténor ?). Pour autant, ce disque est une excellente sortie, surtout au sein d’une scène Metal qui a tant besoin de renouveau.

Tracklist: 01. The Fragile Breath, 02. In Winter's Ash, 03. Silent, 04. God in Dust, 05. Lacrimosa (Gather Me), 06. Darkness, 07. Forever.

A écouter : In Winter's Ash, Darkness, Silent
16 / 20
1 commentaire (13/20).
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Requiem - Mezzo Forte ( 2007 )

  Quatre ans après Elegant and Dying, Virgin Black revient avec un vaste projet en tête ; ayant pour nom Requiem, il prendra la forme d’une trilogie composée de Requiem – Pianissimo, Requiem – Fortissimo et, donc, Requiem – Mezzo Forte qui, même si sorti en premier, n’est en fait que le deuxième acte de cette trilogie qui devrait être achevée cette année. Deuxième volet certes, mais aussi le plus important car le groupe a annoncé que Requiem – Pianissimo serait quasi-exclusivement Classique et Requiem - Fortissimo bien plus Metal ; ce Requiem – Mezzo Forte est donc en quelque sorte la charnière entre deux évolutions sonores.

Et cela se vérifie à l’écoute de ce disque qui apparaît comme tiraillé entre ses racines classiques et ses aspirations métalliques. En effet, la formation s’est adjointe les services de l’Adelaide Symphony Orchestra, et celui-ci donne une dimension nouvelle à la musique de Virgin Black, bien plus Classique et puissante qu’auparavant, que ce soit lors d’envolées symphoniques grandiloquentes (Requiem, Kyrie) ou d’interventions plus discrètes de violons, piano et autres violoncelles qui parsèment le disque (In Death, …and I am Suffering).

Pourtant le groupe ne renie pas ses influences Metal et Gothique avec de nombreux passages mid-tempo proches du Doom voire presque Doom Death par moments (Midnight’s Hymn, Domine, Lacrimosa (I am Blind with Weeping)). Il en résulte une atmosphère sombre et pesante toujours teintée de mélancolie et de souffrance, assez inhabituelle mais qui remplit à merveille son rôle de contrepoids face aux aspirations Classique, et renforce un peu plus l’idée d’un album charnière, idée mise en abîme grâce au duo Requiem, Kyrie et Rest Eternal, la seconde reprenant en guise d’outro le thème principal de la première qui sert quant à elle d’intro, comme pour évoquer une boucle, un cycle, une révolution.

On peut également noter quelques nouveautés intéressantes, avec en tête l’ajout d’une voix soprane féminine qui impressionne tout autant que la voix de ténor bien connue et toujours aussi impeccable. Cet ajout transforme les compositions du groupe en un genre de duo vocal de tous les instants, les deux voix s’appelant, se trouvant, se répondant telles deux âmes en peine (Requiem, Kyrie, Midnight’s Hymn, …and I am Suffering, Rest Eternal) pour un rendu du plus bel attrait. De plus, l’ajout des chœurs de l’orchestre qui se font tantôt impérieux (Requiem, Kyrie), tantôt éthérées (In Death) voire inquiétants (Domine) est un atout non négligeable dans la construction d’une ambiance unique et quelque part mystique. En outre, le growl masculin fait une arrivée monumentale et apporte une alternative très bienvenue à la voix de ténor, et ce particulièrement sur Domine où les deux voix se complètent à merveille sur la piste la plus puissante et rapide du disque, aux guitares lancinantes évoquant clairement le Doom Death.

Même si l’album est moins varié que ses prédécesseurs avec quelques pistes bâties sur les mêmes fondations (Domine et Lacrimosa (i am Blind with Weeping) notamment),…and I am Suffering en est la représentation parfaite avec ses rythmiques doomy, ses guitares parfois plombées et parfois typées Heavy Metal, son duo de voix d’opéra et son final épique proche du Metal symphonique, en somme la synthèse idéale d’un album décidément très bon mais pas aussi magistral que ses illustres aînés.

Ainsi Virgin Black signe à nouveau et avec une classe inimitable un album de haute volée qui, même s’il n’est pas aussi grandiose que ses prédécesseurs, reste tout de même un grand album qui figurera au palmarès des meilleures sorties de l’année 2007. Requiem – Mezzo Forte, vrai faux premier acte d’une pièce qui en compte trois, joue parfaitement son rôle de mise en bouche, et on ne peut qu’être de plus en plus impatient de voir enfin débouler le projet Requiem mené à son terme.

Un extrait d' ...and i am Suffering est en écoute sur le myspace du groupe.

A écouter : Les sept compos

Elegant...and Dying ( 2003 )

Deux ans après un Sombre Romantic monumental, Virgin Black était attendu au tournant par de nombreux fans. En effet, tout le monde se demandait comment le groupe allait pouvoir égaler sinon surpasser leur magistral premier effort.

Et beaucoup seront déçus par ce Elegant…and Dying, en fait tous ceux qui attendaient un Sombre Romantic bis. En effet, les premières écoutes laissent perplexe, révélant un album beaucoup moins riche et innovant que son illustre prédécesseur. Ainsi l’énorme travail sur les ambiances semble avoir disparu, l’expérimentation passée à la trappe, et surtout la grandiloquence opératique remplacée par un son beaucoup plus lent et lourd qu’auparavant ; passée l’introduction Adorned in Ashes –qui rappelle Opera de Romanci avec ses chœurs, son langage inconnu et son ensemble symphonique digne d’un péplum- on entre de plein pied dans un disque proche du Doom, et non plus à dominance gothique. Pour renforcer cette idée, de nombreux passages fortement teintés de Doom Death mélodique, sans en être complètement, parsèment le disque (Velvet Tongue, The Kiss of God’s Mouth part. I et part II, Renaissance, The Everlasting), et le chant sur Velvet Tongue évoque même irrésistiblement Aaron Stainthorpe (My Dying Bride) période Songs of Darkness, Words of Light.

Autre nouveauté, mis à part Adorned in Ashes, la formation a délaissé son côté symphonique pour une approche plus « minimaliste » de ses compositions; à ce titre, Renaissance est très représentative de cette nouvelle optique avec le chant soutenu par une section rythmique réduite au minimum, et parfois même de court passages tombant quasiment dans l’Ambient. Pourtant certaines pistes dénotent : le final de The Everlasting évoque un feeling épique typé Black Metal, et Our Wings are Burning apparaît comme très progressive dans l’approche, rappelant légèrement l’œuvre d’Opeth.

Pour autant, Virgin Black n’en a pas perdu sa personnalité, et la richesse sonore de leur précédent opus a été réutilisée au niveau du chant. En effet, on note un énorme travail sur la variété des voix utilisées au fil de l’album, que ce soit la voix de ténor toujours aussi flamboyante (Cult of Crucifixion) le retour de la voix Black Metal, certes plus discrète mais toujours aussi efficace (The Everlasting, Cult of Crucifixion, Beloved) ou encore la voix claire (Velvet Tongue). La richesse vocale de l’album se révèlant au fil des écoutes, l’auditeur attentif décellera des variations presque constantes sur presque toutes les pistes : voix de ténor, voix claire, voix Black Metal on l’a dit mais aussi murmures, gémissements, cris, spoken words, esquisse de growl (Renaissance, The Everlasting, Cult of Crucifixion, Beloved).

Au fil du temps, l’impression grandissante qu’on a affaire à un concept-album se mue en quasi-certitude : chaque titre s’imbrique parfaitement l’un dans l’autre, tout est parfaitement agencé comme si l’on écoutait non pas neufs pistes distinctes mais une seule composition monumentale. Pour étayer cette hypothèse, le passe en Italien « Ella mo fare rifare » qui clôt Renaissance trouve sa traduction littérale dans Our Wings are Burning : « All is lost but hope », véritable phrase-clef du disque.

De même l’intégralité des lyrics fait encore et toujours référence à la religion et au rapport avec Dieu. Néanmoins, il n’est pas tant question de foi que de désespoir face aux maux causés par la religion ; ainsi le renoncement, la résignation deviennent les nouveaux étendards de ce disque teinté de désespoir menant à la folie (« Madness endeavours to soothe me » répété inlassablement sur Cult of Crucifixion). The Everlasting s’impose à ce titre comme le gros morceau de l’album, dix-sept minutes d’un titre monolithique où la voix devient étouffée, comme celle d’un homme au bord du gouffre, plongé dans les affres d‘une souffrance infinie.

Ainsi, Virgin Black surprend encore en délivrant une nouvelle œuvre magistrale n’ayant que très peut de points communs avec son glorieux aîné. Elegant…and Dying rebutera une partie des fans de Sombre Romantic avec une approche beaucoup plus sombre et metalisée, pourtant réalisée de main de maître. Qu’on se le dise, l’heure n’est plus à la grandiloquence mais à la mort, mort que Virgin Black affrontera décidément… avec classe.

And the Kiss of God's Mouth part. I est en écoute sur le myspace du groupe.

A écouter : Oui, d�finitivement
18 / 20
2 commentaires (16.75/20).
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Sombre Romantic ( 2001 )

  Virgin Black débarquait quasiment de nulle part en cette année 2001, comptant seulement une démo et un EP à son actif. Si peu d’expérience, et pourtant le tour de force réalisé à l’époque avec Sombre Romantic laisse encore aujourd’hui pantois.

Des chœurs religieux, des paroles murmurées inintelligiblement, une atmosphère déjà délicieusement prenante… C’est ainsi que débute Sombre Romantic, titre on ne peut plus révélateur de ce qui va nous être proposé, ou plutôt, joué. Car cet album pourrait être vu comme une pièce de théâtre ou, mieux, un opéra en dix actes, dont l’intensité n’a d’égale que sa grandiloquence. En cela, parler d'opéra pour qualifier sa musique comme le fait le groupe lui sied à merveille : désespérément hypnotique, tragiquement envoûtante et, surtout, d’une richesse incroyable. Ainsi, musiques gothique et classique s’allient à un metal lourd qui oscille entre Death et Black Metal, le tout emmené par une voix de ténor d’une beauté à couper le soufle (Of Your Beauty et son "love is withered", Museum of Iscariot) évoquant une sorte de fantôme de l’opera brisé (référence à la couverture?), et parfois accompagnée d’une voix féminine typiquement Black Metal qui rappelle Cradle of Filth dans ses meilleurs jours (Drink the Midnight Hymn, Lamenting Kiss, I Sleep with the Emperor et son furieux "the pendulum sings, Twelve times it rings").

Le plus frappant avec cet album est la capacité du groupe à enchaîner des compositions très différentes les unes des autres au sein d’un ensemble d’une cohérence rare, une démarche qui n’est pas sans rappeler Dark Lunacy. Ainsi, les instrumentaux jumeaux Opera de Romanci I – Stare et II- Embrace captivent, Walk without Limbs et son langage inconnu (divin?) sur un beat electro fait figure d’ovni, Drink the Midnight Hymn et son feeling très Black Metal surprend, Weep for Me et ses soli typiquement Heavy Metal intrigue, Lamenting Kiss et ses psalmodies émeut, mais jamais l’auditeur ne se sent désorienté tant le groupe maîtrise son sujet et ne laisse rien au hasard. L’Anglais très soutenu des paroles est une autre preuve de la sophistication extrême d’une formation qui élève son œuvre au rang d’art complet.
Museum of Iscariot s’affirme par ailleurs comme la pièce maîtresse de ce Sombre Romantic, tant elle symbolise tout le savoir faire de la formation d’Adelaide : sur quasiment huit minutes, la voix de ténor devient murmurée, frôle le growl, frise le spoken word pour mieux redevenir virevoltante, les guitares Heavy Metal savent laisser la place à leur sœur sèche, et tout n’est que déchaînement symphonique d’une force qui touche directement au cœur.

La richesse de ce disque est également extramusicale, avec des paroles qui reviennent sans cesse sur l’histoire de Jésus Christ. Attention toutefois à ne pas cataloguer le groupe, il ne s’agit en aucun de Christian Rock puisque ce thème est toujours abordée de manière ambiguë. Parfois pure louanges (A Poet’s Tears of Porcelain), parfois sombre déclaration d’amour (Of your Beauty, Lamenting kiss), l’auditeur se retrouve également à la place de ceux qui perdent la foi (I Sleep with Emperor), et tout particulièrement sur Museum of Iscariot, véritable monologue introspectif d’un homme dont tous les repères s'effondrent lentement.

Il y aurait encore tant à dire sur un disque qui n’est ni plus ni moins qu’une œuvre d’art, mais les mots manquent pour la décrire de manière satisfaisante. Vous l’aurez compris, Sombre Romantic est un album rare, premier diamant avec lequel Virgin Black marquera profondément et définitivement de son empreinte la scène Metal internationale. Un coup de maître, ultime et intemporel.

Walk without Limbs est en écoute sur le myspace du groupe.

A écouter : A d�faut de pouvoir le vivre