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Biographie

Villagers Of Ioannina City

Villagers Of Ioannina City est un groupe qui nous vient de la ville d’Ioannina en Grèce. Il se compose d’Alex Karametis au chant et à la guitare, Akis Zois à la basse, Aris Giannopoulos à la batterie, Konstantis Pistiolis à la clarinette et Achilleas Radis au clavier. 

Le groupe pratique un Stoner Rock pour le moins original. Il marie en effet les rythmiques lourdes sans concession du Stoner avec de la musique folk traditionnelle grecque, notamment par le biais de la clarinette. Cela donne des compositions au psychédélisme étrange, bien loin des frontières habituelles de ce genre musical. Après une première démo en 2010, le groupe sort Riza en avril 2014, ainsi qu'un EP regroupant les deux titres Zvara et Karakolia. Le quintet prendra le temps nécessaire de peaufiner ce qui deviendra le deuxième et long album, Age of Aquarius, sorti en 2019 et intégralement chanté en anglais.

17 / 20
15 commentaires (17.8/20).
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Age Of Aquarius ( 2019 )

Encore aujourd’hui marqués au fer rouge par l’incroyable Riza de 2014, omni directement sorti des reliefs du nord ouest de la Grèce, de Villageois révélés en ces pages par le camarade Humtaba, on a aussi pu goûter la même année à deux morceaux inédits et tout aussi recommandables que sont Zvara et Karakolia. Pièces annonciatrices de ce qui allait devenir Age of Aquarius, deuxième album qui s’offre enfin à nos oreilles sans crier gare. Et à l’écoute du taf abattu on comprend qu’il ait fallu cinq ans au quintet pour bichonner l’objet, sachant qu’il n’est pas non plus avare en prestations scéniques, hautement qualitatives et scandaleusement cantonnées au territoire grec, pour l’instant.

Age of Aquarius vient en effet renforcer des penchants progressifs, tout en conservant ce qui fait la particularité principale de Villagers of Ioannina City, la clarinette, un poil moins centrale dans les compositions néanmoins, bien qu’indispensable. Les villageois sont comme l’eau et nous invitent délicatement à les rejoindre dans leur nouvelle odyssée psychédélique, par une doublette Welcome/Age of Aquarius ensorcelante, affichant une production et une voix augmentées, s’éloignant par là même des intentions grunge de Riza, sans pour autant perdre au change. Comme signifié plus haut la clarinette s’estompe elle aussi légèrement, au profit de subtilités rythmiques et mélodiques plus développées, préférant se fondre de manière horizontale au sein de l’excellence instrumentale ici déployée.

Le socle stoner/post-rock est toujours en place mais s’habille cette fois d’un écrin progressif délectable, comme en témoignent la basse rondelette et des guitares plus fascinantes et chiadées que jamais, tout en conservant l’esprit ritualiste/transcendantal qui faisait la magie de Riza. La clarinette se fait plus rare mais d’autant plus puissante, voire carrément orgasmique sur le resplendissant Dance of Night, suivi d’un Arrival transitionnel exécuté avec gourmandise par ses soins. L’instrument à vent se permet alors d’ouvrir le démentiel triptyque Father Sun/Millenium Blues/Cosmic Soul, périple herculéen où la batterie s’élève au-dessus des cieux afin d’administrer son groove ample, encouragée par une lourdeur saturée exponentielle. L’ascension est interrompue par des mouvements joliment coincés entre blues et reggae, où des chaleureux chœurs et un discret clavier viennent apporter leur pierre polie à ce glorieux édifice, taquinant avec fougue le Goatsnake deux point zéro. Une triplette qui se termine dans le velours progressif d’un duo basse/batterie cyclique, agrémenté de vocalises toujours plus envoûtantes et d’une six cordes qui ose même les solos, mesurés, intelligents. Seul "regret" qui n’en est finalement pas un vu ce qu’il envoie : le chant intégralement en anglais. Le langage du cœur l’emporte.

Le copieusement rock n’ roll et engagé For Innocent vient (pré)conclure un Age of Aquarius gavé d’audace et de sensations, dans la lignée d’un Riza déjà exceptionnel. La clarinette est certes plus en retrait, mais cela contribue de fait à magnifier l’ensemble, pour une écriture sans doute un peu moins spontanée mais plus élaborée, qui tire les Villagers of Ioannina City vers les sommets de l’Olympe.

Bandcamp of Aquarius.

A écouter : et à poncer.
16.5 / 20
9 commentaires (15.83/20).
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riza ( 2014 )

Il existe certains disques pour lesquels les premières secondes suffisent. Des découvertes qui égayent une journée, un mois, voire une année musicale. Les grecs derrière Villagers of Ioannina City sortent en 2014 leur tout premier album riza, et vous n’avez pas fini d’en entendre parler. 

Dès les premières secondes, disais-je. Après une courte introduction, Echoes brandit avec force la marque de fabrique du groupe. Tenter de réduire la musique pratiquée par Villagers of Ioannina City en une case est particulièrement difficile et réducteur tant ils se jouent des frontières et des a priori avec aisance. Disons toutefois que ce titre nous plonge dans un mélange de Stoner Rock teinté de Post-Rock le tout dans une veine Grunge notamment au niveau de la voix. Rien d’incroyable jusqu’à présent me diriez-vous, sauf que le meilleur est à venir, puisque la vraie particularité du groupe est de venir briser en mille morceaux nos acquis de mélomanes par l’utilisation de la musique folk traditionnelle grecque. Cette clarinette est véritablement centrale sur l’album et occupe la part belle sur presque chaque morceau. Sans être un effet gadget qui aurait pour unique but de faire original plutôt que de l’être réellement, elle donne tout son piment aux compositions du quintet. A certains moments, l’impression de retrouver la lourdeur du travail de Josh Homme avec Kyuss ou Queens of the Stone Age en featuring avec le Jazz fou et corrosif de Pharoah Sanders est tellement enivrante qu’elle est à peine croyable.

Du haut de son heure quinze de musique, riza reste passionnant de bout en bout. 
D’une richesse incroyable, muable et caméléon, le groupe émeut entre soli fragiles sur Perdikomata et l’utilisation de Field Recordings sur l’introduction Kalesma mais aussi au début de Chalasia. L’œuvre proposée est d’une minutie, d’un sens de la mélodie mais aussi du riffing comme j’ai rarement eu l’occasion d’écouter sur un premier album. 
Les guitares sont bien présentes sur riza et la puissance Stoner est même prédominante sur toute la durée de l’album. Des morceaux tels que Ti Kako et ses rugissements finaux ou encore St. Triad et sa conclusion tout en accélération accompagnée de cette fameuse clarinette malicieuse ne me contrediront pas. 
Impossible de rester indifférent face au chant d’Alex Karametis qui allie avec une grâce inédite puissance grunge à la Soundgarden ou Alice In Chains et rituels incantatoires tout bonnement inclassables. Toujours chantées en grec, c’est à partir de ce jonglage ambitieux que les compositions s’envolent au gré des vents d’une liberté saisissante. 
La construction de l’album est assez inhabituelle. Dispersés d’un bout à l’autre de l’album, de nombreux morceaux dépassent allègrement les huit minutes tandis que le reste oscille entre 3 et 6 minutes.  Ici la notion de « ventre mou » souvent décriée dans ce genre d’albums ambitieux n’est absolument pas au rendez-vous. C’est même tout l’inverse qui se produit puisque c’est au cœur du voyage que la tension atteint son apogée avec des titres comme Krasi, Ti Kako ou Perdikomata. Véritables points culminants de la démonstration, ces trois titres cumulent vingt-cinq minutes à eux-seuls et démontrent avec une classe absolue l’étendue pharaonique d’un génie créatif épatant. 

riza est une odyssée moderne où plane l’odeur sauvage et archaïque des côtes méditerranéennes. Au gré d’une promenade épique, Villagers of Ioannina City laisse une traînée salée sur nos pigmentations trop peu souvent malmenées de la sorte. Des découvertes de cet acabit ne se font pas tous les jours, passer à côté serait un crime de lèse-majesté.


NB : L'album est en téléchargement libre sur leur Bandcamp, raison de plus d'y succomber. 

A écouter : Avec attention.