Vile Creature
Sludge

Cast Of Static And Smoke
01. Water, Tinted Gold And Tainted Copper
02. Circuits, Bending And Breaking
03. Forest, Subsists As A Tomb
04. Sky, In Descending Pieces
Chronique
En musique il n’est pas illégitime de ne considérer que le produit fini, la manière dont il sonne, l’énergie ou les sentiments qu’il insuffle. C’est d’ailleurs assez logiquement par-là que tout commence. Mais si l’on s’intéresse un tant soit peu aux êtres qui en sont les géniteurs, à leurs histoires et aux messages qu’ils portent, alors Vile Creature sort du lot et attire l’attention dans un milieu qui frôle parfois la surproduction. Même s’il ne faut pas être dupe et qu’il n’est pas à exclure que cela résulte d’une certaine forme de marketing, il n’en demeure pas moins remarquable qu’un label présente un groupe de Doom en les qualifiant de « weird queer kids ». La référence aux orientations sexuelles du duo peut, de prime abord, surprendre car elle est du ressort de la sphère intime mais elle s’explique par le relatif militantisme des deux protagonistes. Leur premier album A Steady Descent Into The Soil dénonçait ainsi les violences subies par les queers et les transgenres.
Les quatre morceaux qui composent Cast of Static and Smoke sont le support d’une histoire, une fable dystopique se situant dans un futur post-apocalypse nucléaire. Par un concours de circonstances, cinq machines se retrouvent libérées du bridage qui entravait leur libre arbitre. Commence alors une fuite marquée d’abord par une soif d’autonomie puis bientôt par les doutes et enfin la peur face à l’étendue de cette liberté si subitement acquise. Cet univers peuplé d’une nature animiste et revancharde après des siècles d’oppression humaine n’est pas sans rappeler les fresques dépeintes par Alex CF.
Si aucun des titres de Cast of Static and Smoke ne descend en dessous des 9 minutes, la combinaison guitare / batterie engendre une approche très brute, très directe. Doom oblige, Vile Creature produit un son lourd, massif et lent, aucune révélation ici. Plus marquée sur les deux premiers morceaux, se dégage du LP une certaine approche Noise / DIY peu courante dans le Doom. La présence de Larsen n’y est sans doute pas pour rien. Ne disposant que d’une guitare pour habiller la section rythmique, le duo réussit néanmoins à apporter du contraste dans ses productions, aidé en cela par deux featurings. Sur Water Tinted Gold and Tainted Copper, Chris Colohan (Cursed, Burning Love, Sect) vient ainsi renforcer la diversité du chant - déjà partagé entre Vic la batteuse et KW le guitariste - et apporter un surcroît de dynamisme tandis que James Claypool (False, Deathwish) donne, avec sa guitare, une dimension épique à l’exigent Forests Subsists as a Tomb.
La plupart du temps très séduisant, le Doom de Vile Creature semble parfois se retrouver confrontée aux limites de la combinaison guitare / batterie. La seconde partie de Cast of Static and Smoke donne ainsi par moment l’impression de s’enfermer dans des passages répétitifs un peu longs mais desquels les canadiens finissent heureusement toujours à s’extraire par le haut. Atypique et frais, ce second LP mérite que l’on se penche dessus.