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Biographie

Vildhjarta

Vildhjarta se forme en 2005 à Hudiksvall en Suède grâce à Daniel Bergström (Guitare), Jimmie Åkerström (Guitare) et Johan Nyberg (Basse) qui commencent à composer et faire paraître quelques brèves démos sur le net. Le groupe fait rapidement parler de lui pour son nette influence avec le style de Meshuggah et le succès grandissant de groupes comme Periphery, Tesseract ou Animals As Leaders. Vildhjarta passe aussi à la vitesse supérieure en regroupant d'autres musiciens avec Daniel Ädel (Chant), Robert Luciani (Chant), Calle Thomer (Guitare) et David Lindkvist (Batterie) qui apportent leurs idées et permettent aux groupes de s'éloigner de ses influences. Ainsi, un premier single Omnislash paraît en 2009 et fait beaucoup de bruit sur la toile. Mais c'est véritablement en 2010 que l'aventure prend un nouveau virage en participant à l'Euroblast 2010, jouant aux côtés de MonumentsAliases, Eryn Non Dae et Uneven Structure et en annonçant aussi se consacrer à l'écriture du premier album. En 2011 Vilhelm Bladin remplace Robert Luciani et Vildhjarta signe chez Century Media Records pour sortir Måsstaden à la fin de l'année.

17 / 20
2 commentaires (16/20).
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Måsstaden Under Vatten ( 2021 )

Vildhjarta, c’est la formation suédoise mère d’un micro-genre : “Le Thall!” (prononciation suédoise de Thrall, le personnage de l’univers Warcraft). Ce mot, utilisé au départ comme une blague par les fans et le groupe lui-même, fait partie depuis quelques années du vocabulaire décrivant la musique du groupe : un Metal Progressif tendance Djent, puissant, sombre et violent.

Dès 2011, avec son premier album måsstaden, Vildhjarta pose les bases de son univers torturé. Cette galette est très bien reçue par le public et elle propulse le groupe dans les incontournables du genre. L’album est suivi d’un EP, Thousands of Evil (2013), lui aussi très apprécié à l’époque. C’est finalement en 2021, soit 10 années plus tard (attente entrecoupée par de nombreux teasers cryptiques sur leur chaîne YouTube et quelques sorties dans leurs sides projects : Humanity's Last Breath et stoort neer), que la suite tant attendue nous arrive dans les oreilles avec måsstaden under vatten (littéralement : La Cité des Mouettes Sous L’Eau).

La musique de Vildhjarta est avant tout une excursion dans une nature déviante et dérangée. Servie par une production moderne et travaillée, la lourdeur vous plonge dans une forêt malsaine et obscure. Seules quelques leads planantes et aériennes illuminent la masse que vous êtes en train de traverser. Ces contrastes forts entre polyrythmies lourdes et saccadées et mélodies plus éthérées sont la base très caractéristique du son de Vildhjarta. Dans cet opus, les parties plus mélodiques sont amenées par des leads de guitare pleine de reverb’ (brännmärkt, penny royal poison) et à quelques occasions par du chant clair en choeur (när de du älskar kommer tillbaka från de döda, paaradisio). Pour appuyer cette sensation de puissance et de lourdeur, le spectre sonore oscille entre vrombissement grave et déchirement aigu dissonant : pas de répit pour les oreilles. Les répétitions de certaines leads tout au long de l’album (particulièment le trio lavender haze, den helinge ander et vagabond ou encore le duo passage noir et masstaden nationalsang) constituent des bribes de fil rouge permettant à l’auditeur attentif de retrouver pour quelques instants ses repères. Certaines transitions particulièrement travaillées, par exemple celle entre brannmarkt et den helinge anden, évoquent un changement de biome, où l’auditeur s’enfonce dans les bas fonds de cette création perverse.

L’apparente décrépitude du monde dans lequel évolue la musique est illustrée par une alternance de tempos mid ou lent donnant une impression d’agonie (heartsmear). De la même manière, dans le titre detta drömmars sköte en slöja till ormars näste, on retrouve la description d’une cité et d’une ancienne civilisation glorieuse ayant sombré dans la perversion et le malheur. La notion de civilisation maudite est présente tout au long de l’album. Cette dernière a des rituels et un hymne grâce au titre måsstadens nationalsang (littéralement : L’Hymne de la Cité des Mouettes). Les membres sont nommés des “frères” (“bröder”) et des appels à l’union sont criés à l’ouverture des titres den helige anden - under vatten ou encore paaradisio. Les paroles sont elles aussi dans la continuité du récit et décrivent la folie et l’obscurité (när de du älskar kommer tillbaka från de döda), ou encore l'emprisonnement et la volonté de se libérer (vagabond). Le suédois crié (dans les aigus ou de façon plus gutturale) ajoute à l’aspect mystique et presque ritualiste de l’ensemble.

A l’écoute, la cohérence de ce måsstaden under vatten est assez incroyable. Via sa musique, Vildhjarta donne vie à une multitude de biomes tous plus malfaisants les uns que les autres, dans lesquels le peu de clarté visible est aussi putride que le reste. L’auditeur passe de l’un à l’autre grâce à des transitions travaillées et à des indices qu’il récupère au fur et à mesure des écoutes. Le sens du détail des suédois ne se limite pas au son : en effet, le disque est livré avec un panel d'illustrations magnifiques (une par chanson) qui permettent de matérialiser les sons tout au long de l’écoute.

La longueur du disque, 1h20, pourra probablement rebuter auditeurs et auditrices. Cependant, pour moi, cette expérience contribue à la continuité du lore : un voyage cauchemardesque et épuisant dans la cité (sous l’eau) des mouettes.

A écouter : kaos2, passage noir, peny royal poison, paaradisio
17 / 20
11 commentaires (17.09/20).
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Måsstaden ( 2011 )

Tueurs. Voilà le premier qualificatif qui vient à l'esprit lors de la troisième écoute de ce premier album d'un groupe sur lequel il va falloir désormais compter. Pourquoi la troisième écoute ? Hé bien c'est très simple, à la première on est soufflé par une musique fracassante, ça rentre par l'oreille gauche, et ça ressort directement par la droite en appuyant très très fort sur nos petites cellules grises. "Bigre cette galette m'a fait trembler mais je ne sais pas pourquoi". A la deuxième écoute on sent bien le travail de sape neuronal amorcé par la première écoute et on commence à comprendre que cet album est fort, techniquement impressionnant et groovy à mourir. A cet instant la troisième écoute est nécessaire, juste pour être sûr, juste parce que vous commencez à apprécier cet album de haute voltige musicale, juste parce qu'il n'est mine de rien pas très facile à aborder. Et une fois cette session terminée vous aurez besoin d'un petit remontant, je vous conseille la méditation sur un canapé, faire le point sur votre vie car vous venez d'écouter un album de djent monstrueux, vous vous sentez bien, et maintenant vous savez pourquoi...

Nous sommes en 2012, et les enfants de Meshuggah sont de plus en plus nombreux (Tesseract, Textures, Monuments, récemment Uneven Structure et bien d'autres) et de tous horizons (Grande Bretagne, Pays Bas et même France), mais c'est de Suède que nous viennent les sept membres de Vildhjarta, en dignes successeurs de leur principale inspiration qu'est Meshuggah. Mais trop comparer Vildhjarta à Meshuggah serait trop facile.
C'est pourtant ce qui s'en rapproche le plus au niveau des sections rythmiques et des breaks mélodiques, pourtant par bien des aspects ils vont plus loin et sortent un peu des sentiers battus en s'appropriant un djent à fort caractère, pointu et totalement maîtrisé, flirtant parfois avec du death ou du doom, toujours varié et développant au fur et à mesure des ambiances où folie et atmosphère oppressante se dégagent (Shadow, Dagger, All These Feelings), toujours au profit de conclusions musicales absolument géniales.
Du génie au service de la folie, ou l'inverse, on ne saura peut être jamais.
Masstaden (Seagull city, ville mouette en français) est un album monolithique, qui s'écoute d'une traite ou rien du tout. D'ailleurs vous serez surpris la première fois où l'album se termine, c'est tellement bien structuré que vous aurez l'impression d'avoir écouté une seule et unique piste. Malgré tout, comme dit précédemment, il sera difficile de vous l'approprier, ça reste du djent, qui dit djent dit structures alambiquées (Eternal Golden Monk, Traces), riffs dissonants, couches de guitares réverb et groove épileptique (When No One Walks With You) au service d'une musique atypique, très très loin d'un album de heavy métal... par exemple.

Premier album pour cette toute jeune formation, pourtant on a l'impression d'écouter un album de vétérans du genre tant c'est génialement orchestré, mais bordel comment font ils pour avoir un son aussi terrible (Phobon Nika, Dagger, Ostpeppar, All these feelings) ? C'est à la limite de l’incompréhension par moments, certes ils sont trois guitaristes mais tout de même c'est quasiment impossible à décrire, c'est... c'est... couillu et frais ! Trop d'adjectifs correspondent à ce mur de son hallucinant : abrupt, lancinant, électrique, oppressant, dément, hypnotique, éthéré, inquiétant, sans concessions, on en perd son latin... Comme on perd ses dents sur All These Feelings avec sa déferlante de technique où les riffs seront tout aussi... onctueux que syncopés. Quand je vous disais que j'en perdais mon latin... c'est tout simplement le titre le plus imbitable de l'album. Grandiose, volumineux, saccadé, mais incompréhensible.

Élément non essentiel sur Masstaden, le chant est là pour raconter une histoire, pour ponctuer la folie créative, jamais pour noyer la musique sous une cascade de growls qui seraient mal venus. Pourtant cette section "chantée" est très originale : un growler et un screamer, deux chanteurs différents mais complémentaires (Deceit, The Lone Stranger) mélangeant à la perfection leurs timbres de voix.
C'est bien là le second effet kiss cool de l'album, cette faculté qu'ont les suédois à nous faire voyager dans leur monde étrange, en ce qui concerne la musique vous le remarquerez bien assez vite. Côté paroles, Masstaden nous plonge à la manière d'un conte ou d'une fable dans une ville isolée et cachée du monde, évoluant autour d'un personnage principal et de son antagoniste, avec, fable oblige, tout ce qu'il faut pour mettre en avant faiblesses et folies chez les hommes.
Créatures étranges, mondes oubliés, forêt inquiétante (pochette magnifique de l'album) et personnages à mi chemin entre Alice et Tolkien, voilà ce que nous dépeignent les paroles de ce Masstaden, tout ce qu'il faut de dosage parfait pour accoucher au final d'un album sombre, désespéré, entrecoupé de moments de pure beauté (Ostpeppar, Traces, Phobon Nika) en dehors du temps... Magique.

Au final, ce Masstaden est une valeur plus que sûre, un album concept fait avec les tripes, possédant une vraie âme, un très bon moment à passer pour ceux que le djent ne rebute pas.
Pas de refrain, pas de couplet, mais de l'expérimentation à en devenir fou, un métal progressif extrêmement technique (presque aussi technique que Meshuggah), des ambiances magnifiques et brèves qui laisseront votre esprit dériver et flotter pour mieux vous jeter violemment dans la noirceur la plus pure quelques instants plus tard. Jouissif.

Vildhjarta veut dire en suédois "Wild Heart", ce terme correspond plus précisément à une édition suédoise du célèbre jeu de rôle "Dungeons & Dragons".

Leur premier clip est visible ici.
Et leur deuxième ici. (Attention c'est bizarre)

A écouter : Dans le noir. Dans une forêt de préférence.