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Biographie

Victims

Formation crust suédoise, Victims se constitue en 1997 dans la banlieue de Stockolm autour de Marcus (guitare), Johan Eriksson (chant), Andy Henriksson (batterie) et Andy Söderström (basse). Dès 1999, le groupe enregistre un premier 7 pouces intitulé Harder Than it Was Meant to Be ainsi qu'un split en compagnie de Acursed chez Yellowdogs Records (Pisschrist, Backstabbers Inc.).

2001 est une année chargée. Victims effectue une tournée au Royaume-Uni et sort également son premier album, Neverendinglasting. La formation enchaîne sur le Stormbreaker Tour et commence à travailler sur un split avec les ricains de From Ashes Rise. Les suédois sont également sollicités pour participer à un tribute à Discharge, aux côtés de Skitsystem et de Nasum entre autres. Pour l'occasion, ils fournissent une cover du titre "Doomsday". Tout semble alors bien rouler pour Victims qui, cependant, doit faire face au départ de Marcus vers le mois de novembre.
Il faut attendre février 2002 pour que Johan Eriksson et ses acolytes lui trouvent un remplaçant en la personne de Jon Lindqvist. Guitariste de Sayyadina et de Acursed, ce dernier intègrera également le combo grind culte Nasum à partir de 2003, et ce, jusqu'au split final.

En 2003, Victims fait ses premiers émules aux Etats-Unis. Le label DeadAlive Records réédite l'album Neverendinglasting et Havoc Records sort enfin le split avec From Ashes Rise qui dormait dans les cartons depuis deux ans. Satisfait des résultats le label de Minneapolis signe un deal avec les suédois. En 2004, Victims retrouve les chemins du studio Soundlab. De ces sessions sort le second album intitulé ...In Blood. Le groupe se lance alors dans une tournée américaine de trois semaines durant laquelle Lindqvist se fracture la hanche, l'obligeant à évoluer sur des béquilles et à jouer en chaise roulante.
Dès lors, la formation ne cesse de faire des allers-retours entre les States et le Vieux Continent. En 2005, Victims se lance dans une tournée européenne avant d'entrer en studio pour l'enregistrement de son troisième full length. Divide&Conquer voit le jour en avril 2006 après une mini-tournée anglaise puis le groupe repart aux States pour un périple d'un mois.

En décembre de la même année, Andy Söderström tire sa révérence pour des raisons personnelles. C'est désormais Johan Eriksson qui cumule les fonctions de bassiste et de chanteur. Le départ de Söderström marque une véritable césure dans la trajectoire de la formation. Killer en 2008 puis l'EP Lies, Lies, Lies l'année suivante se distinguent par l'incorporation très marquée d'influences Hard Rock. A dissident sorti en 2011 et produit par Nico Elgstrand d'Entombed entérine définitivement cette évolution. Il est suivi, cinq ans plus tard par Sirens.

13.5 / 20
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Sirens ( 2016 )

Le poids du passé
Animés par une rage contestataire, Crust et D-Beat sont les bandes-son idéales des barricades et donnent à l’auditeur l’impression d’être assailli sous une pluie continue de pavés. Depuis le départ du bassiste Andy Söderström en 2006, Victims s’est progressivement mis en retrait des violents combats de la ligne de front.
Ce relatif assagissement de la formation suédoise se retrouve en particulier dans le chant de Johan Eriksson. S’il demeure hurlé, la rage bouillonnante qui l’habitait n’est plus. Distancié et empreint d’une colère froide, il semble désormais plus être celui de l’observateur désabusé que celui de l’acteur combatif. Mais, comme dit le fameux dicton, il faut se méfier de l’activiste qui dort : le temps d’un Seven ultra-rapide, les vétérans nous démontrent qu’ils sont toujours d’attaque pour repartir au combat.
Les paroles de Sirens sont également là pour nous rappeler que les mots sont des armes redoutablement efficaces et souvent la flamme qui embrase le cocktail Molotov. Naviguant entre espoir combatif (Promises) et noirceur absolue (Ashes) les textes font preuve d’une grande subtilité dans leur engagement politique. Les cibles ne sont ainsi jamais directement désignées, laissant l’auditeur faire lui-même une partie du chemin. Walls, qui aborde le repli sur soi derrière de supposés murs protecteurs, entre ainsi furieusement en résonance avec l’actualité sans jamais que l’on sache qui est visé.

Bis repetita placent ?

Cette nostalgie des débuts systématiquement évoquée par les amateurs de la première heure au moment de toute nouvelle sortie des Suédois rentre en collision frontale avec les impressions ressenties lors des premières écoutes de Sirens. Malgré les cinq années qui se sont écoulées depuis A Dissident, la sensation de « déjà entendu » est en effet celle qui prédomine, jusqu’à perturber notre capacité de jugement. Or, si le sentiment de répétition altère « l’expérience auditive », il ne dit en revanche rien de la qualité d’un album, s’en détacher est ainsi essentiel.
Le Hardcore en général et ses sous-genres comme le Crust et le D-Beat n’offrent pas les terrains de jeu les plus propices à l’expérimentation. Les règles et contraintes y sont multiples et l’apparente absence de difficultés techniques est un pousse-au-crime pour les formations désertées par le talent. A contre-courant de l’image rustre et basique que ces scènes véhiculent, les évolutions se faisant souvent à dose homéopathique, l’appréciation de la valeur d’un disque nécessite que l’on s’y plonge totalement. Ainsi, à force d’écoutes méticuleuses, les influences Punk (Promises) émergent, là où A Dissident incorporait jusque dans son iconographie une image plus Métal.

Et alors ?
On l’aura donc compris, Victims pêche un peu par manque de prise de risque et, au vu de l’attente, on était en droit d’espérer une évolution plus tranchée. Cependant, pour peu que l’on ait donc fait le deuil du « c’était mieux avant » et qu’on laisse au syndrome de Stockholm le temps d’agir, cet album se révèle au travers de compositions de qualité et variées et en un rien de temps on se retrouve avec un solo ou un slogan durablement imprégné dans la tête. Never give up!

A écouter : Errors, Seven, Storm, Ashes
15 / 20
1 commentaire (14/20).
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A Dissident ( 2011 )

Un nouvel album de Victims, c'est un peu désormais la routine et la différence qui fera de celui-ci un bon cru ou une piquette n'est pas énorme. Sans contestation, A Dissident fait clairement partie de la première catégorie. Trois années après un décevant Killer, suivi de la signature sur la grosse machine qu'est devenue Deathwish, tout cela n'incitait pas à l'optimisme malgré un split 7" avec Kylesa d'assez bonne facture.
Mais, après un début quelconque, "In Control" sonne la révolte des suédois. Un mid tempo puissant, furieux et catchy dans la tradition du quatuor et la camionnette se lance à toute berzingue sur les routes. Avec l'aide de Linus Wikelund et de Nicko d'Entombed, Victims est devenue une grosse bombarde motorheadienne semblant avoir retrouvé le coup pour les tournures incisives et massives qui ont autre chose à apporter que du cambouis. Comme nos anglais favoris, A Dissident c'est aussi un feeling rock n' roll assez particulier qui occupe le sillon jusqu'à la fin, entre des tournures mélodiques presque bluesy que ne renierait pas Thin Lizzy ou des variantes plus modernes ("Lifetaker", "Nowhere in Time"), signe que Victims a enfin remis la main sur la bonne formule de torréfaction des riffs. Et s'il y en avait encore pour douter, faites donc un petit tour par "Broken Bones", incendiaire comme aux premiers jours. Un très bon millésime qui nous réconciliera avec nos bûcherons du Grand Nord.


A écouter : Lifetaker, Broken Bones

Killer ( 2008 )

Certes, les deux morceaux balancés en avant-première de Killer, dernier album de Victims, n'annonçaient pas grand chose de neuf. On ne surprendra, donc, personne en disant que les suédois sont finalement là où on les attendait. Gras et pouilleux comme des peignes.

Pourtant, à y regarder de plus près, on sent véritablement que certains efforts ont été mis en oeuvre pour éviter la redite, ce qui n'était pas une mince affaire. A côté des salves kang classiques, le (désormais) trio privilégie cette fois une tournure plus rock n' roll, proche en celà des formations raw punk classiques comme Totalitar, Kvoteringen ou les premiers sevens de Discharge. Enchaînement d'accords très brefs, propulsés par une rythmique d-beat traditionnelle Victims bien évidemment joue la sécurité, confiant dans sa force de frappe qui, il convient de l'avouer, est l'une des plus efficientes de toute la Scandinavie. Au rayon crédit le chant de Johan qui, même toujours très en verve dans son registre de goret, laisse davantage de place à des choeurs plus clairs, plus chatoyants aussi, qui s'intègrent assez bien à l'ensemble.
Pas mauvais, bien construit, Killer ne possède toutefois pas l'étincelle et la dynamique de ...In Blood ou Divide & Conquer. Sans mid tempo aussi ravageur que "This is the End" ou "Gates of Fear", l'album s'écoule machinalement, dépourvu d'élément rassembleur, de point d'orgue auquel se raccrocher. A peine le temps de se retourner que les seize morceaux sont engouffrés, digérés sans le moindre ennui gastrique. Entrés par une oreille, sortis par l'autre.

Efficace et inspiré jusque-là, Victims marque cette fois le pas avec un album trop impersonnel, trop peu inspiré pour qu'on puisse s'éterniser dessus. Que çà ne vous empêche pas toutefois d'aller prendre une décharge s'ils passent pas loin de chez vous.

1. "Victims in Blood #5"; 2. "Fade Away"; 3. How Could I Lie?; 4."No Reason"; 5. "Try?"; 6. "Killing"; 7. "We´re Fucked"; 8."Destroy and Rebuild"; 9. "The Burning Fire"; 10. "Ett Svart år"; 11. "For a Second"; 12. "Holy Shit"; 13. "Breaking Out"; 14. "Another Me"; 15."Bomben Har Fallit"; 16. "Silence of the Night".

A écouter : Victims in Blood n�5, Fade Away
16 / 20
1 commentaire (17/20).
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Neverendinglasting ( 2001 )

Entre le hardcore d-beat et la Suède, c'est une histoire d'amour qui dure maintenant depuis plus de vingt ans. Née dans le sillage de la vague anglaise à la fin des années 70 elle a su, grâce à ses pionniers Anti Cimex, Moderat Likvidation, Mob 47, Black Uniforms tout d'abord, établir des fondations solides sur lesquelles ont pu prendre pied formations de seconde (Driller Killer, Wolfpack, Totalitar) et troisième génération (Skitsystem, Martyrdod, Kvoteringen) faisant d'elle l'une des plus prolifiques au monde. 

Apparue en 1997 au détour de Harder Than it Was Mean to Be, ep qui allait fortement marquer ses contemporains, Victims n'est peut-être pas la formation la plus talentueuse de cette scène. Mais elle est en tout cas la plus représentative de sa richesse, celle qui aura finalement permis d'y redonner un sérieux coup de fouet.
Lorsque sort Neverendinglasting en 2001, la scène crust/d-beat est en totale mutation. Toutefois, si la tendance générale est plutôt au raffinement avec l'émergence de formations telles que From Ashes Rise, Ekkaia ou même Tragedy, il en va autrement dans les contrées scandinaves. En effet, comme dans beaucoup de domaines, il y a les orfèvres et les tâcherons, les sculpteurs sur bois et les bûcherons. Victims appartient définitivement à cette deuxième catégorie et encore la plus rustique. En effet, alors que bon nombre de ses congénères lorgnent vers le death sauce Entombed, les pensionnaires de Stockholm, dès le début souhaitent se réancrer dans la tradition des seventies.
Plutôt adeptes de la tronçonneuse que du ciseau à bois, les suédois ne s'embarassent donc pas de fioritures nous balançant en pleine face un son des plus bruts, fruit d'une adolescence passée à écouter en boucle Why de Discharge et Overkill de Motörhead, ce qui devrait suffire à cerner la musicalité de Neverendinglasting. Du premier au dernier morceau rugit une véritable déferlante où, du chant en rupture de Johan Eriksson à la section rythmique surpuissante, tous les compteurs sont au rouge. L'attaque est frontale, on plisse les yeux, on serre les fesses, on s'accroche aux branches mais, quitte à y laisser quelques plumes, on encaisse avec plaisir cette vague de brutalité authentique, cette manifestation primaire à très haute température qui conserve la même urgence et ce, même lorsque Victims lorgne avec talent vers le metal et le rock n' roll ("Gates of Fear") histoire de démontrer, finalement, que tout n'est que variation d'intensité et de vitesse.

Grâce à cet album, mais aussi grâce à d'incessantes tournées, Victims allait s'ouvrir un horizon beaucoup plus vaste que celui auquel il prétendait au départ. Sorti dans un premier temps sur le label allemand Yellow Dog Records, Neverendinglasting devait être réédité deux ans plus tard aux USA chez DeadAlive Records, exposition qui allait permettre aux suédois de signer un deal avec l'institution crust de Minneapolis, Havoc Records.

A écouter : D'une traite