Veuve SS
Hardcore Punk

Viscères E.P.
Chronique
Buttés à la benzédrine ou au crack, faute de subutex disponible en pharmacie, les épaves qui servaient de carcasse aux morts vivants de la Goutte d’or, jonchaient la rue Myrha, dans cette nuit oubliée du fond des années 90, quand je fus initié au vieux punk pour la première fois. Je me rappelle encore du vinyle bancal sur le tourne-disque et des dents des camés qui craquaient en arrière fond. Au dehors.
Veuve SS m’évoque cette époque révolue.
Son crade. Brute. Brutale. Vomi et vociférant. Quasi grindy dans l’entame. Irrévérencieux dans le maniement de l’aiguille et du diamant. Powerviolence dans la tension et le blaste ("Discipline"). Avec comme un air de Brume Retina ("Au fond") dans ces cris (dé)gueulés et mêlés aux larsens. Au début. La suite de la plongée dans les Viscères touche à l’obscur. A la part pourrie de l’homme. Alors, l’ombre de Celeste se déploie ("Cathédrales", "Viscères"). La thématique met un doigt dans la tombe. Le son suit. L’hardcore des lyonnais remplit son calice des eaux noueuses du black métal. L’onde devient saumâtre et méphitique ("Comme les vers", "Viscères").
Les textes parlent de frustration, de terreur morale. Et tout le propos libertaire et nihiliste est maculé de haine. Et avant tout de haine de soi. Mais au fond de la charogne qui agonise, dévorée par la putréfaction, il y a ce message dissimulé, prométhéen, qui parle de "l’envie de faire reculer le désert".
En écoute sur le bandcamp du groupe et en achat sur le site d'Echo Canyon.