En recevant le nouvel album de Venerea, on s'attendait à ce que ce One Louder s'inscrive dans la continuité des précédents: du punk mélodique à la sauce suédoise. Mais après un frénétique roulement de batterie qui déclenche la première chanson de l'opus, « Calling Card », les suédois nous balancent à grands coups de guitares survoltées la cuvée Venerea 2005. Exit les « na na na na na » et les « ska parts » de Shake Your Booty, le combo joue encore plus vite qu’auparavant, et ils se mettent à gueuler ! Vénère Venerea ? En tout cas, ils ne sont pas trompés en titrant l’opus One Louder… Du bruit ils ont décidé d’en faire !
La signature de Venerea sur le label suédois Bad Taste Records n’est probablement pas étranger à l’évolution musicale du groupe qui s’inscrit comme l’un des derniers remparts du punk mélodique typique suédois. No Fun At All et Adhesive ont pris leur retraire. Millencolin ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Venerea, eux, ont décidé d’entretenir la tradition aux côtés des Satanic Surfers. Certes, ils se sont quelque peu Américanisés, aussi bien au niveau musical (rappelant par moment Strike Anywhere ou Bigwig) que dans les textes. Sur leurs premières productions, les suédois privilégiaient la déconne dans leurs paroles. Aujourd’hui, la maturité aidant (le groupe existe tout de même depuis 14 ans), les textes sont plus contestataires à l’image des « Guantanamo » ou « Implosive ». La pochette illustre aussi ce changement avec ces trois fusées (clin d’œil au nom du groupe sur les fusées – torpilles américaines qui devaient être envoyés sur Venus) et les couleurs foncées.
Le chant prend une nouvelle dimension, Oskar a toujours cette voix atypique, mais on sent que depuis les dernières sorties de Venerea, il a travaillé sa voix. Elle est comment dire… moins nasillarde. Et plus rageuse. Les chœurs sont moins présents qu’auparavant mais toujours aussi efficaces sur les chansons plus mélodiques « St. Christopher », « Libertine » ou « Ten Years ». La production est de très bonne facture. On distingue parfaitement chacun des instruments. Les guitaristes, avides de technicité et de solos (celui sur la fin de « Rearview » est impressionnant !), donnent encore plus d’énergie à cet opus. Elles font penser à du Propagandhi comme sur la dernière chanson « This time around », l’une des meilleures de l’album. Et la batterie est à l’image du roulement de la première chanson : survitaminée. Les chansons ne dépassent guère souvent les trois minutes et ont un petit côté old school. Elles rappellent les heures de gloire du skatecore Made In Sweden, la touche punk hardcore en plus. Les suédois ont donc concilié les deux genres. Reprenant le flambeau délaissé par pas mal de groupes suédois et repris par les Canadiens (Belvedere, Choke…).
En tout cas, One Louder est surprenant. L’un des albums les plus aboutis de ce début d’année. Et qui nous prouve que la Suède possède toujours des groupes capables de produire des disques de skate-punk à l’ancienne. Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre que Venerea se rendent en France, où lors de leur tournée européenne avec Ten Foot Pole, ils n’avaient laissé que de très bonnes impressions scéniques. Les chansons du nouvel opus, encore plus énergique, ne devraient pas renverser la tendance !
A écouter : "Calling Card", "Throwing Bricks", "This time around"