Si Contraband était un disque de Hard Rock vite composé par les anciens Gunners avant que le line-up ne soit composé, Libertad a inclus Weiland et Kushner dans le processus de création et cela se ressent très clairement vu que le disque s'éloigne de leur premier effort en ratissant bien au delà des frontières du Hard Rock auxquels nous avait habitué le trio McKagan, Sorum et Slash.
Libertad commence sur le titre Rock n'Roll à souhait Let it Roll qui rend vraisemblablement hommage au Roadhouse Blues des Doors dont Weiland reprend le fameux « Let it Roll » l'espace d'un instant sur le même ton que Morrison. Après une petite mise en bouche très Rock on enchaîne avec She Mine et son rythme léger, Get Out The Door et son refrain fumiste au possible à la Prince où Weiland jongle avec habilité dans les graves et les aiguës. On notera le retour de la talkbox si chère à Slash, ce procédé qui permet de modifier la fréquence d'un son avec la bouche et ainsi d'appliquer un effet de chant sur une guitare. Le single She Builds Quick Machines prend le relais et est sans doute le titre le plus « Guns » de Libertad avec un riff Hard Rock rapide, un break tribal mettant en avant Sorum et surtout un solo comme seul Slash sait en faire. Weiland apporte une fois encore une énergie d'enfer sur au titre, énergie par ailleurs renforcée par les choeurs de McKagan et de Sorum. Entraînant à souhait.
Changement de registre avec The Last Fight après un excellent quart d'heure Rock n'Roll. Velvet Revolver lorgne ici du côté du Rock de la fin des années 1960, Beattles en tête. Comme pour contraster avec la précédente, la chanson suivante se rapproche des productions britanniques actuelles dans la lignée des Killers dans le chant et d'un bon Aerosmith dans la musique. On part ensuite du côté de David Bowie avec The American Man, titre mettant de nouveau Weiland sur le devant de la scène, avec notamment un break « zen » précédant un très bon solo et une bonne accélération du rythme pour un final bien bruyant. Dans le principe c'est simple, mais qu'est-ce que c'est efficace !
Velvet Revolver poursuit son tour d'horizon du Rock avec Mary Mary qui rappellera Johnny Was a Simulator sur le disque solo de Weiland de par l'effet mis sur le chant, ainsi que les dernières productions de Stone Temple Pilots. Pour la batterie, impossible de ne pas penser à ZZ Top, curieuse référence ici car on ne peut pas placer cette musique dans la lignée du groupe des célèbres barbus. Puis ultime chanson Hard Rock avec Just Sixteen où, comme souvent, Weiland fait la différence en gémissant de façon très nasale sur le pré-refrain avant de se lâcher sur le refrain, démontrant une bonne maîtrise de ses capacités vocales.
Petite reprise de Can't Get It Of My Head d'Electric Light Orchestra. Très fidèle à l'originale, le titre apporte une nouvelle touche rétro au disque après The Last Fight, mais quitte à mettre une reprise sur le disque on aurait peut-être préféré la reprise de Pyscho Killer des Talking Heads présente sur l'EP Melody And The Tyranny, plus pêchue.
La chanson For A Brother est dédiée au frère de Weiland, décédé récemment. On sent aisément une certaine émotion sur l'accalmie assurée par la basse et la batterie. On passe au Punk après avec Spay qui s'apparente également au Blues de par l'emploi d'un bottleneck, ce fameux tube donnant un certain rendu métallique lors des glissés. L'effet est intéressant et donne un son original pour la chanson.
Deux ballades viennent clore l'album, Gravedancer, et une chanson cachée qui sonne comme la Country de Johnny Cash, ce qui un déroute un peu aux premières écoutes, mais qui devient vite plaisante.
Parmi l'accumulation de bonnes choses on notera surtout la performance de Weiland au chant, véritable caméléon sachant s'adapter à tous les genres et varier son chant comme peu de chanteurs savent le faire. Il vous mettra en tête plus d'un refrain pour la journée. Les musiciens ne sont pas en reste non plus avec le toujours aussi efficace duo McKagan/Sorum que Slash vient parachever de sa patte personnelle sur ses soli.
Ainsi pour conclure Libertad est un album Rock n'Roll jusqu'à la moelle avec un trouzaine de références prises sur pas moins de quarante années de Rock. Avec ce nouveau disque Velvet Revolver s'éloigne du Hard Rock qui avait fait la renommée de ses musiciens pour taper dans un registre Rock bien plus large, faisant ressortir un savoir faire certain. Assurément la marque d'un grand groupe.
A écouter : Let It Roll, She Mine, Get Out The Door, She Builds Quick Machine, Just Sixteen, Spay...