Sans être foncièrement passéiste, il nous arrive parfois d'être en proie au doute lorsque l'on fait un rapide tour d'horizon sur le hardcore d'aujourd'hui. Non pas qu'il soit mauvais, loin de là, mais celui-ci a tellement connu d'évolution en vingt cinq ans qu'on oublie quelquefois ce qui nous attirait dans ce type de musique. Bref, comme en beaucoup de domaines, un retour aux sources est toujours salutaire. c'est en tout cas ce que tente de nous faire saisir Uppercut avec son quatrième album Tables Turned.
Même s'il a fallu quatre années aux néerlandais pour accoucher du successeur d'A Luta Continua, le résultat en valait vraiment la peine. N'ayant pour seule ambition que de nous faire revivre le plus sincèrement possible la rusticité des premiers âges, Uppercut a su s'approprier avec talent tous les éléments permettant de parvenir à ses fins. A commencer par la production, très roots, qui n'autorise aucune fioriture. Qu'importe, tout au long des treize morceaux, les néerlandais cherchent à faire la jonction entre la première vague hardcore straight-edge (Minor Threat, Scream, Faith...) dont l'influence est surtout tangible sur "Tables Turned", "Days Gone By" et "The Thought of You", et les groupes de la mouvance Youth Crew, Chain of Strength et Youth of Today ("All I Know", "This is Not The End"). Composés de riffs très courts, les morceaux s'enchaînent à grande vitesse imprimant un dynamisme et une énergie simple que l'on n'avait pas entendu depuis les défuntsDead Stop. Seuls les mid tempos "In Too Deep" et "Change My Pace" permettent de souffler quelque peu encore que le débit vocal et la voix légèrement nasillarde mais agressive de Michiel, au timbre brut caractéristique des chanteurs des 80's tels que John Brannon (Negative Approach) ou Ian MacKaye (Minor Threat), n'autorisent aucun assoupissement.
Old school, Uppercut l'est jusque dans l'artwork et notamment la cover qui renseigne immédiatement sur le style des zigotos sans avoir jeté une oreille sur le skeud. Celle-ci met en scène un amas de skinheads et de keupons, en proie à un pogo de tous les diables, rappelant les vieux flyers moisis des années 80 que les Cro Mags, Agnostic Front et consorts distribuaient pour annoncer leurs concerts.
Aussi simple soit-il, Tables Turned n'en est pas moins efficace et jouissif, présentant donc toutes les caractéristiques requises pour durer sur une platine. Après tout, c'est tout ce que l'on demande à un album.
A écouter : "Tables Turned", "What Comes First", "This is Not The End"