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Biographie
Unswabbed a vu le jour en 1996 autour de Seb au chant, Mathias à la basse, Bruno à la batterie, Philippe et Charles à la gratte. Une première démo In A Single Day est enregistrée en 1997 mais ne constitue encore qu'un embryon de ce que deviendra le groupe. Après une flopée de concerts aux côtés de Mass Hysteria, Silmarils ou encore Oneyed Jack, Unswabbed retourne en studio enregistrer un sept titres Trouver Le Calme très bien accueilli par le presse spécialisée qui sera rapidement suivi par le terrible Mort Fine sorti en 1999. Cinq ans plus tard, le groupe sort enfin son album éponyme qui plante les base d'une pratique séduisante et efficace de ce qu'on regroupe arbitrairement sous le terme de Néo Metal. Loin de s'arrêter en si bon chemin, Unswabbed ressort le couvert en 2006 avec un opus plus tranché nommé Instinct.
C'est l'humeur un peu nocturne que je me lance à l'assaut de ce nouvel effort des 5 lillois. Pourtant attendu je ne peux m'empêcher de douter... les ingrédients qui m'avaient séduit par le passé seront-ils réunis ? Et pire, parviendront-ils à me faire succomber à nouveau ? Nos tympans évoluent avec les années, tout comme la trame auditive mondiale, et Unswabbed est parvenu à se fixer à mes neurones pour encore quelques temps. Car que les adeptes se rassurent, Instinct est la preuve organiquement agressive que le groupe, que l'on peut considérer comme un vétéran et survivant de la scène néo métal française, est bien loin d'avoir déposer les armes. Ils les portent même encore avec une énergie et une présence sur laquelle ils ont construient leur identité si particulière.
Unswabbed a réveillé son fameux instinct et s'impose d'une façon rageusement primitive, le tout avec une production qui donne toute sa dynamique à l'album. Les mélodies entraînantes se sont effacées pour laisser libre court à un son massif et brutal. On ne se pose guère de questions face à l'efficacité désarmante des compositions et le piège sonore qui nous est tendu n'attendra pas les dernières secondes de l'album pour se refermer. La Chute, Comme Un Autre ou encore Sur La Brèche s'annoncent comme des échantillons d'une certaine démonstration de force. Riffs incisifs, chant musclé alourdi par une acidité nouvelle, rythmiques virulentes qui ne rechigne pas à flirter avec la double pédale... Unswabbed se montre sous un jour plus sombre et hargneu que seule une basse, groovy à souhait, parviendra à éclairer. Passé ces murs abrupts se cachent des morceaux moins classiques dans la construction mais n'épargnant pas pour autant nos servicales. Seul résume avec brio cette agression contrebalancée par un refrain charmeur et aérien. La progression entre tension et légèreté se fait sans heurts et avec une fluidité remarquable.
Car oui, évidemment, le groupe n'a pas renié en bloc son attirance pour les mélodies obsèdantes et accessibles. Instinct se révèle une véritable encyclopédie en la matière. Jusqu'à l'Aube ou Rien à Perdre viennent emmènager de manière permanente dans un coin du cerveau, la multiplication des artifices accrocheurs sur les refrains les rendant affreusement irrésistibles. Mais là encore,Unswabbed s'offre le luxe d'approfondir la démarche en plantant des décors aux allures plus que spacieuses. Difficile de définir autrement des compositions comme Devenir Personne ou Un Monde Parfait tant l'instrumentation entraîne l'auditeur vers des altitudes jusqu'à maintenant inaccessible pour le groupe. La conclusion instrumentale de l'album confirme encore cette idée d'un potentiel inexploité en terme d'arrangements et de personnalité.
Il est difficile de dresser un bilan clair de ce nouvel opus. Finalement, Unswabbed a poussé plus loin son exploration auditive sans vraiment prendre de risque. Les conquis par leur premier album (j'en fais parti) le seront instinctivement à nouveau. Le groupe n'aveugle pas par l'originalité de sa recette mais y incorpore une curieuse épice qui les emmène à des lieux des productions insipides dont souffrent quotidiennement nos tympans. Pour les plus rapides, il faut signaler la présence dans la première édition d'Instinct d'un DVD qui n'a rien de gadget (la qualité est au rendez-vous) réunissant reportage en studio, vidéos lives et le clip de Jusqu'à l'Aube... de quoi satisfaire les plus récalcitrants. Même si ses atouts continuent à suffir pour convaincre, on espère simplement que le prochain effort se révèlera plus audacieux sans quoi, le groupe risque de s'enfermer dans une cage dont il sera diffcile de s'évader.
A écouter : Jusqu'à l'Aube, Seul, La Chute, Un Monde Parfait...
Enfin … Le seul mot qui me viennent à l’esprit à la vue de l’objet tant convoité. Avec Mort fine, le groupe était apparu plus que prometteur et l’impatience fut aliénante pendant ces 5 longues années. Maintenant l’effort est entre nos mains et c’est presque avec une certaine appréhension que je le loge dans mes tympans … appréhension qui apparaît immédiatement infondée. L’album d’Unswabbed est un massacre. On pourrait s’en tenir à cette phrase et courir se procurer l’album ou admirer cette réussite en live mais cela resterait nettement insuffisant tant leur musique s’enfouie profondément dans le cérébral dés la première écoute. Imparable est chaque morceau, les maladresses se font cruellement rare … comment peut-on être aussi efficace sans perdre en identité ? La question reste en suspens et la réponse importe finalement peu. Le groupe est arrivé à maturité et s’impose avec force dans le paysage musical français, vu leur talent on est forcé de les accueillir à bras ouverts. Je ne pensais pas que ce style de musique pouvait être autant chargé en émotions et sincérité. Unswabbed n’a rien d’une révolution musicale et pourtant ils ont réussi à préserver leur âme, la garder intacte. Dans la recherche de repères on les rapprochera de Korn, Deftones ou Out (pas forcément si étonnant sachant que l’album est produit par Xtof et J Wolf), mais le groupe se démarque : on peut songer à leurs influences mais pas les y associer … c’est ce qui fait toute leur force. Les nouveaux meneurs d’une scène néo-frenchie en manque d’inspiration ? Ils en ont les moyens et on ne peut que le souhaiter. Sensibilité et hargne se côtoient, se mélangent et s’affrontent. Elles sont les deux faces d’une même formation, on ne peut en évaluer l’ampleur de l’impact qu’en explorant ses deux horizons. Mélange de passé et de futur, cet effort ne peut que convaincre un vaste public. Des titres comme Si souvent ou Je souffre en silence sont plus qu’accessibles (peut-être trop … la limite du formaté n’est pas loin mais c’est si bon de se laisser aller, le talent restant omniprésent), les ados en mal de sensations peuvent se gaver les oreilles sans risques … Pour les autres, n’ayez crainte, ils ont pensé à vous. Les brutaux Shred up, Le lien ou encore Le monde ne tourne pas rond contraste avec la personnalité plus douce du groupe mais n’en sont pas moins savoureux et tout aussi accrocheur pour des tympans plus aguerris cette fois. Seule une légère déception s’est faufilée, car rien ne peut être parfait : Coma était déjà présente sur le 4 titres mais en anglais, à mes yeux la précédente version était bien plus efficace … pourtant, seul le vocal varie. Mais ce détail n’est rien face au bonheur de retrouver Ne tient qu’à un fil qui pour les amateurs est peut-être la meilleure compo du groupe sur tout plans. Ceux qui ont eu la chance de l’admirer sur scène ne démentiront pas. Décidément, l’année 2004 commence furieusement bien. Unswabbed nous offre sa recette pour Défier l’ennui et l’adopter à l’unanimité est la seule issue que je m’impose et je ne pense pas me tromper en vous invitant à la suivre également …
A écouter : Je souffre en silence, Ne tient qu
Unswabbed frappe très fort (et on adore en plus !) d'entrée de jeux avec un Falsely fine puissant et monstrueux. On accroche sans difficulté à ces riffs brutaux mais séducteurs, à cette ligne de basse plus qu'envoûtante , à cette batterie tantôt effacée tantôt dévastatrice et à ce chant … Seb alterne entre une rage incontrôlée et un sens mélodique déstabilisant (qui rappelle un peu par moment les intonations de John Maynard Keenan de Tool). "What's the price of life ?", une question qui reste sans réponses alors que les dernières notes se font entendre. Le caméléon suit le même chemin et balaye les derniers doutes qui persistaient dans ma conscience … MORT FINE est une tuerie, c'est indéniable. Le néo français compte un monstre de plus. Les textes, ici dans la langue de Molière, nous mettent en garde contre tout ce que les politiques ont de pourri. Là encore, l'efficacité est au rendez-vous … couplet rappés sur fond de samples distordus puis envolée vocale soutenue par une mélodie imparable … les qualificatifs manquent tant l'émotion véhiculée par les compos est présente (à l'auditeur que nous sommes) et sincère. Le groupe bifurque et change de style pour un Bullshit étrange mais tout aussi ravageur. Sous ces airs un tantinet bourrin se cache LE morceau de ce 4 titres. Unswabbed nous invite ici dans son cauchemar … pourtant pas si éloigné de la réalité de notre monde. C'est une ligne de basse hypnotisante qui mène ici la marche, suivie par les grattes plus lourdes (c'est un euphémisme) que sur les autres compos et une batterie percutante. Torrent de violence et accalmie paisible se succèdent et nous mènent pas à pas vers une conclusion intense et infernale … le réveil sera difficile. C'est les oreilles encore bourdonnantes que l'on s'abandonne aux dernières minutes du skeud. She's so sonne le retour à la normale et nous ramène à des horizons moins turbulents. Aux limites de la ballade, ce morceau est quasiment dénué de toute agressivité (tout est relatif) et le groupe nous assènent ses dernières mesures aux relents deftoniens au travers d'un refrain planant et aérien ou Seb nous achève avec son chant magnifique. Les hurlements laissent place à une voie d'enfant puis au silence … Certains pourront toujours dire que l'artwork est plutôt laid mais ceci reste un argument de faible poids face à l'énormité du disque. Unswabbed nous rappelle que quand un groupe est bon, 4 titres c'est toujours trop peu … on compte sur eux pour remédier à ça avec leur album DEFIER L'ENNUI.
A écouter : Bullshit, She's so, Falsely fine
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