Question : A quoi peut on s’attendre lorsque la plus grosse machine à riff de la scène Metalcore - n’ayons pas peur des (gros) mots - revient en force après avoir démonté des nuques par paquets de mille avec son précédent album ?
Réponse : Pas forcément ce que l’on espérait. Mais est-ce un mal ? Quoiqu’il en soit Unearth n’est pas n’importe quel groupe et le démontre une nouvelle fois.
La formation du Massachussetts n’en finit plus de progresser au fil des sorties et avait ni plus ni moins repoussé au loin la concurrence en 2006 avec un III : In the Eyes of Fire ultra acéré. Un disque incendiaire que pas mal considèrent depuis comme un modèle d’efficacité et qui a définitivement propulsé Unearth en tête des formations du genre en même temps qu’il faisait presque oublier The Oncoming Storm. III… était le feu. The March sera donc le pyrotechnicien, l'album d'un groupe qui gère ses efforts et ses effets.
D’entrée de jeu, sur My will be done, le quintet annonce la couleur. III… est le maitre étalon, inutile d’essayer de pondre un "III bis" (ou un "IV", c’est comme vous voulez). Ce disque a tout ravagé et Unearth a décidé de capitaliser non pas sur cette recette mais sur l’expérience accumulée pour nous servir un disque travaillé à l’identité marquée, loin d’être un simple copier-coller (souvent un peu raté). Exit donc la hargne pure et place aux mélodies ultra énergiques déversées à grands flots de riffing heavy. Même le chant se fait ici moins rentre dedans.
The March risque donc de faire des déçus. Les inconditionnels du coté straight to the point de son grand frère auront d’ailleurs probablement été surpris. Pas de panique cependant, Unearth est très loin d’avoir rendu les armes : les ingrédients sont toujours sensiblement les mêmes et seul le résultat prend une coloration - volontairement - différente. Une fois choisi le terrain sur lequel se déroulera la bataille de The March, le groupe sélectionne ses armes avec assurance au milieu de son artillerie de riffs et rythmiques maison, sans cesse renouvelés depuis dix ans. De Hail the shrine à The march en passant par Crow killer ou encore un final plus classique offert en bonus, Unearth avoine une quantité de gimmicks monstrueux dans une débauche d'énergie bien plus maitrisée que véritablement retenue.
Car en effet, balancer du gros riff n’est pas le tout, encore faut il que l’intention soit bonne. C’est là la très grande force du groupe. Tandis que beaucoup de formations se perdent aujourd'hui entre chant clair mal assuré, remplissage et overdose de brutalité mal assumée, Unearth garde le cap toutes guitares dehors sans jamais verser dans l’un ou l’autre. Des choix artistiques clairs et une volonté de rester maitre de sa barque tout en (se) faisant plaisir surement. La marque des groupes éclairés. Que le résultat plaise ou non, on pourra difficilement le leur enlever.
The March est un bon, voire un très bon album dont le principal problème restera surement qu’il tombe juste après la réussite encore très présente dans les esprits de III: In the Eyes of Fire. Son second handicap est aussi sa principale force: une orientation musicale claire et tenue de bout en bout d'un album cohérent. A chacun d'adhérer ou non. Il apparaît en tout cas assez évident qu’Unearth est doté d’une capacité à survivre dans le marasme Metalcore largement au dessus de la moyenne. Le groupe confirme avec un gout certain son statut de premier de la classe et soulève de nouveaux espoirs quand à son prochain retour. Que demander de plus?
A écouter : The march, Crow killer...