Une Misère
Hardcore

Sermon
Chronique
Quelques deux années après la sortie de la démo / mixtape 010717, c’est avec un premier LP, Sermon, et signés chez Nuclear Blast que l’on retrouve les Islandais Une Misère. Encore une fois, les choses semblent être allées très vite pour le sextet, passé directement de la case démo à la case major.
Il ne faut pas longtemps pour comprendre que plus qu’un long discours, c’est une démonstration de force que nous réserve ce premier album. L’attaque frontale de Sin&Guilt est ainsi à l’image de ce qui va suivre, exception faite de quelques rares accalmies (une intro, un interlude ou un passage chant clair). On se fait donc gentiment rentrer dedans, le tout dans une ambiance noire, oppressante violente et lourde. Tous les ingrédients d’un Metal moderne qui surprend plus qu’il n’est surprenant. On avait en effet en tête un Hardcore chaotique, froid et industriel venant certes piocher allègrement en dehors de cette seule sphère de nombreux élément et on se retrouve à se demander pourquoi donc on avait assimilé Une Misère à la scène Hardcore. Si, comme souvent avec les formations contemporaines, les influences sont nombreuses, toutes appartiennent définitivement à la sphère Metal. En pagaille on peut ainsi lister Chimaira, Thy Art Is Murder, Slipknot ou même Korn. De prime abord, les deux dernières risquent de surprendre mais l’écoute de Burdened / Suffering (ce petit riff si Kornien à 2 mn) de Beaten ou encore de Damages devraient suffire à lever les doutes : la section rythmique ou les samples ne suscitent-ils pas une impression de « déjà vu » en provenance de Des Moines ?
Que Sermon dévoile de nombreuses influences ou investigue un style ne correspondant pas tout à fait à l’idée que l’on s’en faisait n’est somme toute pas très important. En effet, avec la première écoute, vient surtout une déception découlant du sentiment d'une promesse non tenue : celle de la différence. D’une certaine manière au fil des écoutes successives de l'EP s'était insinué en nous l'idée qu'Une Misère était résolument différemment et voilà qu’à l’heure du bilan le sentiment dominant est celui d’avoir affaire à un album assez classique, trop même par rapport à ce que nous espérions.
Cette chronique n’est pas évidente car il ne s’agit pas de trasher de façon unilatérale ce premier album. Si la plupart des morceaux sont bons, c’est dans l’incapacité à créer une ambiance que Sermon pêche. Reproduire à grande échelle l’atmosphère de 010717 n’était peut-être pas ce qu’il fallait faire mais le disque manque cruellement d’un liant qui fasse également office de différenciant. A titre d’illustration, l’interlude Offering tombe comme un cheveu sur la soupe et, qui plus est, bien trop tardivement. Discours religieux, il ne faut pas oublier qu’un sermon peut également désigner un exposé ennuyeux. Il serait bien entendu complètement déplacé d’appliquer ce sens à ce LP mais force est de constater qu’on ne passe parfois pas loin de par son homogénéité (notamment au niveau du chant de Jón Már Ásbjörnsson) et son manque de surprises.
Les attentes après 010717 étaient certainement trop élevées, ce qui ne créé jamais de contexte facile à l’évaluation d’un successeur pour ce qu’il est vraiment mais quand bien même, on se dit que les islandais auraient pu proposer quelque chose d’autre parce qu’il semble évident qu’ils en sont capables et qu’ils portent en eux un potentiel qui ne s’est pas encore concrétisé. Espérons donc que tout cela ne soit que partie remise.
Sermon s'écoute en intégralité sur bandcamp.