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Biographie
Uncle Acid And The Deadbeats est un groupe de Doom / Rock Psychédélique en provenance de la perfide Albion, formé en 2009 autour de K. R. Starrs, leader du groupe rapidement surnommé Tonton Acide. Après un premier album passé inaperçu (Uncle Acid&the Deadbeats - Volume 1), bénéficiant d'un son intéressant, mélange de Pentagram à leurs débuts et de gimmicks Sabbathiens, le tout enrobé d'une prod et d'un son cradingues, absolument authentiques, le groupe est finalement salué par la critique et commence à se faire un nom grâce leur second album Blood Lust en 2011. Doom fragile et rock psychédélique s'y côtoient, laissant s'échapper toutes les influences du groupe. Certains résument le son du quartet à une jam diabolique entre le Alice Cooper des débuts, les Stooges et le terrible Black Sabbath des années 70, le groupe n'hésitant pas, et c'est un peu devenu la marque de fabrique de leurs albums, à n'utiliser exclusivement que des instruments de l'époque afin de restituer ce grain si particulier.
Doom et rock psychédélique, avec du vieux matos, un line-up de jeunes nostalgiques, emmené par un front man dont la voix fait souvent penser à un subtil mélange entre Lennon et de Mc Cartney, sur certains titres des Beatles : voilà un groupe qui possède des arguments tout à fait pertinents, que Blood Lust mettera en lumière de façon plutôt convaincante. Entre heavy poussiéreux délicatement malsain et percées psychédéliques créatives, Tonton Acide réussit à s'installer confortablement sur un créneau atypique qu'est le doom psyché. En 2013 le groupe sort Mind Control, la recette est sensiblement la même, à ceci près que le groupe incorpore dans sa musique un peu de pop 70's pour un résultat surprenant, qui fera d'ailleurs l'unanimité outre manche. Mind Control est un album concept, relatant l'histoire d'un gourou descendu de sa montagne et qui endoctrine ses disciples, n'hésitant pas à utiliser tous les "tricks" de la profession : drogues, sexe, violence et intimidation. Un grand classique qui fonctionne toujours très bien !
Suivront quelques concerts et tournées mémorables en Europe, dont une apparition au Hellfest, au Reading Festival, au Roskilde festival et au Roadburn, ainsi qu'une première partie des concerts de Black Sabbath lors de la réunion du line-up original en 2013.
Les britanniques sortent leur quatrième album studio en 2015, The Night Creeper, qui reçoit lui aussi un très bon accueil.
Chronique
La scène psyché n'en finira donc jamais d'être surprenante. Un style très fermé certes, dont les codes sont plus ou moins vérouillés depuis les années 70, mais qui ne cesse néanmoins de faire des émules en se mélangeant corps et âme avec tout ce qui touche de près ou de loin à ce qu'on appelle aujourd'hui très largement le Rock. Stoner, doom, desert-rock, prog, metal, vous pouvez en cette époque formidable trouver n'importe lequel de ces termes stylistiques fermement ancré à l'adjectif psychédélique.
Une des dernières sensations en date nous vient d'outre manche, et se veut résolument old school dans tous les sens du terme. Les spécialistes sont tous formels sur la qualité de prestation des Anglais, aux aguets tous autant qu'ils sont depuis 2009, les yeux fatigués, rivés sur ce fameux Tonton Acide qui ne cesse de distiller ce son rugeux revigorant, synonyme d'un retour aux sources des plus délicats. Un nom de scène ridicule qui occulterait presque ce qui se cache derrière ce pseudo fantasque : une formation talentueuse, possédant déjà quatre albums à son actif et proposant depuis 2009 un mix habile et accrocheur de doom vintage et de rock psychédélique. Leur dernier méfait en date, The Night Creeper, tend à plus ou moins s'aligner sur le travail effectué pour la sortie de Mind Control, qui déjà montrait des envies d'aller vers d'autres horizons un peu plus pop, de délaisser un peu le dynamisme heavy qui figurait sur les premiers albums et de raconter des histoires sordides en simplifiant un peu les structures, en mettant un peu plus en avant les mélodies.
Pas de grosse surprise au rendez vous donc, pas de réelle progression ni de régression stylistique mais plutôt une impression générale de constance et de confiance en soi pour cette jeune formation, qui mine de rien enchaîne les sorties d'albums à un rythme régulier depuis 2010. Le son est toujours aussi particulier et l'archéologue / fossoyeur de son averti tout comme le curieux y trouvera largement son compte. Initialement d'obédience doom, le groupe se débarasse peu à peu de ce côté heavy et incisif qu'on pouvait trouver sur Blood Lust, leur meilleur album à ce jour. On se retrouve alors encore une fois en présence d'un rock très sombre, moins cradingue sur le jeu de guitare que n'ont pu l'être Volume 1 et Blood Lust, mais bien plus vicieux côté mélodies et atmosphères. Comprenez par là que le côté doom / heavy, à défaut de disparaître complètement, se concentre sur quelques titres très bien ficelés (Waiting For Blood, Murder Nights, Pusher Man) en début d'album, et tend à s'effacer quelque peu par la suite, parfois remplacé par un gimmick pop glacial (Inside), une accroche bluesy (The Night Creeper) ou un rock psychédélique à outrance (la superbe Slow Death). Un concentré très diversifié de heavy et de pop-rock sale comme on en fait plus, le tout auréolé de cette incroyable couche de psychédélisme ambiant ; pas le psyché gentillet d'un Beatles, ni le trippant début du Pink Floyd, mais plutôt celui de The Doors, auquel on aurait injecté toute la puissance des imageries malsaines d'un Black Sabbath, voilà ce à quoi vous attendre en définitive.
Tout cela au final ne serait qu'anecdotique s'il n'y avait pas en permance cette voix d'outre tombe, nasillarde au possible, empruntée à quelques grands frères du passé (Ozzy, Lennon et McCartney sur certains albums) qui joue avec nos nerfs, se plaçant presque toujours au premier plan, ou ce son vintage si particulier, ce grain omniprésent, dérangeant, qui s'insinue dans nos oreilles plus trop habituées à pareille saveur. Un ensemble jouissif et décadent, nous invitant lentement mais sûrement à découvrir un final glauque illustré par deux titres (Slow Death / Black Motorcade), clôturant ce disque concept qui met en scène le "Night Creeper", un serial killer qu'on a pas trop de mal à imaginer arpenter les rues sombres et torturées du Londres de la grande époque.
Plus captivant et plus homogène que son prédécesseur, The Night Creeper réussit à développer une ambiance très particulière, lancinante et acidulée, qui occulte un peu la densité musicale pourtant très appréciable que les musiciens y ont instillé et reléguant au second plan certains plans de guitares pourtant très fins ; mais vu la sensation globale que l'objet dégage, on comprend vite ce choix.
Tonton Acide, au meilleur de sa forme depuis 2012, un point c'est tout.
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