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Biographie

Ultha

Ultha voit le jour en 2014 à Cologne. Ses cinq membres sont issus de diverses formations parmi lesquelles PlanksAtkaGoldust, Ira... La musique jouée par le quintet allemand est un mélange de Black Metal US, de Feneral Doom avec des influences Dark Wave.

Après un premier LP Pain Cleanses Every Doubt sorti en 2015, c'est avec leur deuxième album, Converging Sins, qu'Ultha se fait véritablement remarquer. Cette reconnaissance leur permet de signer chez Century Media, label sur lequel sort en 2018 leur troisième LP, The Inextricable Wandering.

En 2019 Ultha passe à deux doigt de se séparer. Après un cours hiatus, le groupe se relance avec l'EP Floors Of Heaven et surtout leur 4ème LP, All That Has Never Been True, qui sort chez Vendetta Records le 1er avril 2022. Plus aéré, cet album explore notamment au travers de ses textes la notion de vérité, devenue ces dernières années moins forte qu’une opinion, chacun semblant en effet en mesure de s’en fabriquer une.

All That Has Never Been True ( 2022 )

All That Has Never Been True a bien failli ne jamais voir le jour. Fin 2019, mentalement lessivé, persuadé de n’avoir plus rien à apporter avec ce groupe, considérant The Inextricable Wandering comme une erreur et en plein rejet de la scène Black, Ralph Schmidt, chanteur et membre fondateur, envisage de mettre un terme à Ultha. Il accepte in extremis le principe d’une pause et de ne rien annoncer officiellement. Chacun s’engage alors dans de nouveaux projets musicaux. Ralph Schmidt monte ainsi Ropes Of Night, formation de Post-Punk plus en phase avec ses goûts. Arrivent alors le COVID-19, l’annulation du Roadburn 2020 et la proposition d’Inter Arma d’enregistrer un split. Relapse Records opposant son refus, celui-ci ne voit jamais le jour mais cela donne naissance à l’EP Floors Of Heaven. Contre toute attente, la machine est relancée. Quittant Century Media pour retrouver Vendetta, les allemands sortent leur 4ème LP le 1er avril 2022. Ce changement de label mérite un dernier mot avant de passer à la musique. En effet, Ultha a toujours été considéré par ses membres comme un hobby : travaillant par ailleurs, ils n’envisagent pas que cela puisse leur générer des revenus. Ne s’y retrouvant pas dans les exigences du label (engagements sur plusieurs albums, sur un nombre de concerts annuel, sur la promotion…) ils ont donc préféré retrouver leur liberté en signant chez une plus petite structure. C’est ainsi sans teaser ni promotion ni précommande qu’est sorti All That Has Never Been True, une véritable exception en 2022 !

Fidèle à ses habitudes, Ultha soigne l’entrée en matière en nous offrant un Dispel grandiose sans être grandiloquent. D’entrée de jeu, l’impression d’espace contraste avec The Inextricable Wandering qui, avec le recul, proposait un son plus oppressant. Au lieu d’être construit sur le principe d’un palimpseste, Der Alte Feind (Jeder Tag Reißt Wunden) propose plutôt ce qui s’apparente à un effeuillage : le rythme ralentit progressivement, la distorsion laisse la place à des plages éthérée aboutissant sur un magnifique final au saxophone. L’irruption de cet instrument « classique » est l’occasion de préciser que, contrairement à ce que pourrait laisser penser son entame, All That Has Never Been True ne donne pas uniquement dans le Black atmosphérique dépressif : le Black n’est ici que le creuset dans lequel viennent se mêler d’autres influences. Ralph Schmidt le synthétise à la perfection lorsqu’il dit que son album ultime serait « une bande-son composée par un groupe de Post-Punk et jouée par un groupe de Metal ». Plus on progresse dans le disque, plus on a d’ailleurs l’impression que la « dimension » Black s’estompe au profit d’autres sonorités, He Knew And Did Not Know formant une césure instrumentale. Illustrant ce propos le morceau suivant, Carrion (To Walk Among The Spiders), évoque à nouveau Tombs par sa dimension Funeral.

Sans aller jusqu’à utiliser des formules éculées du type « album de la maturité », force est de constater qu’Ultha a maturé depuis The Inextricable Wandering. Si les compositions sont toujours aussi riches et les structures toujours autant élaborées, les titres sont plus courts que par le passé. Sans sacrifier à leur identité sonore (on retrouve des transitions et des plages d’ambiance) les allemands ont réussi à rendre l’ensemble plus dynamique, supprimant là un des écueils qu’on pouvait leur faire. Au-delà de ce relatif compactage (on parle tout de même de morceaux s’échelonnant entre 5 et 12 minutes), Ultha parvient également à attirer notre attention en colorant chaque titre d’un élément distinctif qui ne confine pas non plus au gadget. Il en va ainsi du saxophone précédemment mentionné, du xylophone sur Bathed In Lightning, Bathed In Heat ou du clavier gothique sur Haloes In Reverse.

Conclusion assez évidente des paragraphes précédents, All That Has Never Been True est une véritable réussite et fait partie des sorties de l’année sur lesquelles il ne semble pas superflu de se pencher. Même si ses membres se plaisent à déclarer qu’ils ne sont ne seront jamais qu’un petit groupe sans envergure, Ultha fait partie des pointures de la scène européenne et le prouve une nouvelle fois.

All That Has Never Been True s'écoute en intégralité sur bandcamp.

The Inextricable Wandering ( 2018 )

Bien que les allemands d’Ultha soient très prolifiques depuis leur création en 2015 (trois LP, deux EP et quelques splits), c’est seulement avec leur troisième LP que nous prenons ici le train en marche.

Le plus simple pour décrire The Inextricable Wandering serait certainement de parler de Black Atmosphérique, gigantesque fourre-tout à la croisée de multiples styles. Pour autant, cela ne dirait pas grand-chose de ce qui nous est donné à entendre car la musique d’Ultha est avant tout une affaire de construction et d’atmosphère.
Prenons l’ouverture, The Avarist (Eyes of a Tragedy). Pendant plus de 14 minutes se met en place un implacable palimpseste dans lequel tout semble parfaitement à sa place. La maîtrise technique est parfaite, la précision absolue. On retrouve ce sentiment de contrôle dans le morceau qui suit, With Knives to the Throat and Hell in you Heart : les changements de rythme arrivent à point nommé, au fil des variations successives, on passe de façon très fluide de l’épique à l’inquiétant, au lumineux et enfin au carrément aérien. C’est simple, on retrouve à la fois ce goût pour les ambiances mélancoliques présentes chez bon nombre de leurs compatriotes (en premier lieu Downfall of Gaia) et des influences à chercher du côté de la scène Black nord-américaine actuelle (Ash BorerYellow Eyes, Vanum, Alda...). Que du bon donc.
Tenons-nous pour là pour autant l’album de l’année ? Pas nécessairement. Tout d’abord pour la simple et bonne raison que The Inextricable Wandering est, d’une certaine manière, l’archétype parfait de l’album de Black atmosphérique. L’ensemble est incroyablement bien réalisé mais, il faut reconnaître, sans réelle surprise ni innovation. Ensuite, parce que pour apprécier le disque, il faut vraiment aimer les longues plages d’ambiance parce que visiblement, Ralph Schmidt, le leader et unique compositeur du groupe, adore cela. Et là, c’est quitte ou double. Soit vous considérerez que cette dimension, avec ses claviers gothiques, enrichit l’album soit vous considérerez que cela rallonge inutilement l’album à coup de titres de transition (There Is No Love, High Up in the Gallows) ou de morceaux interminables (entre 7 et 20 minutes). Au milieu de tout cela, We Only Speak in Darkness détonne avec son ambiance gothique / Post-Punk à la Tombs (influence que l’on retrouve également dans certains riffs de Cyanide Lips).

The Inextricable Wandering montre donc plusieurs visages et semble être sur courant alternatif. S’il semble souvent être la démonstration d’un potentiel infini, à d’autres moments il laisse sur sa faim en nous offrant des plages de transition (autrement dit, d’attente) ou des titres qui, tout en restant honorables, n’atteignent pas les sommets de tension des deux premiers morceaux. Au final, tout ce que l’on peut reprocher à ce troisième LP d’Ultha c’est de ne pas aller aussi haut que son entame ne le laissait entrevoir. Il y a pire.

A écouter : The Avarist (Eyes of a Tragedy), With Knives to the Throat and Hell in Your Heart