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Biographie

Ulcerate

Oliver Goater - Guitare
Jamie Saint Merat - Batterie
Paul Kelland - Basse / Chant
Michael Hoggard - Guitare

Ulcerate voit le jour en 2000, en Nouvelle Zélande sous la forme d'un trio composé à l'initiative de Jamie Saint Merat et son compère Michael Hoggard. Un temps appelé Bloodwreath, le groupe devient Ulcerate et, suite à quelques changements de lineup, sort deux démos autoproduites et autofinancées en deux ans. Le désormais quintet se fait rapidement remarquer et, alors que le travail d'écriture est en cours pour un premier album, les deux démos sont rééditées au sein d'un même disque en 2006. La même année, le groupe signe chez Neurotic Records mais perd son vocaliste James Wallace, au moment d'enregistrer le fruit de son travail et c'est donc Ben Read qui remplit ce rôle pour Of Fracture and Failure. L'album reçoit un excellent accueil et le groupe se retrouve alors à partager la scène avec quelques uns des gros noms de l'extrême tels que Nile, Suffocation, Behemoth ou encore Cephalic Carnage. Celà n'empêche pourtant pas le groupe, toujours mené par Jamie Saint Merat, de prendre la décision en 2008 d'évoluer de nouveau en repassant volontairement à quatre membres. Paul keelland, bassiste du groupe reprend le poste de chanteur, sa tessiture vocale correspondant plus à ce que recherchait Ulcerate, et Michael Hoggard récupère lui le poste de second guitariste au sortir de l'enregistrement du second album : Everything is Fire. Plus sombre et doté d'une forte empreinte artistique, le disque est à nouveau très bien accueilli lors de sa sortie en Avril 2009 via Candlelight Records.
Réglé comme une montre suisse, le groupe annonce son retour pour le printemps 2011 avec The Destroyers of All, un nouvel album de sept titres qui devrait les amener à poursuivre leur oeuvre de destruction dans le prolongement du travail déjà entammé ces dernières années.

17.5 / 20
9 commentaires (16.67/20).
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The Destroyers Of All ( 2011 )

Au centre des restes calcinés du paysage Brutal Death mondial, la Nouvelle Zélande. Aux alentours le calme commence tout juste à revenir suite au passage des torrents de lave d'Everything is Fire. Les cendres sont encore chaudes aussi rien n'a repoussé et, depuis deux ans, les survivants, faméliques, du génocide perpétré survivent calfeutrés dans des ruines noircies au milieu de cadavres vitrifiés. Pour tout dire il flotte une ambiance de mort sur ces terres. Des échos lointains racontent qu'à la frontière de leur enfer quotidien les nouvelles ne sont guère meilleures, Deathspell Omega, notamment, ayant lancé un nouvel assaut sur les rivages du Black Metal, brisant toutes ses digues et s'infiltrant par la moindre brèche, violant impunément codes et traditions, ravageant avec ses compagnons un royaume sur le déclin à force de répétition aveugle de coutumes ancestrales et dont les plus vifs esprits se sont évadés les uns après les autres. Aussi l'espoir renaît. Ou à défaut, on se rassure en se disant que les choses ne vont pas mieux ailleurs. Maigre consolation, surtout que ce constat est erroné. Car Ulcerate est déjà de retour.

Discret, tapis au plus profond d'un univers carbonisé où il s'est élevé en maitre, à l'abris des regards, le quintet est en réalité à l'œuvre depuis les premiers instants qui auront suivi son raid destructeur, véritable tsunami intérieur qui aura tout ravagé sans distinction aucune. Début 2011, le courant des musiques extrêmes est sur le point de voir s'élever un Ulcerate nouveau qui apparaitra finalement à la fois là où tout le monde l'attendait et ou personne ne l'espérait vraiment. La formation s'était évaporée comme elle était apparue, remballant ses légions de blast-beats et son magma de riffs vénéneux avec la même promptitude qu'elle les avait déployés sur les plaines du Death Metal depuis sa lointaine île natale. Aujourd'hui Ulcerate revient en terrain conquis mais les méthodes ont changé.
Ulcerate, s'est forgé un territoire à son image: incandescent, impitoyable, suffocant où le salut n'existe semble-t-il que dans la soumission absolue ou la rébellion suicidaire (Portal). A l'heure où l'air encore vicié des cendres soulevées par sa dernière poussée victorieuse commence à s'éclaircir de nouveau, le maitre des lieux revient finir le travail, plus vicieux que jamais. Désormais la bête serpente en sous-sol et procède par raids assassins. Moins frontal, plus aéré, Ulcerate varie ses effets, louvoie, se fait plus intelligible, trompe pour mieux éradiquer l'espoir, et, si, contrairement à son ainé, il laisse percer la lumière ce n'est que pour mieux révéler la désolation semée puis, ensuite, frapper de toute sa force. Briser, écraser, piétiner, éradiquer mais dans la subtilité. The Destroyers of All est la terreur même dans tout ce qu'elle à de plus absolu, la crainte perpétuelle face à une menace sourde perceptible à chaque instant, comme une ombre insaisissable et omniprésente qui n'oublierait jamais de se rappeler à notre souvenir lors d'implosions assassines néanmoins toujours inattendues (Beneath, Dead oceans, Omens). Une stratégie de l'horreur savamment orchestrée qui rend le groupe plus accessible à travers une orientation nouvelle mais pas moins propice à briser les esprits fragiles, état qu'il ne fait qu'entretenir. Au contraire. The Destroyers of All est un gouffre duquel il est plus que conseillé de se tenir éloigné. Laissez vous happer et il vous broiera, patiemment.
Ulcerate est apaisé, plus réfléchi, subtil dans ses choix de production comme de composition (chant moins étouffé, rythmiques plus identifiables, alternance dans les sonorités, structures ingénieuses). Ralenti, pesant, il frappe désormais de manière chirurgicale, toujours mu en arrière plan par les mêmes forces qui avaient fait le déluge d'Everything is Fire. Que la légitimité de la souveraineté des néo zélandais sur le genre puisse être mise en question ou que le bien fondé des méthodes employées fasse débat, dans les faits rien ne change: la toute puissance d'Ulcerate est implacable et règne de la terreur semble bien parti pour se prolonger.

Une petite lueur d'espoir réside cependant dans cette interrogation encore en suspens: The Destroyers of All est il une déclaration de guerre absolue, preuve supplémentaire de la volonté d'annihilation totale du combo ou plutôt un défi lancé à la face d'un courant dans un besoin urgent de renouvellement? A l'écoute du titre éponyme, final qui dévoile un Ulcerate plus lumineux, nuancé et paradoxalement insaisissable que jamais, on serait bien tenté de conclure que la réponse se situe entre les deux tant, si la seconde hypothèse n'est pas rapidement vérifiée, la première restera la seule valable. Malheur aux vaincus.

A écouter : The destroyers of All
17 / 20
4 commentaires (17.25/20).
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Everything Is Fire ( 2009 )

Attention, colosse en mouvement. Au moment où j'écris ces mots Ulcerate a réalisé il y a quelques mois un des casses de l'année dans la famille du Death Metal. Les semaines défilent et pourtant, toujours pas la moindre trace d'un éventuel poursuivant à la hauteur du défi lancé. Les Néo-Zélandais n'avaient pourtant pas donné dans la discrétion ces dernières années, se signalant notamment par un précédent album plutôt remarqué. Bien que surveillé de près, personne n'aura donc su arrêter le quatuor une fois que celui-ci se sera véritablement mis en branle.

Ulcerate annonce rapidement la couleur: Everything is Fire n'est pas n'importe quel disque. C'est une véritable nuée ardente qui va s'abattre une fois le mécanisme enclenché (Drown within). Il n'est pas question de faire marche arrière et cette galette n'est donc clairement pas à mettre entre toutes les oreilles, ou alors cela dépend de vos intentions. Explications.

Everything is Fire est par choix un disque monstrueusement compact, brutal, difficile d'accès. Dans le cas présent, ce parti pris est autant un handicap potentiel que la clé de sa réussite: Ulcerate s'affranchit avec brio de toute forme de compromis, faisant facilement oublier Of Fracture and Failure et sa volonté manifeste de bien faire en mariant brutalité, modernité et accessibilité catchy. Ulcerate n'en est désormais plus à ce stade. La formation a montré qu'elle savait faire, le challenge est maintenant ailleurs.
Les Néo-Zélandais se coupent probablement d'une partie de leur public peu friand de ce genre de pavé mais livrent ici un disque que l'on peut aisément qualifier de monumental. Everything is Fire sent le souffre de bout en bout et, derrière son aspect monolithique, fait montre d'un travail sur la dissonance titanesque. Rarement l'agression sonore aura si bien sonné, surtout avec une telle unité. Intelligent, inquiétant, tout en enchevêtrements de lignes de grattes, martelé selon des rythmiques improbables et déclamé d'une voix rauque monocorde et néanmoins intelligible, Everything is Fire avance implacablement, en véritable agent de dévastation, insaisissable, viciant l'air et carbonisant les sols.
Ne nous mentons pas: les premières écoutes sont inconfortables. Ce disque est trop oppressant, trop tordu. Et pourtant Ulcerate parvient à nous tenir en haleine en ménageant ses effets au cœur de la tempête, évite le piège de la linéarité en choisissant habilement de faire évoluer ses titres en trompe l'œil (Tyranny, Caecus), lentement. Au milieu du chaos inextricable de ce disque la moindre accalmie respire malgré tout le mystère et l'obscurité, la faute à la construction de morceaux que l'on suit en aveugle et dont on ne sait jamais vraiment où ils vont déboucher. De toutes les images que l'on pourrait accoler à Everything is Fire celle de la tectonique des plaques - en accéléré - tombe littéralement sous le sens. Cinquante minutes durant, d'énormes pans musicaux s'animent sous l'impulsion du quatuor, s'imbriquent, glissent les uns vers les autres, les uns sur les autres sans que l'on perçoive, à première vue, le moindre mouvement et remodèlent le paysage tantôt aussi imperceptiblement qu'inexorablement, tantôt dans le plus grand des fracas. Quant à nous, petites choses dépassées, nous ne pouvons guère que nous incliner face aux forces qui se déploient sous nos yeux (We are nil).

Everything is Fire est un album bouillonnant et impitoyable à l'arrière-goût de charbon: désagréable mais grandiose et fascinant. Le triptyque final (The Earth at its knees, Soundlessness Embraced, Everything is fire), moins urgent que les cinq autres titres de l'album, est à ce titre une véritable démonstration de puissance, d'intelligence du riff et de l'ambiance. Vingt minutes d'un Metal épique et occulte au possible qui font avancer à pas de géant le groupe au premier rang des formations extrêmes les plus inspirées du genre de cette dernière décennie, Immolation et Deathspell Omega en tête. Ulcerate s'est aujourd'hui forgé un univers propre où il règne en maître incontesté, dictant ses propres lois à la physique et à la logique, produisant des titres venus d'ailleurs tant en termes d'intensité sonore que d'ambiances ou de technique. Ulcerate, sur le toit du monde, instaure un règne de terreur et balaie d'un revers de la main dédaigneux la meute de ses poursuivants. Bienheureux qui arrivera à les déloger.

A écouter : Bien pr�par�.