Ufomammut

Stoner / Doom

Italie

Idolum

2008

Chronique

par Craipo

Voilà quelques années déjà qu’Ufomammut traine ses basques poussiéreuses dans la sphère des musiques extrêmes, imperturbable malgré une reconnaissance grandissante… Aujourd’hui est venu le temps de faire définitivement éclater la vérité : ces trois énergumènes transalpins n’appartiennent tout simplement pas au même monde que nous autres, pauvres mortels.

Que l’Italie, croulante, nous pine à l’arrache au football, passe encore, surtout que la France ne vaut plus rien nous dit on, et que même si elle essaye sans y croire, ça peut toujours le faire sur un coup de dés. En revanche lorsque ces trois là entrent dans la danse autant déclarer immédiatement forfait à moins d’être solidement armé sous peine de correction douloureuse. Et encore… il y a de toute façon peu de chances pour qu’Ufomammut ne vous sèche pas rapidement d’un tacle sévère sur le pré…

La confrontation entamée, vous n’y aurez finalement cru que l’espace de 3 minutes et quelques, le temps que les azure et blanc répètent calmement leurs gammes en guise d’échauffement. Malheureusement, ici les matchs durent (6)66 minutes. Une éternité lorsque l’on se fait pilonner comme un damné des la première offensive (Stigma). Dès lors tout s’assombrit et s’appesantit. L’air devient suffoquant, une chaleur sèche s'élève irrémédiablement, vous peinez. En face Ufomammut ne fait que monter en puissance, lancé sur une dynamique lourde : incompréhensible. Irrésistible surtout (Stardog, Hellectric). Vous avez beau tout tenter, invoquer YOB, Electric Wizard et autres demi-dieux du fuzz tantôt psychédélique, tantôt furieux, vous n’y arrivez pas. Vous n’y arriverez jamais.

Autant se faire une raison : Ufomammut est beaucoup mais alors beaucoup trop fort pour votre petite personne. Toute gesticulation est inutile. Laissez parler la démesure de la formation latine et soumettez vous. Laissez les faire parler la poudre et soulever autant de poussière à trois qu’un régiment de doomeux sous psychotropes lancé dans une quête effrénée (mais à progression lente, bien évidemment) du saint Graal des musiques apesanties. Non ces types ne sont pas comme nous… quelque chose d’immense est à l’œuvre dans l'ombre et guide ces médiators-rouleaux compresseurs, dicte ce martèlement de futs possédé, chaleureux mais éreintant, leur murmure l'idée de l'utilisation de ce clavier (belle trouvaille), insuffle ces respirations salvatrices dans un chaos Stoner Doom qui, par la suite ne nous écrase que plus durement (Nero, la brutalité quasi primaire de Destroyer). Le souffle de l’occulte se fait clairement sentir (Ammonia et son chant féminin). Rien de palpable, rien de tangible et pourtant le constat est là, froid, sans concessions : Ufomammut vous ravage et vous assistez impuissants à votre propre déchéance, embarqués au milieu d’un torrent de décibels sur-gras, frappés d’hallucinations dures. Le chant, rare, se veut lointain, comme étouffé, noyé… halluciné et fatigué derrière tant de distorsion, écrasé par cette basse intenable qui  n’en finit plus de rouler et, malgré tout, de vous faire vibrer.

Mais pourquoi bouder son plaisir alors? Plutôt que de résister en vain, vous aussi laissez vous aller… abandonnez vous à cette musique sulfureuse. Après tout, à notre époque le bûcher n’existe plus et vous ne risquez plus guère que de faire hurler Christine Boutin. Enfin, alors que vous vous abîmez pleinement au plus profond de cet Idolum et qu’Ufomammut commençait à vous dévoiler son art sombre, Void vous plante là, hagards, sur un final ambient trituré, lancinant et hypnotique, s’étirant sur une durée interminable. Encéphalogramme plat. Les italiens ont débranché la perfusion et le manque gagne. Subitement, un dernier assaut sonore (Elephantom) : le rush est puissant, la montée imposante, le riffing monstrueux. Les nuques surchauffées sautent… puis tout s’arrête. Définitivement. Le silence est intenable et, le doigt tremblant, vous faites « play ». Cette fois ça y est, vous aussi avez sombré. Bienvenue chez Ufomammut. Ici, accompagnés de quelques illustres compagnons de la musique pachydermique un brin allumée, les italiens siègent parmis les puissants.

17

A écouter : 1

Les critiques des lecteurs

Moyenne 17.79
Avis 12
Meuric April 12, 2010 15:17
La prod est un peu faiblarde. Ça manque vraiment de puissance pour soutenir les compos. J'en ai encore plus l'impression depuis que je les ai vu en concert (Stigme, aïe !).

Sinon l'album est carrément bien foutu, avec son lot de perles. Eve est plus réussi je trouve.
16 / 20
Pentacle February 28, 2009 00:32
Chef d'oeuvre, tout simplement. L'intro de Stigma me pétrifie sur place à chaque fois. Chaque assaut rythmique est terriblement lourd et écrasant que s'en est suffocant. Les ambiances sont sombres et plombées qu'on peine à se relever. Ammonia et son chant féminin oriental semble être une bouffée d'oxygène... en apparence seulement. Et cela se poursuit avec une Nero complètement hallucinatoire.

Poussières dégagées par les tremblements, fumées de subtances illicites, vapeurs glauques et brouillard inquiétant, il me faut de l'air s'il vous plait!
18 / 20
Euka January 17, 2009 19:04
Lourd et massif. Rien d'autre à dire hormis qu'on se sent écrasé....
16 / 20
drazorback December 29, 2008 19:09
Bordel, comme j'aurais aimé les voir au Roaburn. Gros son et riffs mammouth à gogo
16 / 20
suicidemitoo December 29, 2008 13:13
quelle claque à l'écoute de cet album!

c'est lourd c'est étouffant!
18 / 20
Bacteries December 28, 2008 12:31
Que c'est gras!

Que c'est bon!

Les italiens font très fort avec ce Idolum enfumé à souhait, ce son imposant et cette voix totalement incroyable.

L'une des sorties de l'année pour ma part.



Vivement un live (hummm le Roadburn!).
18 / 20
Otto November 20, 2008 21:30
la premiere écoute ma donné envie de vomir, la deuxieme ma tellement ravi, on se perd dans les abimes avec cette album, on dirait une dose d'idoser pour les connaisseur ^^ !!
18 / 20
Yucca November 18, 2008 19:40
J'avions pas vu la chro...



Tout pareil. Pour simplifier : chef d'oeuvre.



Ufomammut, c'est trop fort pour toi, ami lecteur.
19 / 20
J-Reizh August 16, 2008 09:51
Un son lourd, opressant, qui met une bonne claque comme on aime en prendre.



Un vrai régal, à écouter sans détour !
18 / 20
Nakkiel July 26, 2008 21:59
Excellent album ... je ne savais pas à quoi m'attendre en voyant la description (Stoner Doom / Sludge psyché .... assez phénoménal comme mélange de genre pour une description ^^)



Au final, satisfaction extrême ... un son lourd, très lourd, très plaisant, tout au long des pistes



Egalement, un peu de beauté dans ce monde de brute avec Ammonia, que je me passe en boucle depuis ce matin (entre ce morceau et Stigma, mon coeur balance ^^)
19 / 20
franck56 July 25, 2008 17:26
tout simplement excellent ^^

c'est un album qui me rappelle étrangement "FILTH PIG" de ministry.des morceaux très lourd,une voix mixée comme disait julgood mais surtout lointaine.un groupe a voir en live !
18 / 20
Julgood July 18, 2008 13:29
Excellent album..

Un sourd lourd et gras, des vocaux légèrement sous-mixés..



Toutes les pistes sont excellentes!

Mention à Ammonia superbe avec sont chant féminin
18 / 20