Ufomammut

Stoner / Doom

Italie

8

2017
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Babel  
02. Warsheep  
03. Zodiac  
04. Fatum  
05. Prismaze  
06. Core  
07. Wombdemonium  
08. Psyrcle

Chronique

par Chris

Ufomammut a décidé de quitter notre Terre, une bonne fois pour toutes. Si les doomsters italiens ont toujours eu le regard tourné vers les étoiles, ils ont cette fois-ci définitivement mis le cap sur d’autres galaxies. Un peu comme si les secousses telluriques de leurs précédents albums avaient généré des ondes gravitationnelles suffisamment puissantes pour les transporter bien au-delà d’Andromède ou de Cassiopée, courbant l’espace-temps à leur guise, remodelant l’espace au fur et à mesure de leur voyage. Tour à tour assommant, étouffant et libérateur, 8 est un long morceau divisé en autant de chapitres qui, s’ils demandent un grand investissement de la part de l’auditeur, finissent par édifier devant lui un monolithe en mouvement duquel il faut parvenir s’approcher de très près avant d’en discerner les détails. Cet album ne laisse aucun instant de répit, jouant dans un premier temps la carte de l’oppression avant de se livrer peu à peu à coups de changements de tempo et d’altérations plus subtiles qu’il n’y paraît au premier abord. Les teintes space-rock n’ont jamais été aussi prononcées, le groupe invoquant autant Hawkwind que les morceaux les plus aériens d’Isis. Les samples cosmiques, omniprésents, sont utilisés de façon pertinente, au service d’une vision tout droit sortie de l’esprit torturé d’un Roy Batty qui aurait finalement trouvé un sens à des phénomènes dépassant l’entendement.

8 est un album qui se vit. Chaque grondement, chaque vibration, chaque déflagration contribue à une expérience que le groupe a conçue de façon globale, avant de la séparer en morceaux présentant chacun une variation d’un même thème. La compression du son sert une musique qui semble évoluer dans son propre univers, tout en gardant néanmoins de façon constante une énergie phénoménale capable de franchir n’importe quelle limite, qu’elle soit physique ou mentale. La claustrophobie inspirée par les premières écoutes laisse petit à petit place à un sentiment de plénitude devant l’immensité du champ des possibles. Babel propose une montée en puissance dont le reste du disque sera à l’image. Ufomammut met ses riffs en boucle pour en extraire, passage après passage, l’essence la plus pure (l’enchaînement Warsheep, Zodiac, Fatum). Les passages plus frénétiques, comme Prismaze ou Core, ne dérogent pas à la ligne que s’est fixée le trio. Toutes les forces sont tendues vers un même but, celui de proposer une odyssée galactique sans nulle autre pareille. Le chant, tour à tour incantatoire et exalté, s’adresse aussi bien à d’hypothétiques civilisations extraterrestres qu’à ceux d’entre nous qui, restés sur la planète bleue, attendent avec angoisse des nouvelles d’un monde susceptible de nous accueillir lorsque nous aurons fini de détruire le nôtre. Un espoir ténu incarné par l’obsédante voix féminine de Psyrcle, qui pourrait cependant tout aussi bien être une sirène prête à causer notre perte.

8 porte en lui, sans aucun doute, l’ADN d’Ufomammut. Il présente pourtant une facette plus « extrême » de la musique du groupe en proposant une vision radicale, celle d’un univers hostile qu’il devient nécessaire d’explorer, d’une façon ou d’une autre, en essayant de ne pas penser au lendemain.

16

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16
Avis 2