Ufomammut

Stoner / Doom

Italie

Oro: Opus Alter

2012
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Oroborus02. Luxon
03. Sulphurdew
04. Sublime
05. Deityrant

Chronique

par Garik

L'idée de faire un « double album » était plutôt judicieuse de la part des trois italiens d'Ufomammut, concernant cette longue œuvre qu'est Oro, conçue comme une seule chanson, ou plutôt une seule composition de 90 minutes en plusieurs mouvements – le terme galvaudée de chanson ne traduisant que très mal ce format musical plus proche de la musique contemporaine que du formatage classique des musiques populaires occidentales dont il est issu. L'écoute intégrale des deux albums étant assez longue et la concentration de l'auditeur ayant tendance à s'étioler au fur et à mesure, cette partition a au moins l'avantage de pouvoir faire mieux profiter des dynamiques présentes dans la musique, qui ont tendance à se noyer dans la masse sur la longueur quand les deux parties sont mises bout à bout.

Dynamique est d'ailleurs le mot qui caractérise le mieux cet « Opus Alter ». Globalement, le tempo est plus rapide. Ufomammut laisse moins de place à la construction progressive de longues plages ambiantes, préférant plutôt concentrer le son, la force de frappe du batteur dont l'instrument se fait plus brutal, plus incisif. Au fur et à mesure de la lecture, les passages cosmiques éthérés voient leurs durées se réduire pour faire place à cette expression plus costaud du propos d'Ufomammut. La deuxième partie d'Oro est bien plus rock que sa précédente. On assiste au déroulement de véritables morceaux de Stoner Doom massif dès la première piste, Oroborus. Comme Yob sait le faire, on atteint des acmé à partir de la deuxième moitié de chaque piste, le sommet culminant de chaque chanson au fil d'un cheminant plus court, qui voit une délivrance de la musique jusque-là bridée, et que le trio tente de faire durer le plus longtemps possible, comme on tente de poursuivre et de profiter d'une jouissance soudaine, intense mais fugace.
Ces explosions sonores constituent le but recherché de chacun des morceaux, au contraire de l'Opus Primus dont l'objectif n'était pas d'atteindre le bout du chemin mais bien le parcours en lui-même, pour mieux faire voyager l'auditeur au sein des espaces sonores ainsi construits. Chaque chanson n'est d'ailleurs que le modèle réduit de l'album en entier. Par un jeu de boucles, chaque explosion amène à un ralentissement, une recomposition des forces et une nouvelle explosion. Chaque phase de repos se réduit par rapport à la précédente et chaque explosion se fait plus forte. Finalement, une dernière pause plus longue est accordée au début de Sublime, comme pour mieux préparer le voyageur à la conclusion de son périple, le laissant reprendre des forces pour enfin affronter un destin qu'il connaissait depuis le début. Ce final, c'est Deityrant. Probablement la meilleur composition de l'album, qui abandonne toute introduction pour directement sauter à pieds joints dans le chaos, piste définitivement dure et très metal, voir même un peu punk sur les bords avec son rythme binaire radical, un peu comme si High On Fire décuplait sa masse sur un mode mid-tempo. Elle finit par se terminer sur quelques superpositions de bruitages psychédéliques et de larsen, comme les cendres et les débris d'une boule de feu se déposants sagement au sol, substance vidée de son énergie par la livraison de cette fin magistrale à Oro, qui prend à ce moment tout son sens.

Dommage qu'avant d'arriver à sa conclusion, le chemin se fasse quelque peu laborieux, notamment au sein de l'Opus Primus. Cependant en reprenant les affaires au commencement de cet Opus Alter, on a pas le temps de ressentir cette lassitude qui peut naître de l'écoute continue des 90 minutes, tant on est tenu en éveil par ce ton bien plus musclé et plus sombre. On termine donc l'aventure sur un souvenir vif et agréable, excellente affaire de la part d'Ufomammut qui ne fait pas l'erreur de terminer son œuvre sur une partie trop ambitieuse qui retomberait en soufflé. Deityrant témoigne que les trois italiens n'ont pas oublié que si leur doom cosmique possède une haute dimension psychédélique, leur musique n'en reste pas moins du rock'n'roll, certes sous une forme particulière, mais du rock'n'roll quand même !

14

Les critiques des lecteurs

Moyenne 17.75
Avis 2
Mr Piotr February 14, 2014 10:25
Pendant Deityrant, je me disais en pensant à moment de voiture en Ardèche cet été ou nos deux hôtes avait mis du System of a Down à fond la caisse et je m'imaginer avancer, à la fin d'un morceau, mon bras pour mettre Opus Alter dans le lecteur en leur disant: "c'est aussi Metal mais en plus spirituel alors attention vous allez décoller" Et en concluant cette pensée, la calme intro de cette dernière chanson que je croyais être l'outro balance le Riff. J'ai eu un sursaut comme si je venais de me faire éjecter dans un accident de voiture et le riff ô putain...

Je pense pense alors aux gens à qui je dois partager cette merveille. Là je suis sur de m'a première écoute. Bref, je conclus en pensant que je suis obsédé par le bonheur et son partage et je devrais lacher prise la prochaine fois
19 / 20
Magnu October 20, 2012 06:15
"Opus Primus" avec Les Claypool????

Sinon ces deux galettes sont de très très bonne facture pour moi, "Opus Primum" a vraiment un côté hypnotique tandis qu'"Opus Alter" lâche les pachydermes.

Perso j'ai vraiment beaucoup aimé l'ensemble même si je reviens plus facilement sur le deuxième (pour son côté plus direct, et le premier à tellement tourné sur la platine!!!). 2012 nous envoie deux pépites, qui méritent une écoute attentive.

Le son est toujours aussi massif, des moins en moins de chant (très en retrait), les partie sont longue et peuvent sembler répétitive, mais Ufomammut fait du Ufomammut. Le trio Italiens est encore une fois au rendez-vous, comme toujours (même Eve!!!! oui oui) et là c'est double ration.

A voir sur scène, très bientôt en France!!!!
16 / 20