La culture de masse française devrait revoir son planning. Alors qu'on nous vend entre 2 épisodes de Joséphine un revival rock 60's à la Elvis pour séduire l'ancien frimeur du samedi soir, il existe des groupes qui demeurent encore bien mal connus dans le paysage musical français malgré une musique bien plus intéressante. Phénomène encore plus remarquable quand il s'agit de combos originaires d'Irlande, pays réputé pour son climat politique incertain, son temps capricieux et U2. Heureusement, Two Door Cinema Club, après un appui par la BBC et quelques festivals en France (Printemps de Bourges et Rock en Seine), va peut être (enfin) pouvoir sortir des fonds de bacs des chaînes "créatrices" de culture.
Alors que certains pouvaient déjà entendre quelques notes du groupe via une campagne de pub pour une banque française courant 2009, Tourist History n'est sorti qu'en février, avec à la clé, 10 titres dans un registre electro-pop-rock typiquement anglo-saxon. Les premiers contacts font penser à Phoenix ("What You Know", "Eat That Up, It's Good For You"), notamment à travers le registre vocal emprunté par Alex Trimble. La filiation n'est heureusement pas ce qui fait l'interêt du trio car Two Door Cinema Club ne se limite pas à des reprises fadasses déjà entendues chez les versaillais : L'esprit est ici résolument plus rock, avec des beats menant la cadence à la baguette et une fraicheur pas bien éloignée de Beat Beat Beat ou Flashguns. Les hymnes sautillants - à la The Rapture - en font un savant mélange de musique printanière et de chaleur estivale, qui pourra encore facilement bourgeonner jusqu'au dernier jour de l'hiver, tant l'ensemble s'avère limpide et enthousiasmant. Il faut dire que derrière cette apparence de teenagers et un artwork un peu bizarre, rien n'est laissé au hasard, jusqu'au moindre refrain ("I Can Talk", "Undercover Martyn"). Calibré pour la bande FM (en moyenne 3 minutes par titre), cet album est toutefois bercé par une richesse évidente et une envie sincère qui font parfois défaut à certains (The Drums ?). L'addiction fait rapidement surface après l'écoute d'une poignée de morceaux enjoués et accrocheurs.
A l'apparence facile, Tourist History n'en demeure pas moins agréable et durable. Ce premier album ne fait pas dans la musique jetable à la manière d'un rockin'boy's band monté sur mesure, mais développe des ambiances nuancées, avec en prime une paire évidentes de futurs singles ("I Can Talk", "This Is The Life", "Come Back Home"). Derrière une toile electro / rock / pop / cequevousvoulez, le cocktail des irlandais possède un doux parfum de jeunesse ensoleillée. Et fichtre, "I Can Talk" est quand même un sacré tube !
A écouter : I Can Talk - This Is The Life