Turnstile
Hardcore 90's way

Never Enough
01. Never Enough
02. Sole
03. I Care
04. Dreaming
05. Light Design
06. Dull
07. Sunshower
08. Look Out For Me
09. Ceiling
10. Seein’ Stars
11. Birds
12. Slowdive
13. Time Is Happening
14. Magic Man
Chronique
Comment succéder à Glow On ? En proposant Never Enough !
D’un côté, la durée de ce nouvel opus peut faire peur : On tape dans le 45 minutes - certes pour 14 titres -, mais le gap de 10 minutes déjà présent entre Glow On et Nonstop Feeling s’accentue encore. De l’autre, l’arrivée de Meg Mills (Big Cheese, Chubby and the Gang) en remplacement de Brady Ebert - dont le départ semble être lié à un incident avec le batteur Daniel Fang si l’on en croit Lambgoat - pouvait apporter une nouvelle approche à l’ensemble.
Une fois passé cette étape introductive, mais permettant de comprendre ce qui peut marquer cette évolution sur Never Enough, on peut se pencher sur cet ensemble. A première écoute, s’orientant encore plus vers des influences Pop / Indie, notamment via le travail sur certaines nappes de clavier (« Magic Man », « Sole ») ou rythmes (« Seein’ Stars » et son air de « When The World Is Running Down » de The Police - qu'un lecteur a très justement fait remarquer).
Rapidement, les titres s’enchainent et s’apprécient, avec vite quelques favoris qui reviennent (le très 80’s « I Care » aux airs de Wham!, le déchainé « Sunshower » ou le old school « Slowdive », plus proche de Time & Space et finalement assez classique dans la dimension Turnstile). Pour situer, Never Enough est un Glow On 2.0 sur plusieurs aspects.
Sur Never Enough, le combo ajoute de nombreux instruments : des flutes sur « Sunshower », des cuivres sur l’intro de « Dreaming », on passe encore un cap en rapport avec l’opus précédent, sans compter les feats de Dev Hynes (Blood Orange) et Hayley Williams (Paramore). C’est d’ailleurs très appréciable parce qu’au final les 45 minutes s’apprécient sans lassitude ou ennui, à la manière de Glow On.
Il y a quelques enchaînements assez parfaits : « Seein’ Stars » / « Birds » ou « Sunshower » / « Look Out For Me », qui persistent cette sensation de Glow On : un côté summer-vibe, aux couleurs pastels. Et contemplatif. Instrumentalement (« Light Design » et sa nappe de guitares) mais également sur les paroles - « Never understand it, so I'm lying here and staring / At the ceiling » ou « In the right place / At the right time / And still you sink into the floor » - lorsqu’on ne parle pas d’amour (« Dull »).
Concernant l’aspect : est-ce que Turnstile est encore un groupe de Hardcore ? La réponse n’est pas si tranchée. Oui, beaucoup de sonorités sont plus proches de la scène Pop ou Rock (« Seein’ Stars »), mais il reste quand même, à la fois en live mais aussi sur LP, des titres assimilés à cette scène : « Sunshower » ou « Birds » par exemple.
Je pourrais faire un parallèle avec Ceremony, qui était passé d’un Punk / Hardcore à un Post Punk en quelques années : ici Turnstile a subit cette évolution, mais c’est en partie ce qui leur a permit le succès actuel, là ou Ceremony reste plus confidentiel à mes yeux.
Dernier point : l’aspect visuel. Turnstile prend le parti de sortir un film et de parler de « visual album » pour Never Enough. Réitérant un peu son TURNSTILE LOVE CONNECTION, le combo tente à nouveau l’expérience. Cet aspect n’est pas que pour l’album, le groupe prenant le parti de parfois sortir des concerts avec un aspect VHS (image granuleuse, sensation d’être filmé au caméscope) ou allant jusqu’à réaliser lui même ses propres clips, dont le très chouette « Look Out For Me ».
D’un certain côté, Never Enough n’est pas qu'un Glow On 2.0, et c’est tant mieux. Il eu été presque décevant d’avoir affaire à une version copiée / collée de la version 2021. De l’autre, la rupture sera encore plus consommée avec les fans de la première heure, au moins sur album. De mon côté, ce Never Enough reste un très bon disque, notamment parce qu’il continue dans ce que je peux attendre du combo,
Meilleur album de l'année pour le moment. Ça fait du bien de voir ce genre de projet aboutir dans le paysage rock.