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BiographieComme ses compatriotes de June Paik ou Danse Macabre, Tristan Tzara, composé de membres de feu Kobra Khan et de Louise Cyphre, fait parti de cette génération européenne ayant reçu de plein fouet la vague nord américaine screamo de la fin des années 90. Empruntant le nom du célèbre poète, membre fondateur du mouvement dadaiste puis affilié au Surréalisme de Breton et Eluard, la formation allemande, comme l’artiste, a cherché, durant sa courte existence, à remettre en cause les certitudes de la société et à bousculer l’ordre établi, en criant, puisque c’était là le seul moyen de se faire entendre. Le projet ayant pris fin brusquement en 2002, Tristan Tzara n’a orné sa discographie que de deux disques : Omorina Nad Evropom en 2001 et Da Ne Zaboravis en 2002. Discography ( 2014 )D’une existence brève, il ne subsiste que des fragments épars de sons. Imprévisible, impétueux, impressionnant. Tristan Tzara aura brûlé sa flamme en quelques titres, dont l’iconique « Seaside Suicide » qui clame « So Alone » jusqu’à la lie. Comme évoqué avec Da Ne Zaboravis, Tristan Tzara tente de prendre la suite d’un Orchid ayant retourné certains esprits avec Chaos Is Me (tout comme d’autres groupes de la même période, moins mis en avant : Usurp Synpase, Hassan I Sabbah, …), et même si le lien est très facilement audible (« Untitled #1 »), les Allemands ne sont pas un copycat bien maladroit : leur réinterprétation du « I’ve Seen It All » de Bjork, les variations du chant dans « Song 7 » ou la folie de « Seaside Suicide » sont un reflet de ce qui avait été amorcé avec Louise Cyphre, mais aussi de la décharge d’adrénaline injectée.
Da Ne Zaboravis ( 2002 )L’apparition éclair d’Orchid dans le paysage hardcore à la charnière des années 99/2000 a créé de nombreux émules. Tristan Tzara, formation héritière des américains, est de ceux là, de ceux pour qui l’emo violence est une manière de vivre et de mourir à la fois. Les surréalistes voulaient changer la vie, selon le mot de Rimbaud ; trouver dans la folie, le rêve et l’inconscient les formes nouvelles d’inspiration. Tristan Tzara rend donc hommage au mouvement en sublimant sa colère jusqu’à son niveau paroxystique. Obnubilé par le thème de la maladie mentale, près à se pencher sur son précipice, Tristan Tzara repousse les limites de l’aliénation et plonge au cœur de la vase, là où les voix se démêlent pour survivre face aux lames des guitares. Comme dans la musique d’Orchid, le modèle, Da Ne Zaboravis procède par vagues successives de riffs aiguës et répétés à rendre fou. L’onde, amplifiée progressivement jusqu’à son maximum, ensevelie peu à peu les pistes pour finir en bout de course, brusquement hachée et saccadée ("Untitled #3"). Aucune bouffée d’air donc, jusqu’à "A Mad Gleam", légèrement aplanie et menée par un filet de spoken word qui sera le seul moment où le combo desserre l’étau, dans le genre divinatoire à la Yage. Da Ne Zaboravis est une épreuve auditive difficile d’accès qui s’adresse principalement aux amateurs de screamo maladif et destructeur. Doté d’une sauvagerie rare du fait d’un effort concentré dans un laps très court (un peu plus de 8 minutes pour 6 morceaux en 2002. La réédition de 2005 rajouta le morceau instrumental "Come On Jane"), l’album fait la part belle à la tradition épique et syncopée ("Untitled #3") mais souffrira peut-être en analyse finale d’un sentiment de déjà (trop ?) entendu. En écoute sur myspace. |