Triagone
Death Metal Technique

Sem Papyrus
01. Novvs Ordo Seclorvm
02. Abyssvs Abyssvm Invocat
03. Ad Mortem Sem Papyrvs
04. Nvlla Regvla Sine Exceptione
05. De Beata Vita
06. Imperivm In Imperio
Chronique
La Belgique n'est pas connue pour sa scène tech death, mais avec l'arrivée de cet EP des bruxellois de Triagone, le mouvement est lancé. Une formation toute belle, toute neuve puisque ce Sem Papyrvs est la première sortie du groupe. Six titres de tech death qui fleurent bon la vague US des années 2000 façon Decrepit Birth, Odious Mortem... De quoi se régaler, en somme.
Le premier titre, Novvs Ordo Seclorvm, annonce la couleur aux premières mesures : oubliez tout ce qu'on a entendu depuis près de 15 ans chez Unique Leader et Artisan Era. Pas de piste ultra retouchée, de batterie surcompressée, de voix maintes fois doublée. On a de l'organique, du palpable, du vrai. Le talent brut des musiciens, et rien d'autre ! Oui, ça veut dire qu'on a quelques pains à droite, à gauche sur les leads de guitares...
Et comment ne pas en faire ? Shredder virtuose, Lou-Indigo de son prénom profite de chaque piste (ou presque) pour repousser ses limites dans des solos d'inspiration néo-classique qui auraient leur place chez First Fragment et Revocation ; le maître Jason Becker a probablement un fervent fan en la personne de Lou. Quand il ne déroule pas des arpèges, le death technique de Triagone fonce droit devant lui avec des riffs ultra efficaces, dictés par cette fameuse scène US d'il y a vingt ans (déjà).
Sans atteindre la vitesse d'un Origin ou la complexité d'un Necrophagist (je sais, ils sont pas américains), les Belges impressionnent dans l'écriture grâce à des guitares accrocheuses qui allient mélodie et violence avec un naturel qu'on retrouve rarement chez des formations aussi jeunes.
En plus de l'excellent travail sur les guitares, la partie rythmique tient la dragée haute à la plupart des cadors du genre. Lorenzo Vissol, batteur de son état, sait se montrer discret et compétent lorsque les guitares s'expriment mais n'hésite pas à prendre un peu plus de place à certains moments avec des patterns plus exotiques, plus biscornus. Leonard à la basse est quant à lui assez timide mais ne se laisse pas impressionner par les parties les plus techniques des guitares : lui aussi sait aligner 8 notes à la seconde en sweep et en tapping. En gros, que des brutes.
Une brute aussi derrière le micro en la personne de Lorena, qui possède un growl au premier abord classique mais relevé par une tessiture plus aiguë que la moyenne et un grain très agressif, qui se mélange superbement à la voix plus grave de Lou, qui lui signe une belle performance au micro sur les choeurs de Sem Papyrvs.
Peu de reproches à faire à cet EP plein de charme hormis peut-être la présence de l'interlude De Beata Vita qui casse sérieusement le rythme de l'ensemble. Sur un album, peut-être aurait-il été nécessaire, mais pour cinq morceaux, on accepte de tout avaler d'une traite sans broncher. Interlude mis à part, Sem Papyrvs est la promesse de futures productions encore plus riches, plus véloces, plus mélodiques. D'ailleurs, l'EP sort en indépendant : si vous avez un label orienté Death Metal, ne laissez pas passer ce petit bijou.