Trepalium est décidément une formation à part dans le paysage metal français, mêlant depuis ses débuts un amour certain pour le jazz funk d’Herbie Hancock à la puissance du death-metal. Une formule qui s’est précisé au fil des sorties et qui a fait du quintet l’un des fers de lance des musiques lourdes dans nos bourgades.
Alors qu’H.N.P. nous éclatait à la gueule tel un abcès rempli de groove, il perdait un peu de son impact à force d’écoutes, la faute à une trop grande linéarité entre les morceaux, moins varié que XIII et donc moins prenant sur la durée. Mais les poitevins ont de la ressource, et le prouvent avec ce nouvel EP, idéalement intitulé Voodoo Moonshine, où l’on nage plutôt dans les eaux marécageuses de Nouvelle-Orléans. Les cuivres tiennent un rôle bien plus important, notamment les saxophones alto et baryton de Matthieu Metzger (Klone, Step In Fluid) qui semblent enfin avoir la place qu’ils méritent. Ça se vérifie d’entrée avec Moonshine Limbo, un modèle de fusion où l’ensemble de l’orchestre forme une entité homogène néanmoins mouvante, ou mutante. Les bases sont là mais les instruments à vent apportent vraiment une fraîcheur nécessaire à une recette efficace qui commençait toutefois à se mordiller la queue.
Voodoo Moonshine efface encore un peu plus les frontières entre metal, jazz/funk (voire blues) et prog, aérant son propos afin d’orienter d’avantage ses énergies vers des ambiances qui rappelleront immanquablement Step In Fluid, tout en conservant la furie inhérente au mort-metal. Cet EP est plein à craquer de sommets, qu’il s’agisse du sirupeux et chaloupé Damballa’s Voodoo Doll (avec Joe Duplantier de Gojira), du swing écrasant de Guédé Juice ou du totalement transit et possédé Fire On Skin. Rien à jeter, tous les protagonistes sont heureux de jouer ensemble et ça se sent. Écouter ce disque rend donc heureux, ce qui rend aussi compliqué le fait de ne pas relancer la machine à groove.
Armé de cuivres plus imposants, d’ambiances plus élaborées, de featurings pas dégueulasses (dont Rémi Dumoulin aussi aux cuivres, ayant officié en 2006 chez Magma), l’envoûtement est total pour Trepalium, qui livre sans doute ici sa meilleure potion, chargée de tous les ingrédients qui pouvaient éventuellement lui manquer jadis. Changez rien les mecs !
En écoute dans nos pages.
Plus de groove, plus de Step In Fluid et plus de compos qui pètent la gueule : Trepalium revient à un très haut niveau et n'a pas le temps de lasser sur un format court.