Totorro

Math-Rock / Post-Rock / Post-Hardcore

France

All Glory To John Baltor

2011
Type : Album (LP)
Tracklist
01. John Baltor
02. Lavate Las Manos
03. The Stamped
04. The Yellow One

Chronique

par Tang

Post-rock ambient aux contours post-hardcore, la musique des rennais a vu le jour une première fois en 2008 avec un EP éponyme somme toute relativement classique dans son genre mais déjà bien agencé, qui proposait un post-rock pas trop éloigné de Envy et Mono.

Fin 2011, le groupe revient avec une première livraison en long format contenant seulement quatre titres, mais d’une durée de dix minutes chacun en moyenne. L’objet empreinte un artwork dans la continuité du EP représentant des oiseaux (qui semblent capables cette fois de tirer des lasers...), animal qui colle assez bien à l’image que l’on peut se faire de la musique exécutée ici. L’évolution musicale justement, depuis la première galette, a vu l’ajout d’un élément important, la voix, assurée par l'un des guitaristes qui vient renforcer avec conviction la dimension hardcore du post-rock de Totorro. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que son entrée en scène vers les deux minutes quarante de Lavate Las Manos fait son effet.  Une voix puissante, écorchée vive à la manière de Comity ou As We Draw, surgissant des ténèbres après une mise en place progressive, entamée sur l’introductif John Baltor à la violence contenue, comme si les musiciens attendaient l’arrivée du chant hurlé pour tenter de se libérer d'un malaise rampant.

On sait qu’entre le post-machin et le post-truc la frontière est mince, une question de saturation sans doute… Et bien Totorro navigue avec aisance entre les deux, usant de guitares aériennes (voire spatiales) sur de longues séquences progressives tout en gardant une basse lourde en toile de fond, annonciatrice d’une débauche post-hardcore noisy au groove maîtrisé, flirtant parfois avec le screamo. Les rennais alterneront les ambiances avec un naturel déconcertant et, au bout de trois écoutes, l’alchimie qui règne au sein du quatuor se confirme. La variété structurelle de chaque morceau (un peu moins pour John Baltor) est remarquable et la production au poil permet d’entendre chaque instrument distinctement. Une fausse fragilité demeure sur les plans ambient mélancoliques, régulièrement balayée par une lourdeur malsaine, emmenée par une voix malade, habitée. A partir de ces points de ruptures, guitares, batterie et basse descendent plus bas que terre en accentuant la rythmique jusqu’à côtoyer le pendant le plus sombre du post-hardcore (Lavate Las Manos, The Stamped). La fin de The Yellow One laisse entrer la lumière une dernière fois, aussi tremblante et saturée soit-elle, une lueur d’espoir subsiste…

Avec une certaine maîtrise naturelle, Totorro parvient à marier les éléments post-rock et hardcore en les sublimant et en y ajoutant une touche screamo qui accentue le frisson procuré. Les quatre morceaux de ce All Glory To John Baltor  sont autant d’invitations au voyage introspectif, mêlant joie succincte, colère vaine gorgée de noirceur et tristesse absolue.  La voix fraîchement intégrée n’y est clairement pas étrangère.
L’émotion est palpable, et c’est bien là l’essentiel.

17

A écouter : 1

L'objet s'écoute librement sur Bandcamp.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.5
Avis 6
Rhüum December 19, 2012 10:42
Une grosse claque pour ma part, surtout Lavate las manos. Le mélange post-rock / harcore est très bien utilisé, j'en ai encore des frissons à chaque écoute. Un album qui m'a transporté. Le seul reproche que je peux lui faire c'est qu'il est assez court.
18 / 20
jaymz88 July 15, 2012 19:41
Excellent album, grande richesse musicale et beaucoup de maitrise pour un premier album.

Par contre l'album est un peu trop court a mon goût, 4 chansons (bien qu'elles soient plutôt longues) c'est un peu juste je trouve.

A découvrir, c'est vraiment trés bon...
16 / 20
Kosoli February 19, 2012 13:29
J'avoue avoir redécouvert ce groupe. J'avais jeté une oreille très distraite sur leur premier EP.

Le premier extrait que j'avais entendu de cet album faisait apparaitre du chant, j'avais même pensé qu'il pouvait s'agir de Quentin Sauvé d'As We Draw qui venait poser sa voix étant donné que les gars sont potes. Mais non, c'est bien le gratteux qui chante.

Je l'ai donc écouté cet album, et ma foi il est bien bon, l'alternance entre post-rock aérien et postcore est vraiment bien dosé. A voir en live également.
16 / 20
Looe February 19, 2012 00:24
J'adore....une vraie émotion en écoutant cette album. Ils parviennent à plonger directetment dans les tripes et ça c'est bon. Bravo.
17 / 20
Craipo February 17, 2012 17:17
Belle progression pour les bretons qui se rapprochent un peu plus de l'intensité qu'ils mettaient en oeuvre en live depuis un bon moment déjà et s'offrent une intégration du chant pour le moins très réussie. C'est toujours de facture (devenue avec le temps) somme toute assez classique mais au moins il se passe quelque chose dans le Post-whatever de ces quatre là. On sent une musique qui vit, de la générosité, de la patate. Bref: de l'implication. Soit l'essentiel, saupoudré d'une bonne dose d'intelligence de composition de sincérité et de recul nécessaire.

Demande à être confirmé en direct mais étant donné le niveau déjà affiché je ne me fais pas trop de soucis.
15 / 20
Ajite February 17, 2012 09:35
Excellent premier album ! Un gros progrès par rapport au premier ep qui était déjà prometteur. Ce nouveau disque gagne en maturité avec l'apparition de parties vocales totalement assumées par le chanteur. Il y a ce qu'il faut de mélodies éthérées et de passages sombres et puissants, le tout étant vraiment bien dosé, cela donne donc un album très réussi. Beaucoup de maîtrise pour un si jeune groupe, à écouter ! :-)
16 / 20