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Biographie

Toter Fisch

Né en 2013 de l’imagination du chanteur et compositeur Romain Nobileau et rapidement rejoint par Rémy Robinot à la basse (ex Unconstant Motion) puis Jérémy Bayon à l’accordéon (ScumbagsHecate), le projet de Metal Pirate Toter Fisch ne se concrétise qu’en 2014 avec la rencontre de David Lemoine (ex Drakwald) à la guitare et de Pierre Dri à la batterie, qui vinrent compléter l’équipage. Après plus d’un an de préparation, le groupe lance l’abordage avec son premier ep Blood, Rum And Piracy, canonné en mars 2015, suivi d’un ep acoustique Bottoms Up Treasure en 2016, puis d’un premier album Yemaya en 2017. 2019 sonne le départ de David et l’arrivée du guitariste Tanguy Andujar (SaorForgotten Tales Brotherhood, ex Anthares). Après une longue gestation, Toter Fisch sort en septembre 2023 son nouvel album Aspidochelone. Bien qu’influencé par des artistes tels que Finntroll, MoonsorrowRammstein, ou encore Danny Elfman, Toter Fisch revendique néanmoins une identité propre.

La musique du groupe, riche en orchestrations, oscille entre plusieurs styles (Death Metal, Black Metal, Folk Metal, Metal Symphonique…). Brutales, épiques, sombres ou festives, les pistes se veulent variées, tout en restant fidèles à l’ambiance de la piraterie, notamment grâce la présence d’un accordéon et d’autres instruments traditionnels, mais aussi par l’aspect scénique via les costumes et la scénographie. Inspirées de folklores pirates, les paroles narrent les aventures fictives de l’équipage du navire Toter Fisch, tout en les mêlant à des faits historiques et mythologiques. Depuis sa création, le groupe a pu voguer partout en France et pays limitrophes. Le Toter Fisch a fait escale dans des salles et festivals prestigieux (Motocultor, Cernunnos Pagan Fest…) et se sont vu offerts la possibilité de défendre leur musique devant des milliers de personnes, durant près d’une centaine de concerts.

Chronique

17 / 20
1 commentaire (15.5/20).
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Aspidochelone ( 2023 )

La scène metal tourangelle, sans réussir à acquérir une immense notoriété dans l'hexagone, peut tout de même se targuer d'avoir de fiers représentants. Et quelle variété ! Aro Ora dans un style moderne et groovy, Beyond The Styx qui porte fièrement l'étendard Hardcore (et organise chaque année un formidable festival, le Riipfest), Hecate et son Black Metal épique et même le Slam Death Metal est présent avec le quintet Scumbags. J'en oublie, pardon à tous les laissés pour compte, mais l'important est de dire que malgré sa taille modeste, Tours jouit d'une belle quantité de formations très qualitatives. Et bien sûr, il y a Toter Fisch qui nous intéresse aujourd'hui.

Il n'est pas évident de se démarquer au milieu de ce vivier de talents. Fort heureusement, Toter Fisch fait partie de cette niche parfois ignorée voire moquée par les plus élitistes : le Folk Metal, et même le Pirate Metal. Non restez, je vous jurez, c'est vraiment bien ! On est bien obligé d'évoquer les patrons du Pirate Metal moderne : Alestorm. Ambiance déconne, aboiement de chiens, histoires de beuveries (ainsi que propos racistes et misogynes, mais ils se sont excusés donc "ça va") : c'est le Pirate Metal façon Alestorm, les concerts étant de gigantesques kermesses menées par Christopher Bowles. Etant donné le succès du groupe depuis le milieu des années 2010, il est clair qu'Alestorm a imprimé sa vision du style à l'ensemble du public. Alors que chez Toter Fisch, on n'entend pas les choses de cette oreille. Certes, on retrouve un accordéon qui donne fatalement un côté très dansant à la musique des tourangeaux, mais la ressemblance avec Alestorm s'arrête net. Aspidochelone est un concept album narratif, qui raconte les péripéties de l'équipage du bateau Toter Fisch ("poisson mort" en allemand) et qui reprend d'ailleurs là où s'était arrêtée l'histoire dans Yemaya, le premier album sorti en 2017.

Six ans pour produire un album, c'est pas mal, mais c'est ce qui était nécessaire aux Toter Fisch pour travailler sur leurs nouvelles compositions, pour un rendu plus mature et plus homogène que sur Yemaya. Le sentiment de suivre l'équipage dans ses aventures est plus présent que jamais : la narration est très fluide et les pauses entre chaque piste font réellement office d'ellipses, plutôt que de pauses musicales. Lorsqu'on plonge la tête sous l'eau avec le début d'Awakening et sa délicate introduction, on n'en ressort que 55 minutes plus tard. Lessivé, abattu, mais les yeux brillants. Ce périple est ainsi narré uniquement en musique, sans l'incursion d'une voix off comme on pouvait en trouver sur Tekeli-li des bordelais de The Great Old Ones par exemple. Les très nombreux instruments acoustiques (accordéon, violon, xylophone, percussions) permettent à Toter Fisch d'être classé en Folk Metal, mais les racines Metal extrême sont très présentes, à commencer par le chant de Romain et les backings de Jérémy et Tanguy qui sont définitivement ancrés dans le Death Metal. On a aussi droit à quelques excursions en chant crié très réussies, qui amènent un peu de variété et d'émotion. Les riffs sont eux aussi très orientés Death Metal Mélodique, offrant à Toter Fisch une hargne et une violence qu'on imagine être le quotidien d'un équipage pirate maudit.

Mais on retient et écoute Toter Fisch bien plus pour ses mélodies épiques que pour son riffing énervé. Sans jamais tomber dans la grandiloquence pompeuse, les orchestrations de Thibault Chavanis subliment les lignes de l'accordéon et des guitares. On pourrait tout à fait se passer par ailleurs de ces instruments supplémentaires (mais pas superflus) et être face à un bel album, exercice impossible pour certains groupes (oui, je parle bien de Septicflesh). Naviguant entre l'ombre et la lumière, la frayeur et la joie, le Toter Fisch nous entraine dans un tourbillon d'émotions multiples, sans oublier de s'amuser au passage. Alors, Aspidochelone, carton plein ? Sur le fond, on admet volontiers que Toter Fisch a bien bossé. Les dix compositions coulent tranquillement, chacune ayant son identité mais le tout formant une belle histoire qu'on prend plaisir à découvrir. Sur la forme, en revanche... on a encore à faire à une victime de l'appétit insatiable du Vamacara Studio pour la compression. La grosse compression, celle qu'on entend, qu'on ressent à chaque coup de caisse claire. Celle qui écrase totalement l'accordéon en le réduisant à l'état de vulgaire VST mal réglé, alors qu'il s'agit d'un instrument enregistré en studio. L'équilibre tonal n'est pas déplorable, mais l'absence quasi totale de dynamique sur Aspidochelone rend l'album un peu mou, lui retirant une grosse part du panache des instrumentations. Et bon dieu, où sont les cymbales ?

Ayant une forte personnalité et se débarrassant aisément des oripeaux qui déguisent le Pirate Metal tel qu'on se l'imagine, Aspidochelone peut être un premier pas vers ce style dévoyé. Les briscards du genre y trouveront également leur compte, l'album étant d'une richesse mélodique étonnante. Entamant une série de dates dans la partie Nord de la France très prochainement (accompagnés de MormiebenInfinityum et Trollheart), il serait dommage de laisser passer cette occasion d'aller soutenir Toter Fisch sur scène, où les pirates brillent particulièrement.