On cherche toujours inconsciemment à augmenter la barre d'un niveau, quelle que soit la discipline. Parmi ceux qui tentent cet exploit, certains poussent le bouchon de la vague Holy Terror encore plus loin, plus gras, plus crade. Torch Runner est de ces gens, ces entités qui tentent de fissurer vos murs à grands coups de basse, crachant et éructant tout ce que leur corps peut contenir en quelques minutes : Locust Swarm s'annonce donc fidèle à son nom, soit purement et simplement un nuage de sauterelles qui se précipite sur vous, ravageant tout sur son passage comme le craignaient les prophètes de l'Egypte ancienne.
"Play". Cris. Blasts. Riffs. 1 seconde est tout juste passée et Torch Runner a déjà envoyé une série de coups avec hargne sur un son Hardcorisé à ras-bord. Holy Terror vous avez dit ? Ici, il est plutôt question de Holy "Fucking" Terror, où l'on regarde Trap Them de haut, saluant Entombed du regard lorsque Converge n'est pas évoqué ("Dead Eyed", avec un son purement hérité des Bostoniens). En fait, si la formule hardcore métal n'est pas nouvelle, la partie rythmique qui semble pressée d'en découdre -comme le montre le jeu de batterie ("March Of Giants", "Looming End")- et le mur de cordes à faire trembler la ligne Maginot créent une ensemble efficace et percutant. Si l'on poussait un peu plus, quelques plans syncopés feraient penser à un Napalm Death bien gras, même si le chant étouffé et inintelligible s'éloigne de celui de Barney.
Il va sans dire qu'en poussant le tempo dès le premier riff, l'ensemble trépigne au moindre ralentissement ("Holy River", "Roads") et on ne sent les Américains à l'aise que sur les titres les plus furieux ("Total War Torn", "Looming End", "Discarded"). Pourtant, ces morceaux plus lights ont suffisamment de force pour tenir sur près de 4 minutes, s'approchant dans les derniers instants d'un Electric Wizard gueulard, même si le niveau s'annonce un peu moins élevé que sur le reste de l'album.
Lorsque les américains expliquent que leur musique est, pour chacun d'entre eux, une manière de laisser échapper colère et frustration, on comprend mieux pourquoi tout s'enchaîne aussi vite.
Eprouvé, malmené, essoufflé, couvert de bleu, saturé de vomi, les oreilles en sang, une dent en moins, etc. C'est de cette manière que le corps humain semble réagir à une écoute de ce 10". Alors que Pulling Teeth et Trash Talk ont ralenti le tempo sur leurs dernières productions, il en faut toujours plus à certains. Mais quand le résultat est là, quelle baffe !
A écouter : Tout