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Biographie
Tomahawk se forme en 2000 sous l'impulsion de Mike Patton (Faith No More, Mr Bungle, Fantômas, etc...) et surtout de Duane Denison (The Jesus Lizard), âme créatrice du groupe. Denison s'est empressé d'aller chercher l'ex-batteur de Helmet, John Stanier (aujourd'hui chez Battles), alors que Patton s'est occupé de ramener Kevin Rutmanis (The Melvins, The Cows). Leur premier album, sobrement intitulé Tomahawk et produit par Joe Funderburk, sort en 2001. Le second, Mit Gas, voit le jour en 2003, les deux étant naturellement publiés sur le label de Patton, Ipecac Recordings. Tomahawk a donné de nombreux concerts dans le monde, aux États-Unis, en Europe, en Australie et au Japon. Même si le quatuor figurait la plupart du temps en tête d'affiche, il a aussi effectué la première partie de groupes tels que Tool. Les quatre allumés ont participé à l'Ipecac Geek Tour en compagnie de Fantômas et des Melvins, ainsi qu'au Big Day Out Festival en Australie. Un troisième album baptisé Anonymous sortira en 2007, toujours chez Ipecac, puisant son inspiration dans la culture amérindienne et contient entre autres des reprises de chants traditionnels indiens. 2013 et Oddfellows marqueront le retour très attendu de Tomahawk, remplaçant au passage Rutmanis (devenu ingérable en tournée) pour le vieux pote de Mikey, Trevor Dunn (Mr Bungle, Fantômas). Hormis deux titres pondus en 2014 il faudra attendre 2021 pour voir débarquer le nouvel album, Tonic Immobility.
Duane Denison - Guitare Mike Patton - Chant/Machines John Stanier - Batterie Kevin Rutmanis - Basse (2000-2007) Trevor Dunn - Basse (2012-)
Huit piges qu’on avait pas eu le plaisir d’accéder à un nouveau Tomahawk, et pourtant l’album est instrumentalement prêt depuis un bout de temps, sauf que Mike Patton avait quelques chats à maltraiter avec les tournées de Faith No More, le lancement de Dead Cross puis la reformation de Mr Bungle. Mais enfin Tonic Immobility - toujours composé en grande partie par Duane Denison (The Jesus Lizard) - s’invite dans nos enceintes et casse la baraque, encore une fois.
C’en est presque (agréablement) lassant de ne jamais être déçu par une sortie de Tomahawk, y compris Anonymous et Oddfellows pourtant décriés mais ô combien essentiels. Néanmoins tant mieux si les productions du groupe divisent, car cela témoigne de la capacité de renouvellement de celui-ci. Rien n’est figé sans pour autant abandonner la fibre Noise Rock chère au guitariste écaillé. D’ailleurs elle ressort même davantage sur ce Tonic Immobility, pouvant s’apparenter à une sorte de retour aux fondamentaux, mais pas tout à fait.
Laissons donc la basse du toujours impeccable Trevor Dunn nous grignoter le cerveau sur le vicelard Valentine Shine, autorisons Patton à nous éructer généreusement au visage sur le partiellement hystérique Tattoo Zero ou le bon à psychanalyser et grassement riffé Howie, permettons à Denison de nous exposer ses mélodies grinçantes ou filandreuses (Doomsday Fatigue, Tattoo Zero, Dog Eat Dog) ou à John Stanier de faire claquer sa caisse claire sur l’imparable Business Casual. Dans de telles conditions impossible de rester immobile, que ce soit face à la tension magnifique d’un Fatback qui ressemble étrangement au Flashback du premier album, ou dans le jus d’un Sidewinder mutant, filmique et perché, investi de piano et de chœurs percutés par la grâce. On retrouve aussi avec le bipolaire Recoil la fine touche Reggaeton déjà présente sur le Waratorium d’Oddfellows, pour ne rien gâcher, ainsi qu’une production d’ensemble valorisant la richesse d’une écriture précise, dénuée de fioritures malvenues.
Bref, ce Tonic Immobility s’est laissé un brin désiré mais l’attente en valait la peine. Les quatre protagonistes perpétuent leur excellence à travers ce qui constitue peut-être leur album le plus frontal et vénère, sans renier l’aspect déviant ou cinématographique inhérent au groupe. Et on patientera le temps qu’il faudra pour apprécier la future offrande de Tomahawk, si le niveau de plaisir ici présent est maintenu.
A écouter : et à poncer comme les précédents.
Tomahawk, sans conteste le projet le plus régulier de Mike Patton. Le bonhomme part tellement dans toutes les directions que le simple fait que le groupe soit encore en vie (et bien vivace) est un exploit. Mais le principal responsable de cette longévité est Duane Denison (The Jesus Lizard), toujours là pour amener des idées et motiver les trois autres à écrire un disque. Petit changement après six ans de silence, Trevor Dunn, l’acolyte de Patton devant l’éternel, vient remplacer à la basse un Rutmanis plus très à l’aise dans ses sandales. Enfin, le quatrième album est là et confirme un retour aux fondamentaux après un très inspiré (mais boudé) Anonymous, perdu sur les terres amérindiennes arides.
« Oddfellows » serait le nom d’un ordre secret semblable aux francs-maçons, mais seul le titre éponyme s’inspire de cette sombre organisation. Ce morceau nous embarque d’ailleurs directement en terrain connu, celui d’un rock noisy, teigneux et sournois, celui des deux premiers albums. Une enthousiasmante entrée en matière qui engendrera une tripotée de pistes contenant chacune leur part de déviance et d’ingéniosité. Alors que Dunn apporte son touché aventureux et jazzy à l’ensemble, Denison arpente les chemins sinueux d’un rock expérimental mais ouvert, Stanier nous gargarise de rythmiques à la fois souples et sèches, tandis que Patton fait péter ses vocalises et lignes de chant si reconnaissables mais toujours si grisantes et protéiformes.
Ainsi, Stone Letter - aux relents de Faith No More - réjouira les nostalgiques ; White Hats/Black Hats et South Paw ramèneront au noise rock à papa pur et dur ; le très jazz Rise Up Dirty Waters se muera en twist furieux par intermittences ; l’inquiétant et dissonant The Quiet Few maltraitera les synapses dans les règles ; Choke Neck et son ambiance bluesy délectable nous placeront au beau milieu d’un polar délirant ; ou bien Waratorium et sa composante reggae surprendront un auditoire pourtant difficile à émerveiller.
Comme à son habitude, Tomahawk explore sans contraintes toute forme d’expression musicale et artistique afin d'alimenter son rock fiévreux et cinématographique. Chaque titre aurait sa place au sein d’une bande originale pensée pour un film pluriel et sans dialogues, ou une comédie musicale complètement cramée, au choix. Cela vaut d’ailleurs pour une grande majorité des perles pondues par ce groupe hors du temps et de l’espace. A ce titre, Oddfellows devient tout aussi indispensable que le reste d'une discographie exemplaire.
A écouter : Oui !
En 2000, alors que Mr Bungle vient de nous livrer un dernier coup de génie avant de mourir, l’incontournable hyperactif et créatif Mike Patton décide de donner naissance à un nouveau projet, avec l’aide du guitariste de The Jesus Lizard, Duane Denison, vite rejoints par John Stanier (ex-Helmet, Battles) et Kevin Rutmanis (The Melvins) finissant de former ce projet hors normes.
Ce premier album constitue l’une des premières sorties – après Fantômas – d’Ipecac Recordings, le label du gominé. Son univers y est donc naturellement très présent. D’emblée, on capte un retour à des sonorités un peu plus accessibles qu’un Mr Bungle par exemple (Flashback, 101 North), plus proches de Faith No More dans la démarche, ce malgré une forte présence d’expérimentations en tout genre. L’atmosphère générale se fait cinématographique, inquiétante, dérangeante et dissonante. La fameuse CiBi de Patton est maintes fois utilisée pour renforcer l’aspect oppressant des morceaux (God Hates A Coward, Pop 1, etc). La basse se fait grasse et métallique la plupart du temps, le jeu de batterie particulier de Stanier est bien reconnaissable et central sur l’ensemble des compositions de ce disque. La guitare de Denison est parfois tendue, incisive (Jockstrap, Malocchio) et souvent vicelarde (Pop 1, Point And Click), rappelant forcément mais subrepticement The Jesus Lizard. La voix de Patton – imprégnée de tous ses travaux passés – sonne presque différemment à chaque titre. Langoureuse, murmurée, criée, gutturale ou simplement chantée à la manière de FNM (Point And Click, God Hates A Coward, Pop 1, le popisant Sweet Smell Of Success, etc).
Mais qu’on se le dise, Tomahawk est Tomahawk. Avec ce premier album, le groupe, bien qu’il ait ingurgité le flagrant talent de chacun de ses musiciens, prouve bien le caractère unique de cette musique. Les nombreuses expérimentations parsemant l’objet sont là pour en témoigner, comme sur Jockstrap, où la guitare sinueuse enveloppe un chant d’angoisse et une rythmique bluesy, entrecoupée de phases rock n’ roll dégueulasses à souhait, toujours dans un esprit cinématographique. Ce dernier point semble d’ailleurs largement inspiré par le Director’s Cut de Fantômas, sorti la même année. On imagine très bien Patton vouloir retranscrire cette ambiance dans un projet parallèle moins violent et moins techniquement déconstruit, plus rock. Ce rapprochement peut aussi se faire avec Disco Volante et California de Mr Bungle. Finalement, avec le recul on s’aperçoit que ce premier jet de Tomahawk contient environ tous les éléments qui composent l’œuvre de Patton. Ses délires vocaux, son goût pour le 7ème Art, l’héritage de ses formations et collaborations passées (voire même futures), sans toutefois écarter l’influence des musiciens qui l’entourent, ce qui rend d’ailleurs la quasi-totalité de ses projets inédite et ne manquant jamais d’intérêt, que l’on n’adhère ou pas au résultat.
Tomahawk s'est autorisé une entrée fracassante en ce début de 21ème siècle. En posant les bases solides d’un rock expérimental relativement déjanté et cinéphile, le quatuor s’assure une reconnaissance qui se décuplera fatalement avec la suite de ses aventures, le magistral Mit Gas…
A écouter : Tout bien sûr.
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