La conclusion de l'album... j'en frissonne encore.
Tim Hecker
Ambient

Virgins
01. Prism 02. Virginal I
03. Radiance
04. Live Room
05. Live Room Out
06. Virginal II
07. Black Refraction
08. Incense at Abu Ghraib
09. Amps, Drugs, Harmonium
10. Stigmata I
11. Stigmata II
12. Stab Variation
Chronique
Tim Hecker est devenu au fil du temps le plus fidèle compagnon de mes nuits cabossées. Régnant en maître sur l'Ambient depuis plus d'une décennie, ce génie du son perpétue la magie d'une musique aux confins de l'imaginaire, où la cinématographie se dresse sous nos yeux à mesure que les secondes s'écoulent. Ravendeath, 1972 en 2011 marquait l'usage de drones pour parvenir à ses fins. Virgins en 2013 nous plonge dans un maelstrom organique.
Instants volés d'une pellicule abandonnée, la musique de Tim Hecker est cette photographie jaunie, amoindrie par les facéties du temps.
Tim Hecker emprisonne ces instants de vie égarés dans une bulle oxydée, où la douce sensation d'étouffement s'entremêle à la jouissance de vivre.
Les saccades vrombissantes des machines se mettent au service du craquèlement peu orthodoxe d'une vie qui s'émousse mais qui bat.
D'une beauté insolente au même titre que le talent de son créateur, ce disque est une odyssée cognitive, entre suffocations et espérances.
Les notes amoncelées d'un piano furtif, souvent torturées, toujours précises, accompagnent les volutes funèbres d'une flûte de mauvais augure. Ces enveloppes balbutiantes et colorées dans un univers saccadé illuminent la marche implacable de la machinerie proposée.
Ces machines, principaux rouages de l'histoire contée, nous convient au bal des damnés : là où flotte au grès d'une brise funèbre le fameux drapeau noir.
Telle la fumée grisâtre et monotone s'échappant d'une usine décrépissante, les nappes de clavier semblent enrober la déliquescence ici susurrée. Le piano quant à lui ruissèle le long de cette obscure fumée, laissant entrevoir les rayons d’un soleil qui emplit les cœurs.
Au beau milieu de cet ectoplasme amenant la musique classique moderne à un niveau insoupçonné, la vie se matérialise à l'aide d’éléments de Field Recording distillés ci et là. Des voix apparaissent et disparaissent rompant un silence maîtrisé. Les instruments utilisés par le musicien se distinguent, les marteaux du piano frappent fort, le bois craque, les éléments se révèlent, les mouvements se devinent.
De cette étincelle de vie qui enchante et déchante, Tim Hecker en aspire la consistance. Sensation cathartique de percevoir par soubresauts une certaine vérité. Celle du visage buriné du temps, qui jamais ne cède, qui toujours poursuit sa route, entre Charybde, joie et Scylla. Ce disque a bien un arrière goût d'infini mais n’en abusez pas, le retour n’est pas garanti.
A écouter : 1
Les critiques des lecteurs
La conclusion de l'album... j'en frissonne encore.
un peu deçu par la lenteur a la fin de l'album sinon très agréable a écouter