Tigon
Sludgecore / Noise

Infinite Teeth
1.The Archivist 03:48
2.The Great Machine 04:05
3.Whale Maker 02:34
4.Infinite Grin 01:44
5.Tortoise goes to Burning man 05:52
6.Infinite Teeth 04:44
7.Plague Apparatus 02:09
8.Prophetess 07:53
9.Descender 05:29
Chronique
En voilà qui ont tout compris, qui ont capté que recracher 20 minutes de Botch avec des amplis ridiculement énormes ou régurgiter Coalesce à 100 à l'heure dans un dégueuli malodorant n'est certainement pas rendre hommage aux groupes cités ni un bon plan pour le concours de celui qui a la plus grosse (guitare). Il suffit de 2 morceaux mid-tempo à ces types rassemblés à San Francisco pour dépoussiérer tout ça. Il s'agit peut-être de leurs évidentes influences noise rock dans ces attitudes trébuchantes ou bien la touche sludgy qui vient habilement salir leurs sublimes mélodies souterraines. Je ne sais pas trop, mais c'est sans aucun doute cet univers mutant, joliment transposé sur le visuel du disque, qui donne à Tigon sa dégaine façonnée de nonchalance et de classe, et donc la légitimité de mêler hurlements caverneux et ligne de chant féminine, coup de lattes rustiques et méandres embrumés.
Infinite Teeth aurait pu n'être qu'un excellent disque heavy noise mais c'est mal connaître les californiens. Car au delà des pures tranches de bravoures que sont les deux premiers titres ("The Archivist", "The Great Machine"), Tigon va mener sa barque ailleurs. En disciples aveugles et passionnés du hors piste, les gaziers jouent sur le rythme pour diluer leurs jalons vers des bases rampantes et insidieuses ou le chant se transforme en discours vindicatif sur un lit de mélodies alcooliques que n'aurait pas renié Enablers ("Tortoise goes to Burning Man"). Dans les moments hardcore à la nervosité cru ("Plague Apparatus") ou lors des tirades neurosiennes plombées d'une basse monstrueuse ("Prophetess"), c'est bien le chant, en perpétuelle tension, qui envenime le propos ambitieux mais toujours humble et limpide de Tigon. Car Infinite Teeth est un album à l'accessibilité immédiate dont les contrastes et les structures enchevêtrées servent une certaine idée de la lisibilité. C'est peut-être que ces américains n'en ont que faire d'impressionner quiconque. Ce qui les intéresse avant tout, c'est de créer pour eux-mêmes. Il n'est pas évident de surprendre et rester original sur tout un album, Tigon y parvient avec une maitrise qui n'inhibe en rien la spontanéité, l'optimisme et l'insouciance qui planent sur l'ensemble de ce premier album tout simplement étonnant.
A écouter : 1
En écoute sur bandcamp, Infinite Teeth sort évidemment sur The Ghost Is Clear Records, le label du groupe également lié à la sortie du premier EP des excellents Brighter Arrows.