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Biographie
Formé en 1998 à Irvine, Californie, le quatuor peut sortir en 2000, grâce au soutien de Paul Miner (Death By Stereo), son premier album, Identity Crisis. Après quelques dates, Thrice ne manque pas de se faire remarquer par le label Hopeless/Sub City, chez qui ils signent en 2001. Ré-édition de Identity Crisis, tournée avec Samiam, Midtown et Hot Rod Circuit, le groupe retourne alors en studio pour enregistrer The Illusion of Safety, sous la houlette du non moins célèbre Brian McTernan (The Juliana Theory, Hot Water Music, Cave In, Snapcase). Ce petit bijou de punk hxc popisant sera édité début 2002 ; les Californiens embrayent sur une tournée avec Further Seems Forever, et Face To Face. Février 2003, Dustin et ses comparses se retrouvent à nouveau en studio, mais cette fois-ci avec un budget plus conséquent puisqu'ils ont pu signer chez Island Records (Autopilot Off, Thursday, PJ Harvey). The Artist in the Ambulance, troisième opus du quartet, sort en Août 2003. Le succès est au rendez-vous, mais le groupe, malgré sa signature, continue d'offrir une part de ses revenus au profit d’associations caritatives. Deux ans plus tard, le quatuor annonce la sortie de son quatrième opus, Vheissu, qui marque un nouveau tournant avec une musique plus expérimentale. En 2007, Dustin Kensrue sort un album solo intitulé Please Come Home, ce qui n'empêche pas la formation de travailler à un ambitieux projet ayant pour finalité la réalisation en musique des 4 éléments naturels: The Alchemy Index. Les volumes I&II (Fire&Water) puis III & IV (Air & Earth) sont sortis via Vagrant, nouveau label du groupe, à quelques mois d'intervalle entre 2007 et 2008. Début 2009, le groupe annonce son retour prochain avec Beggars, prévu pour octobre de la même année, suivi par Major/Minor. Le combo livre deux opus d'une même veine, puis annonce en 2012 un hiatus indéterminé. Les musiciens en profitent pour se concentrer sur d'autres projets, Puig Destroyer ou Angels & Airwaves. Fin 2014, Thrice tease son retour pour l'année suivante, via une image dévoilée sur leur site. Cette annonce sera concrétisée en 2016 avec To Be Everywhere is to be Nowhere. Eddie Breckenridge: Basse Riley Breckenridge: Batterie Dustin Kensrue: Chant/Guitare Teppei Teranishi: Guitare/Chant
Lors de l’annonce de la mise en hiatus de Thrice il y a quelques années, la déception était grande : une discographie incontournable, avec un son qui a su se développer loin des premiers débuts plus enjoués, et puis des titres comme « Beggars » ou « A Song for Milly Michelson » à retourner les tripes. Avec To Be Everywhere is to be Nowhere et ses premières notes toutes droit sorties des Pixies, le combo effectue son retour en grande forme.
En ouvrant sur « Hurricane », Thrice a choisi de ne pas prendre de risque majeur : une courte intro puis une base instrumentale appuyée, pleine d’aplomb, amorçant le retour de la voix chaleureuse de Dustin Kensrue (qui prendra toute sa splendeur dans « Black Honey »), le tout nappé dans un ensemble très pop (le rendu batterie). En continuant sur l’écoute, on retrouvera certaines ambiances des dernières productions (« Wake Up ») mais pourtant jamais aussi passionnées (« The Long Defeat » qui tente vainement de prendre de l’ampleur sur son refrain). Et pourtant, les compos ne tirent jamais sur la longueur, même lorsque la durée dépasse les six minutes (« Salt and Shadow »), et possède parfois quelques accoutumances avec Deftones (« The Window » sur son intro). On fera un petit arrêt sur « Black Honey », premier single mais également pilier de To Be Everywhere, aux lyrics restant en tête mais également parfaite synthèse des points forts de ce que l’on a connu en amont, avec « Blood on the Sand ».
Et puis au travers de ces deux titres, on passera sur des aspects plus mélodiques (« Stay With Me », « Salt and Shadow ») qui atténuent aussi les sujets portés par Thrice (Edward Snowden, les drones militaires, la politique, …) mais rendent aussi les titres très complémentaires : lignes vocales différentes, partie rythmique aux airs atmosphériques mais variée et des cordes très lyriques. On parlera de Rock, d’Emo, de Post-Hardcore, …. de tout un ensemble de styles pratiqués par le combo et réarrangés ici de manière habile (« Hurricane »). To Be Everywhere n’est pas Beggars, encore moins Vheissu et de très loin The Artist in the Ambulance, mais à y regarder de plus près il en possède parfois des sensations.
Ce disque me pose personnellement un problème : j’y retrouve tout ce qui m’a fait apprécier Thrice, mais pour autant, je n’y adhère définitivement pas. Hermétique à la quasi totalité de l’album, alors que je reste sous le charme des opus précédents, je ne peux décemment pas en vanter tous les mérites, créant un tel décalage entre la qualité de composition et l’effet de To Be Everywhere.
Ce nouvel opus signe donc un retour en forme auquel je n’adhère - personnellement - pas du tout. Mais dans la plus grande objectivité, Thrice ravive une flamme qui sommeillait, se lançant dans une suite de titres offrant un parfait compromis entre leurs albums précédents.
Cette critique est au maximum objective, et pourtant ce disque me laisse totalement froid, de marbre. Plusieurs écoutes se sont enchaînées, dans différentes conditions, à plusieurs instants, sans que les notes n'arrivent à m'atteindre. Si un avis plus subjectif devait être laissé, j'aurais mis au maximum la note de 10/20.
A écouter : Oui, enfin ça dépend.
Thrice n'a cessé de muer, d'évoluer au fil des années, jusqu'à imploser (du moins temporairement) en apothéose il y a quelques mois. Major/Minor, le successeur du parfois incompris Beggars, se fait donc fort de fermer une page, peut être temporairement, mais en essayant de le faire avec superbe.
Alors rassurez-vous, Thrice garde son identité, sa simplicité mais aussi sa richesse. Que ce soit les mots de "Promises", les émotions de "Listen Through Me" (ou l'on ressent la parenté des Alchemy Index) ou les envolées des cordes d'"Anthology" ou "Blinded" , le combo évolue en fonction de ses envies, de son parcours sans se lancer dans une redite. En gardant comme base ce Rock intimiste, nul doute que Thrice a fait un choix : celui d'être lui-même, de ne pas se parer de milles atours pour enjôler ses compos, s'il en avait le besoin.
Il n'est pas facile de détacher un ou plusieurs titres : chacun a son identité, son refrain un brin désabusé ("Call in the Air" ou "Treading Paper") et ses volutes de notes. On rattachera sans doute ce Major/Minor à Beggars, mais en plus catchy ("Blur"), plus séduisant dans ses premiers jours, mais pourtant aussi profond (l'excellent "Listen Through Me"), de quoi redonner le sourire à ceux pour qui Beggars manquait de souffle.
Thrice est donc architecte d'une nouvelle oeuvre qui domine encore les sorties de l'année, avec toujours une grande discrétion quant à sa promo (un seul single épaulé d'une vidéo épurée).
Au final, Major/Minor est ce qu'il est : un album de Thrice. On ne saurait rien dire de plus tant l'évolution entre Identity Crisis et ce nouvel opus est énorme, même si on retrouve au final les mêmes ingrédients, avec juste un dosage différent. Et c'est là la grande force de Thrice.
A écouter : Call in the Air - Promises
"We are the anti rock star band" affirme Thrice. Pourquoi ? Parce que Dustin Kensrue aime rentrer auprès de sa famille à Orange Country quand il n’est pas en tournée, qu’il est pieux, qu’il ne se poudre pas le nez en usant et en abusant des filles de joie. Parce que le groupe continue son tracé, sans effet d’annonces racoleuses, fixé vers cette quête quasi-mystique de "toucher quelque chose quelque fois" comme disait Gainsbourg. Parce qu’in fine, il n’est jamais là où on l’attend ?
Je n’ai donc pas reçu de book marketing et de flyers annonçant "le meilleur album de tous les temps". Thrice propose humblement, l’auditeur dispose souverainement. Dans un écrin sobre et esthétique illustrant par des photos en noir et blanc le monde d’ à côté. L’œuvre des californiens est ainsi jalonné de ce rapport direct avec l’autre, comme l’atteste ce "We" qui demeure le pilote de la plume poétique de Kensrue. Thrice n’a pas le temps de se contempler, Thrice évolue trop pour ça, il est dans la barque de l’existence. Veisshu et The Alchemy Index avait annoncé une nouvelle ère dans la carrière du groupe. Beggars ouvre à nouveau une porte différente, celle d’un rock intimiste, qui n’amarre dans aucun port identifiable et qui fait son mouillage un peu partout (punk rock/emocore/folk/alternatif/Post-hardcore). Beggars est spontané, là où les précédents opus étaient conceptuels. Il se veut raw, honnête, bâti par le biais d’une énergie dépouillée et raccordée aux viscères.
Le song-writting de Kensrue continue d’arborer ce regard triste et pessimiste sur le monde, de façon métaphorique ou intimiste, sans jamais verser dans le donneur de leçon. Belle façon de parler du marginal sans le stigmatiser. "The Weight" peut alors crisper le poing au refrain comme à la belle époque, "Circles" rappeller "Atlantic", "Wood & Wire" s’adonner à sa mélancolie bluesy, "Talking Through Glass" redonner ses lettres de noblesse à l’emocore et "Beggars" livrer un des plus beaux titres jamais composé par le groupe tant sur la forme que sur le fond. Beggars est un bel album. Il n’y a pas deux groupes comme Thrice. Quant à nous, l’opus est là pour le rappeler, "We are beggars all".
A noter qu'en achetant l'album, une carte donne accès au téléchargement de 5 titres supplémentaires dont une reprise d'Helter Skelter des Beatles.
A écouter : "Talking Through Glass", "Beggars"
2e volet de l’ambitieux projet d’évoquer en 4 EP les 4 éléments essentiels, The Alchemy Index Vols. III And IV - Air And Earth clôt la marche ésotérique d’un groupe en constante mutation. A la recherche de l’autre.
A la rage succède l’amertume, aux anathèmes le désespoir. Après avoir hurlé au firmament dans ses 3 premiers albums de jeunesse, Thrice erre depuis Vheissu dans les limbes d’une musique cherchant l’au-delà. Post hardcore, post rock donc, mais aussi post fureur. Car le groupe californien est désormais de l’autre côté, dans l’après colère, au cœur du questionnement sur le sens.
En illustration, ces mots – toujours si bien écrits (quoique parfois un peu trop proches des précédents opus) - évoquant confusément un dédale de songes, de craintes (traumatismes du 11 Septembre) et d’œuvres cinématographiques ("A Song for Milly Michaelson"). L’antre de l’alchimiste béante, les images de l’artwork renvoyant aux symboliques moyenâgeuses occultes, Air poursuit le travail artistique des volumes I & II, multipliant les instruments et les sonorités brumeuses, en atteste cette complainte bouleversante, vacillant au cœur d’une acoustique semblant tout droit sortie d’une crypte ("As The Crow Flies"), ces couvertures electro ("Silver Wings") ou ces nappes de clavier sur l’envoûtante "Broken Lungs".
En quittant les airs pour la terre ferme ("I Will Hang Up My wings"), Thrice perd pourtant tout une partie de sa grâce. Si Air reste bien dans l’étincelante lignée des deux premiers volets, Earth se montre en effet un léger ton en dessous, la faute à cette sensation d’entendre une répétition des projets solo Dustin Kensrue ("Come All You Weary"). Reste que cette ambiance cabaret (bruits de chaises à bascule qui craquent, harmonicas lointains), évoquant parfois certains aspects de Tom Waits, réussit par sa symbolique de "retour à la terre", puisque Kensrue, piano de comptoir et guitare folk en main, offre un revival de la musique traditionnelle américaine (la savoureuse "Digging My Own Grave", so american), balayé par une mélancolie ouatée et nocturne ("The Lion and The Wolf", qui rappelle fortement les compositions de Danny Elfman présentes dans la BO de The Corpse Bride) qui met le point final au voyage. "Here I Will Teach You Truly How To Sleep".
Parvenu à la cime de son désir, Thrice lègue un quadriptyque appartenant à la race de ces œuvres dorées qui, dans l’ombre ou la lumière, sont fatalement amenées à laisser une trace à la postérité. Ce The Alchemy Index Vols. III And IV - Air And Earth pourra sembler un soupçon moins grand que le I & II (spécialement par la présence de quelques titres plus… "communs" dans Earth), mais n’est-ce pas le sort réservé à ceux qui ayant goûter aux lèvres du Soleil, ne trouve plus que tiédeur dans les baisers qui suivent ? Thrice, Thrice, Thrice…
A écouter : "Broken Lungs", "As The Crow Flies", "Digging My Own Grave"
Album concept réparti en 4 EP symbolisant les 4 éléments fondamentaux (le Feu, l'Air, l'Eau et la Terre), The Alchemy Index est, de l’aveu de ses créateurs, "le projet artistique le plus ambitieux que [le groupe ait] entrepris". Echelonné en deux sorties séparées de quelques mois (Octobre/Avril), Thrice en dévoile sa première combinaison : alliage de brasiers émotifs et d’envoûtements aquatiques.
Revenu métamorphosé de son précédent voyage (initiatique), Thrice puise désormais la source de sa création aux confluents de l’Art et du Mysticisme. Ce que Vheissu avait donc esquissé, The Alchemy Index Volume I & II le grave à même sa peau. Entité polymorphe, assis sur un volcan, le combo explore à présent toutes ses potentialités pour trouver la matrice tumultueuse de son Fire. Alarmes retentissantes, assauts explosifs, Thrice s’engouffre dès le premier appel d’air et enflamme l’atmosphère de son habituelle intensité. Guitare rude au couplet et méandreuse au refrain, alizés de chœur en sirène finale, "Firebreather" est le coup d’éclat nécessaire à l’embrasement primitif. Et il ne s’agît pas d’un coup de chaud passager. Bien décidé à maintenir le thermostat à son paroxysme, le quatuor joue dur, fort, croisant les instruments comme le fer et martelant les caisses comme une enclume. Ambiances calcinées et rutilantes ("The Arsonist"), drapé de fumée (pour la très Cave Inienne "Backdraft"), souffre vocal au tison ("The Messenger"), Fire met en mots et en musique la vision passé/futur d’un monde ravagé par le feu des guerres (évocation des bombardements de Dresde et Guernica) et des fléaux humains. Véritable autocombustion, aux sveltes accalmies rendues possible par le phrasé éthéré de Kensrue (rappelant par intermittence celui de Chino Moreno ("Burn The Fleet"), Fire ne serait ce qu’il est sans son ultime éruption; lente coulée de lave sortie du larynx écorché de son frontman, ponctué d’une envolée céleste finale ("The Flame Deluge"). Epoustouflant.
Water reprend l’Histoire au lendemain du Déluge. Prolongement d’anciens titre du précédent opus, comme "Atlantic" ou "Red Sky", l’EP tapisse en 6 titres le fond d’une ambiance extraordinairement nébuleuse et planante. Très proche d’une logique de recommencement (Le premier matin du monde : "I Woke, Cold And Alone"), Thrice laisse apparaître ici son visage le plus onirique, dans une sculpture musicale fragile et évanescente, empruntant quelques uns de ses tracés au mouvement post rock. Voix veloutée et vaporeuse, nappes de clavier, noises samplés, les natifs d’Irvine, visiblement très marqués par les dernières années de Radiohead, s’aventurent là où vers jadis ils se contentaient de regarder. Elaborant une succession de détails fuselés (multiplication d’effets sonores donnant la sensation de bulles ("Open Water"), de flottaison et d’apesanteur), l’effort invite alors à la noyade spirituelle ("Digital Sea"), entremêlant vagues electr-eau et notes naufragées ("The Whaler"), pour livrer l’auditeur au gré des marées et des dérives ("Night Diving"… morceau uniquement instrumental). Suave, lunaire et cristallin, Water trouve et entrouvre les flots de la conscience et place au cœur de son océan artistique, l’exercice le plus hypnotisant de la carrière du groupe ( avec en point d’apogée, le chef d’œuvre "Lost Continent").
Après avoir écrit à lui seul tout un chapitre de l’Histoire "Emocore", Thrice confirme avec cet Index que la page est belle et bien tournée et que la plume est désormais offerte aux voies de l’expérimental. Avec une batterie moins bavarde que jadis, une colère plus contenue et une excellence moins accessible, la formation prend le risque de perdre son ancienne audience, mais atteint le but de ses recherches, dont la fin serait, selon les croyances ancestrales, "l'illumination de la conscience, la délivrance de l'esprit et du corps" : l’Alchimie.
A écouter : entre torrents de feu et de larmes
Après s’être affirmé en moins de six années comme un groupe à part, après avoir dynamiter les genres, le groupe Thrice revient avec un quatrième album très attendu répondant au nom énigmatique de Vheissu. La question éternelle pour chaque artiste de talent semble plus que jamais se poser ici : Thrice peut-il faire aussi bien que ses trois albums précédents? La formation native de Irvine est-elle parvenue à relever l’épineux défi qui consiste à rénover son œuvre sans en perdre pour autant son identité
A la première écoute de l’album, il est difficile d’avoir une idée précise sur l’ensemble des onze titres tellement l’œuvre est complexe, diversifiée et originale. A vrai dire, il est même, à certains égards, difficile de reconnaître la 'touche' Thrice à laquelle on était d’ordinaire habitué. La batterie explosive des trois premiers opus a quasiment disparu, la hardcore est plus diffus, plus nuancée, en pointillée. L’évolution vers une mélodie plus posée s’était déjà fait ressentir avec The Artist in The Ambulance, Thrice la parachève ici. Le temps de Identity Crisis et de The Illusion of Safety est révolu. Vheissu s’apparente à une nouvelle exploration, il plonge son auditeur dans une quête quasi mystique (la pochette et le livret sont à ce sujet essentiels pour l’immersion au cœur de l’album ) servie par une musique affranchie de toute barrière.
Thrice une nouvelle fois défie les lois du genre, trace une voie à la limite de l’expérimental. Chaque chanson sonne comme une étape à franchir pour toucher au nouvel horizon du groupe. En atteste, l’utilisation de nouveaux sons (message morse, boite à musique japonaise, arrangements électroniques) ou d’instruments inattendus (synthétiseur, piano rhodes, xylophone). Les liens de parentés avec le Kid A de Radiohead ou le White Pony de Deftones ("Like Moths to Flame") sont évidents et revendiqués (cf. livret et la participation en live de Chino Moreno sur "Red Sky"). Les guitares sont lancinantes, planantes ; les morceaux jonchés de gracieuses notes de piano, de reverb, d’échos, de distorsions. L’album lorsqu’il est joué sur scène exploite d’avantage encore l’atmosphère onirique notamment par l’intermédiaire des jeux de lumière, pour un résultat qui n’est pas sans rappeler l’ambiance vaporeuse de Cult of Luna. Fort de ces éléments, "The Image of the Invisible se place en première pierre de l’édifice. L’énergie est perceptible, la musicalité raffinée, proche du son que l’on connaît du quatuor. Le suite réserve cependant une tout autre facette. Des ouvertures au piano (“Between the End and Where We Lie�?, “For Miles�?), de longs passages en mid tempo, un chant souvent lent, étiré comme pour se répandre à l’infini.
Et c’est certainement la grande force de l’album de parvenir à libérer tant d’intensité. Dustin Kensrue livre son âme à travers un chant enfiévré, tantôt lyrique ("Of Dust and Nations"), tantôt brûlant de souffrance (le cri final de "For Miles"). Les paroles, pleines d’inspiration puisent dans les thèmes chers au groupe : sentiment de déréalité, recherche d’un ailleurs ("Atlantic": 'this must be another dream'). La poésie y est omniprésente, ainsi que cette manière particulière d’écrire, mais au combien symbolique, qui consiste à utiliser le 'we' comme sujet. Les chœurs de "The Image of the Invisible" affiche d’ailleurs ce sentiment de communion du groupe, et cette volonté fédératrice.
Au final, Vheissu est une production qui suscitera certainement la controverse ; de part le fait qu’elle exige un grand effort d’attention pour y appréhender toutes ses richesses, d’autre part, du fait qu’elle explore une multitude de champs et enfin parce qu’elle est une complète métamorphose par rapport aux précédents travaux du groupe. Les fans du hardcore archi rythmé de Identity Crisis et The Illusion of Safety ou des orientations metalcore de The Artist in the Ambulance pourraient se trouver décontenancés, perplexes, ou déçus ; pour beaucoup d’autres, il y a de fortes chances qu’ils crient au chef d’œuvre.
A écouter : Atlantic; For Miles; Music Box
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