Depuis près d'une décennie, il est devenu indéniable que les grands noms du Post Rock comme Mogwai, Explosions In The Sky ou Mono s’essoufflent album après album. Ce triste constat est pourtant propice à l'émergence de groupes plus modestes tel que This Will Destroy You qui ont su insuffler un véritable renouveau au genre. S'ils s'étaient laissé emporter vers d'obscures contrées brumeuses sur Tunnel Blanket, s’éloignant de la magnificence de leurs débuts insouciants, les Texans offrent avec Another Language un parfait compromis, entre accessibilité et cohérence musicale.
Depuis un Young Mountain sans prétention qui mit tout le monde d'accord à sa sortie, This Will Destroy You a su évoluer et se remettre en question, préférant à présent l'appellation explicite Doomgaze à celle de Post Rock dont il reste pourtant un fier défenseur. Si ce Another Language sonne résolument clair dans sa construction, il est en réalité bien plus sombre qu'il n'y paraît une fois que l'on a percé à jour le nuage cotonneux qui l'enveloppe. Le quatuor mise davantage sur des détails infimes ainsi qu'une instrumentation éloignée par une production intimiste pour toucher et émouvoir. Ce au détriment de l'auditeur qui, même s'il n'aura aucun mal à pénétrer cet album, aura tout le mal du monde pour retenir un titre plus qu'un autre. C'est donc sur une écoute globale que l'on se doit d'évaluer ce nouvel effort, plus qu'aucun autre extrait de leur discographie.
À l'inverse d'une grandeur Caspianèsque, les Texans développent un son plus personnel qui, à l'instar de 65daysofstatic, aime brouiller les pistes à un point tel que l'ont ne sait parfois plus si la rythmique provient des fûts d'Alex Bhore ou des samples de Dono Jones (Invitation). Les douces plages Ambient s'écoulent inlassablement aux creux des oreilles (Mother Opiate) et sonnent tel un remède aux indigestes longueurs de Tunnel Blanket, avant que ne viennent frapper les montées en puissance propres au genre musical. Ces explosions instrumentales, bien que plutôt classiques et construites sur une durée moindre qu'à l'accoutumée, ne déçoivent ni transcendent la vision du groupe.
Des arpèges frémissants de New Topia qui précèdent une avalanche sonore à peine descriptible aux délicates notes minimalistes de God's Teeth, il n'y a finalement qu'un pas. Même si l'on n'y retrouve pas la quintessence de l'album éponyme, Another Language se laisse agréablement écouter dans sa globalité et replace le groupe dans une direction plus louable que son prédécesseur, tout en vous décrochant quelques frissons au passage. À l'heure où le Post Rock vit un véritable déclin, les groupes comme This Will Destroy You sont alors plus que jamais indispensables.
Mouais bof... Ça m'en touche une sans faire bouger l'autre ! J'avais bien aimé le virage pris avec Tunnel Blanket mais la c'est fade, sans vie... Grosse déception !