Le groupe sort un peu de nulle part, via un premier EP en 2018, puis quelques titres épars. Pourtant, avec Do It With A Smile, c’est comme si on était face à un groupe confirmé, qui n’avait juste qu’à assoir sa réputation : Thirdface tape dans le Hardcore primal, primaire et viscéral.
Ce disque m’a provoqué les mêmes effets que les EPs de G.LO.S.S., envie de taper du poing à la misère de Trash Talk. Condensé de hargne de vingt-deux minutes, dont le titre le plus long est une interlude, Do It With A Smile groove comme jamais : dès son introduction via « Customary », on cerne rapidement de quoi sera fait ce premier album. Un chant hardcore, proche des Trash Talk / Pulling Teeth de la bonne époque, une basse ultra-groovy qui accapare par moment l’attention (et dont on trouvait déjà trace dans le EP précédent), une batterie épileptique aux allures de Closet Witch. Tu prends deux-trois coups avec « Buck » ou « Villains! » et il y a de fortes chances que Do It With A Smile fasse des émules sur ta platine.
D’une frénésie sans nom (« Local »), Thirdface n’est pourtant pas avare de sensations fortes, la faute à des changements incessants de rythmes (« Ally ») dont la partie instrumentale semble ne jamais vouloir arrêter de vous triturer l’esprit. L’énergie est proche de celles d’Amygdala, Soul Glo, toute une dernière fournée de groupes dont on ne peut que valider les derniers efforts.
Même lorsque le quatuor lève le pied sur le tempo, que ce soit lors des breaks ou sur « Interlude », il reste un côté lourd, presque délabré (le travail sur la batterie du dixième titre). Thirdface semble pourtant avoir du mal à maintenir ce cap, puisqu’à peine « No Hope » dans les enceintes, le cassage de nuques reprend. Au-delà du Hardcore, cet album a un côté noise comme sur le jeu de guitare de « No Relief », un léger fil qui se tord tout au long du titre, emporté par le chant captivant, arraché. Face à A Demonstration of Righteous Aggression, ce sont justement ces évolutions qui font passer un cap aux Américain.e.s.
Do It With A Smile mérite de figurer dans les disques de 2021. Thirdface n’en fait jamais trop, à l’image de ces « No Hope » ou « Grasping At The Root ». Ecoutez, profitez, et dites vous que c’est peut être cela qu’on cherche dans la musique à un moment : un enchevêtrement de sensations.