logo They Ate Isengard

Biographie

They Ate Isengard

They Ate Isengard est le projet solo de Harvey Parker créé en 2009. Artiste expérimental, sa musique mêle des voix types Deathcore à divers sons électroniques pour un résultat relativement chaotique et inattendu. Jusqu'en 2013, They Ate Isengard enchaîne les EPs, qui se retrouvent automatiquement en format digital, téléchargeables gratuitement. En 2014 sort le premier LP du one man band, Abstract Corn Cloud.

Chronique

14.5 / 20
0 commentaire

Abstract Corn Cloud ( 2014 )

Attention O.V.N.I., Objet Violent Non Identifié. Un véritable amas de sons entremêlés, entrechoqués, aux antipodes du bon sens et du bon goût. Abstract Corn Cloud se nourrit d’influences telles que le Cybergrind, le Deathcore, la Techno et l’Electro cheap, laissez mariner le tout vingt-huit minutes dans une prod’ au rabais et voilà le travail : un ragoût wtf et assumé, sans aucune prétention. A tel point que l’unique membre de They Ate Isengard fait de l’anti-promotion sa marque de fabrique, prenant soin de dénigrer chacune de ses productions. Harvey Parker a ainsi écrit un jour à propos de sa musique « Please don't waste your time on it. ». Eh bien…on va s’gêner.

A l’image de l’artwork, la musique de TAI nous vient d’un univers décalé et effrayant où se côtoient une voix vociférant du début à la fin et une panoplie de sons tous plus inattendus les uns que les autres. Il faudra donc un certain second degré ainsi qu’un peu de sadomasochisme musical pour apprécier cet effort sans concession ni ambition. Du son hyper-saturé de « Modernism/Cancer » à l’instru totalement décousue et même presque « démusicalisée »  de « Inverted Abstraction», il faut apprendre à se faire mal. Bien loin d’être linéaire, l’album délivre des tracks aux influences très variées ; un tempo quasi Jazzy sur « Mother Cigarette » laisse ensuite place à quelques échappées plus orientées Electro (« When The Moon Tilted Backwards ») voire à des beats lorgnant vers le Hip-Hop sur « Twisp And The Cone », sans ne jamais verser complètement dans chacun de ces styles. They Ate Isengard se fait un malin plaisir à brouiller les pistes et redéfinit notre notion de l’Experimental et de l’Avant-Gardisme.

Mais aussi étonnant que cela puisse sembler, ces agencements chaotiques de notes sorties d’on ne sait où produisent leur petit effet : les douze titres pondus par ce cerveau malade nous transportent vers des contrées absurdes aux paysages cauchemardesques, l’ambiance oscille entre le grotesque et le malsain, façon film d’horreur à petit budget.  On en retient des rythmes catchy comme celui de « Laudanum – 3 :10 », sorte de tube dancefloor pour zombies, agrémenté de kicks Gabber et de parties vocales autrement plus entraînantes qu’un sempiternel « Put your hand in the air ! ». Question violence, « God’s Brothel » se charge du travail et s’avère être le titre le plus « Grind » de la galette, distribuant même quelques blast-beats au passage, noyés dans une marée de décibels endiablés. Les mélodies quant à elles ne sont pas non plus en reste et parviennent à nous surprendre au milieu de « Cassette Deck » et ses claviers aux sonorités orientales, ou encore sur quelques secondes de « Power Of The Hour » ; des passages qui auraient parfois mérité d’être prolongés pour en décupler l’efficacité. Le groupe tire enfin sa révérence sur les deux derniers titres qui sont probablement le climax de cet opus (« Joastelle » et « Statics » en tant que bonus track), à l’essence plus sombre que leurs prédécesseurs. Les chuchotements se font plus présents et les instruments plus oppressants, silence de mort avant le final apocalyptique de « Statics » et ses claviers lugubres et envahissants.

Pour un album qui ne paraît être qu’une vaste blague pour son géniteur lui-même, Abstract Corn Cloud est malgré tout un curieux objet assez varié et plutôt réussi, valant au moins une écoute pour son jusqu’au-boutisme et pour l’ambiance qui s’en dégage.

L'album est en téléchargement libre sur le bandcamp du groupe.

A écouter : A la kermesse de l'asile