Biographie

These Arms Are Snakes

De petites causes peuvent avoir de grands effets. C'est oublier que de grosses causes peuvent aussi avoir leurs gros effets. En musique, c'est parfois vrai et totalement le cas pour Botch. Groupe culte de la scène hardcore, le combo se sépare en 2002. On pleure (et ça continue). De ses cendres, naissent deux phénix, l'un, Minus the Bear s'oriente vers un indie rock de grande classe au travers de ses saisons tandis que l'autre, These Arms Are Snakes,  donc, mélange post-punk / noise / post-hardcore dans un bordel ambiant où la percussion des rythmes n'a d'égal que la folie des riffs de guitare.

Rapidement remarqué, rapidement signé, aidé par Joe Preston (à ne pas confondre avec le Joe Prestion qui officiait chez les The Melvins, entre autres) à la batterie et derrière les consoles, le groupe sort deux EPs sur Jade Tree en 2003 et début 2004 avant de plonger dans le grand bain avec Oxeneers or the Lion Sleeps When Its Antelope Go Home. Electrique. Noisy. Furieux. Débauché. Le groupe tourne alors avec les plus gros : Against me!, Big Business, Cursive, The Blood Brothers, Mastodon, Isis, Pelican pour n'en citer que quelques uns. Autant de styles que l'on retrouve melting-potés chez TAAS.

Deux ans plus tard, le groupe remet le couvert avec Easter qui enlève de fougue ce qu'il ajoute de maîtrise, le groupe prenant dorénavant le temps d'installer ses compositions. Produit par Chris Common qui s'empare aussi les baguettes derrière les fûts, l'album conforte le groupe dans sa voie dessinant de sa patte une bulle un peu à part.

2008 voit le retour en force du groupe, porté par un album au son renouvelé toujours produit par Chris Common, Tail Swallower and Dove, ainsi que deux projets de splits, l'un avec Pelican, l'autre avec... Minus the Bear. La boucle serait-elle bouclée?

Chronique

16 / 20
6 commentaires (15.08/20).
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Tail Swallower and Dove ( 2008 )

Un.ton.au.dessus.

Higher, Heavier, Louder. Tail Swallower and Dove va libérer les serpents. Insaisissables et insatiables. Serpents charmeurs d'hommes. Une note, une seule, il en suffit d'une, et tout est déjà joué. La déferlante promise a bien lieu.

Pas faute d'avoir été prévenus, pourtant. Oxyneers or the Lion Sleeps When Its Antelope Go Home donnait le ton : des ex-Botch et ex-Kill Sadie qui, loin d'avoir épuisé leur énergie, distribuaient leur fougue par pains de riffs acérés sur des rythmiques exubérantes, allant jusqu'à attenter à la pudeur. Un aller. Easter, gonflé à bloc, affinait encore plus le son, joignant aux rythmiques catchy un bloc sonore maîtrisé de bout en bout. Un retour.

Pif Paf, on tend l'autre joue et on recommence. Tail Swallower... fait mal. Fait du bien par où il passe. C'est selon. "Woolen Heirs" donne le ton, écrasant d'emblée. La production a pris du poids, les guitares sont lourdes, la basse collante. Et ça frappe fort. L'enchainement des premières pistes ne laisse aucun répit, pas envie de toute manière, pas besoin. These Arms Are Snakes joue sur un dancefloor heavy as fuck, se permet toutes les fantaisies, de quelques bidouillages electro (sur "Woolen Heirs", avant d'achever les oreilles) aux paroles crachées jusqu'à vider le dictionnaire (le flow emballé de "Prince Squid") en passant par ces refrains rock 'n roll dont seul le groupe a le secret ("Red Line Season"), pour culminer sur un "Ethric Double" (remember "Gadget Arms") tout en tension avant d'accélérer et de boucler un riff posthardcoreux sournoisement crescendo gravé au burin.

On se prend méchamment à penser ce qu'auraient pu rendre les albums précédents avec un tel son à la puissance décuplée, à faire virevolter un roc. L'attention portée à la moindre note, au moindre rendu de chaque instrument et aux vocaux, porte une dynamique générale complètement folle, sado-masochistement épuisante. On oubliera rapidement, de fait, le final de l'album, moins percutant, moins immédiat peut-être, pour replonger dans l'asphyxiante fraîcheur (!) de la première demi-heure.

Véritable condensé de ce que sait faire, de ce que peut faire, de ce que veut faire These Arms Are Snakes, Tail Swallower... se révèle le pic, le cap, que dis-je, c'est un cap? C'est une péninsule fendue par un nid de serpents enragés.

Il ne faut pas écouter cet album. Il pétrifie les oreilles.

L'album sort le 6 octobre 2008 sur Suicide Squeeze.

A écouter : Non, malheureux!