Un.ton.au.dessus.
Higher, Heavier, Louder. Tail Swallower and Dove va libérer les serpents. Insaisissables et insatiables. Serpents charmeurs d'hommes. Une note, une seule, il en suffit d'une, et tout est déjà joué. La déferlante promise a bien lieu.
Pas faute d'avoir été prévenus, pourtant. Oxyneers or the Lion Sleeps When Its Antelope Go Home donnait le ton : des ex-Botch et ex-Kill Sadie qui, loin d'avoir épuisé leur énergie, distribuaient leur fougue par pains de riffs acérés sur des rythmiques exubérantes, allant jusqu'à attenter à la pudeur. Un aller. Easter, gonflé à bloc, affinait encore plus le son, joignant aux rythmiques catchy un bloc sonore maîtrisé de bout en bout. Un retour.
Pif Paf, on tend l'autre joue et on recommence. Tail Swallower... fait mal. Fait du bien par où il passe. C'est selon. "Woolen Heirs" donne le ton, écrasant d'emblée. La production a pris du poids, les guitares sont lourdes, la basse collante. Et ça frappe fort. L'enchainement des premières pistes ne laisse aucun répit, pas envie de toute manière, pas besoin. These Arms Are Snakes joue sur un dancefloor heavy as fuck, se permet toutes les fantaisies, de quelques bidouillages electro (sur "Woolen Heirs", avant d'achever les oreilles) aux paroles crachées jusqu'à vider le dictionnaire (le flow emballé de "Prince Squid") en passant par ces refrains rock 'n roll dont seul le groupe a le secret ("Red Line Season"), pour culminer sur un "Ethric Double" (remember "Gadget Arms") tout en tension avant d'accélérer et de boucler un riff posthardcoreux sournoisement crescendo gravé au burin.
On se prend méchamment à penser ce qu'auraient pu rendre les albums précédents avec un tel son à la puissance décuplée, à faire virevolter un roc. L'attention portée à la moindre note, au moindre rendu de chaque instrument et aux vocaux, porte une dynamique générale complètement folle, sado-masochistement épuisante. On oubliera rapidement, de fait, le final de l'album, moins percutant, moins immédiat peut-être, pour replonger dans l'asphyxiante fraîcheur (!) de la première demi-heure.
Véritable condensé de ce que sait faire, de ce que peut faire, de ce que veut faire These Arms Are Snakes, Tail Swallower... se révèle le pic, le cap, que dis-je, c'est un cap? C'est une péninsule fendue par un nid de serpents enragés.
Il ne faut pas écouter cet album. Il pétrifie les oreilles.
A écouter : Non, malheureux!