The World Is A Beautiful Place And I Am No Longer Afraid To Die
Emo / Indie / Post-Rock
Harmlessness
1) You Can't Live There Forever
2) Blank No. 11
3) January 10th 2014
4) The Word Lisa
5) Rage Against The Dying Of The Light
6) Ra Patera Dance
7) Mental Health
8) Wendover
9) We Need More Skulls
10) Haircuts For Everybody
11) Willie(For Howard)
12) I Can Be Afraid Of Anything
13) Mount Hum
Chronique
Chez The World Is A Beautiful Place And I Am No Longer Afraid To Die, pas un disque ne se ressemble. Entre ses débuts prometteurs, le split avec Tigers Jaw, Code Orange Kids et Self Defense Family, la consécration du premier album Whenever, If Ever et l'étrange ep Between Bodies, le groupe semble inarrêtable et pose les jalons d'un des groupes majeurs de l'Emo post 2010. Ce n'est pas ce Harmlessness et leur récente signature chez Epitaph qui va changer la donne.
Harmlessness rajoute des cordes à l'arc de TWIABPlAIANLATD, déjà pourtant bien fourni. Le groupe n'a jamais sonné aussi Indie Rock, un peu à la manière du dernier Foxing, Dealer. Les éléments Post-Rock, Punk Rock et bien sûr Emo semblent mieux se fondre dans leur musique, mais peuvent aussi paradoxalement le rendre un petit peu trop uniforme par instant. Y déceler les premières perles du disque ne sera pas forcément évident au départ car il demeure moins immédiat que Whenever, If Ever et ses tubes qui résonnent encore dans nos têtes (Heartbeat In The Brain ou Flightboat). L'album marque une évolution qui sonne tout à fait naturelle et simple, preuve s'il était besoin que le groupe n'a jamais été aussi proche des débuts de Death Cab For Cutie, mais qu'il sait surtout toujours écrire de beaux morceaux rafraîchissants et frissonnants.
Harmlessness fait son chemin petit à petit, taille les broussailles et se loge près du cœur. Chaque titre apporte son lot de mélodies intelligentes, touchantes, de moments plus intimes ou de décharges énergiques notamment avec une batterie qui ne tient pas en place (The Word Lisa et sa conclusion ébouriffante). L'alternance des voix féminines et masculines fait des merveilles notamment sur le fabuleux et pourtant grave January 10th, 2014, un des morceaux qui raconte l'histoire de Diana, The Hunter Of Bus Drivers qui a tué deux conducteurs de bus en 2013 en lien avec deux décennies de disparitions, de viols, et d'homicides sur des centaines de femmes dans la région de Juarez au Mexique et ce dans l'indifférence, voire la complicité, de la police. Car l'Emo est aussi plus que de la musique. De même, Rage Against The Dying Of The Light, enchaîne les tournures et les cassures, avec sa ligne de basse très présente, ses quelques accalmies Post-Rock, la discrète trompette et quelques soubresauts à la six cordes. Mental Health évoque les gouttes de pluie que l'on regarde à travers la vitre et qui tombent doucement un après midi d'automne, tout comme Haircuts For Everybody est d'une poésie et d'une tristesse à fleur de peau.
Harmlessness est d'une richesse rare. Il est ce disque inventif que l'on (re)découvre avec grand plaisir à chaque écoute. Que se soit musicalement ou dans les textes, qu'ils le fassent avec légèreté ou engagement, TWIABPlAIANLATD est décidément plein de ressources et qu'ils sont un des acteurs majeurs de la scène Emo de cette décennie. Ne passez plus à côté.
C'est l'affect qui parle plus que le pur jugement musical, parce que cet album est ancré à des souvenirs, parce que les notes au goût de soleil m'ont filé plus d'un coup de pied au cul certains jours, parce que j'ai chanté ces titres sur des heures et des heures de route. Que du love sur ce groupe et ce disque.