The World Is A Beautiful Place And I Am No Longer Afraid To Die
Emo / Indie / Post-Rock
Between Bodies
01) blank#8 / Precipice
02) Space Exploration to Solve Earthly Crises
03) If And When I Die
04) Thanks
05) Lioness
06) Shoppers Beef
07) $100 Tip
08) Autotonsorialist
Chronique
Il y a des groupes que l'on rencontre dès leur genèse pour ne plus jamais les lâcher. D'autres dont on a eu vent de la réputation sans jamais avoir eu la curiosité de franchir le pas. Ce n'est qu'une fois l'écoute lancée que l'on réalise son erreur. The World Is A Beautiful Place And I Am No Longer Afraid To Die ne m'avait jusque-là marqué que par son nom à rallonge et ce t.shirt que je trouvais fort seyant sur l'un de mes collègues Metalorgiens.
TWIABPAIANLATD c'est pourtant bien plus que cela. Un nom farfelu ? Non, l'ouverture « Blank #8/Precipice » prouve dès le début que les mots comptent et sont précieux aux yeux du collectif. La mort y est apprivoisée comme simple transition vers une existence plus immense et plus exaltante.
« the end of everything is the beginning of a brand new everything/ the end of this universe may be the beginning of a brand new one... »
Caractérisé par une collaboration avec l'artiste Chris Zizzamia, l'EP laisse volontiers le micro à son invité. Dans un cadre aussi bien Post-Rock, Ambient, Emo, la poésie devient alors le fil rouge de ces (courtes) 28 minutes. Proche d'une narration de type stream of consciousness, l'auditeur se trouve abreuvé par des phrases fleuves en spoken word, là où la plume a retranscrit la pensée comme matériau brut. Sur Between Bodies la musique devient parfois un simple habillage sonore, un fond de toile où l'on se laisse porter, des claviers multicolores de « If And When I Die » aux tons grisâtres de « Shoppers Beef » et sa guitare à peine audible.
The World Is A Beautiful Place aime d'ailleurs ce jeu de contrastes et ne s'en cache pas. Chaque morceau s'inscrit dans une progression générale, menant à considérer l'opus d'un seul et même bloc. Une chorale d'émotions où le joyeux bordel de « Thanks » et sa montée de décibels lumineux se fait le préquel du couple morose « Lioness »/ « Shoppers Beef ». Le groupe s'éloigne quelque peu de là où il est plus attendu habituellement (d'où le format de l'EP ?) et révèle d'autres facettes, la capacité à s'adapter à de nouveaux textes et à en traduire l'essence par des notes variées. Rêveries cosmiques, échappatoires du quotidien pour des espaces-temps plus attrayants, les huit titres dessinent un imaginaire appuyé par des instrumentations très sobres pour certaines, retranscrivant les hauts et les bas d'un narrateur métaphorique au possible.
Cette escapade entre deux albums n'est pas à négliger dans la discographie des Américains. Si le chant habituel s'efface quelque peu, le vent de fraîcheur apporté par Zizzamia expose le combo sous un autre jour. Between Bodies se laissera apprécier pour qui aura la musique dans les oreilles, les paroles sous les yeux et l'esprit vagabond.