Réduire Elephant aux trois accords de Seven Nation Army serait maladroit. Certes le duo a été (sur)médiatisé grâce à ce morceau, accrocheur et facile à mémoriser, mais au-delà du single se trouve l'album, 14 morceaux de simple rock presque jauni par l'âge. The White Stripes, avec Elephant, est révélé en pleine période des groupes en "The" (The Strokes, The Music, ...), ce qui les aura rangés dans la même catégorie, le plus souvent des groupes vagues et sans âme, éphémères artistes le temps d'un single (malgré quelques très bonnes exceptions).
L'ensemble du disque, écrit principalement par Jack White, tourne autour des deux instruments maîtrisés par le duo : guitare et batterie. Seul un piano, en sus des voix, vient prêter renfort aux musiciens. Loin de la pluralité musicale de Icky Thump, Elephant n'en reste pas moins varié, à travers des morceaux comme le très punchy Black Math (son très crade, rappelant les Hives pour ce côté garage) ou le délicat You've Got Her In Your Pocket (où la batterie absente est comblée par une voix plus douce, et une guitare acoustique tremblotante). Quelques solos, criards sans être agressifs, sont disséminés : Ball And Biscuit ou Girl, You Have No Faith In Medicine. Les paroles tournent principalement autour des relations interpersonnelles (Black Math, In The Cold, Cold Night ou encore Hypnotize). Well It's True That We Love One Another tient plus de la discussion entre plusieurs personnes (Jack et Meg White et Holly Golightly), autour de la relation entre eux, ce qu'ils s'apportent.
La production rend hommage à l'album puisqu'elle ne parait pas lisse, sonne très vintage sans donner dans la surenchère ni le cliché. Chaque titre sonne presque différemment : le très noisy Little Acorns côtoie le folk It`s True That We Love One Another ou le garage punk de Black Math. Elephant sonne vieux sans l'être, comme beaucoup d'artistes de cette veine rock prônant un retour au old school durant cette période. A l'heure où certains artistes du rock français tentent ou ont tenté de rejoindre cette scène (BB Brunes, Naast) avec plus ou moins de succès, les White Stripes démontrent en une seule chanson, Hypnotise, que le look ne fait pas le musicien. Le rock reste simple, sans fioritures, mais pourtant diablement efficace. Malgré le fait de n'entendre que 2 instruments, aucun sentiment de vide sonore ne subsiste, même sur des morceaux plus doux comme I Want To Be The Boy...Petite perle au sein d'une mer de compositions pourtant déjà intéressantes, la reprise de Burt Bacharach, I Just Don't Know What To Do With Myself, au début très posée, et à la fin propre au groupe, tant au niveau du riff que du son. La jolie Meg White, lorsqu'elle tente de pousser sa voix sur In The Cold, Cold Night, ne fait pas pâle figure face à son ex-mari. Se rapprochant plus du spoken-word que du chant à proprement parler, son chant clair et distinct, presque maladroit, glisse délicatement.
En conclusion, The White Stripes est la preuve que ne pas pondre des albums ultra techniques et avec une production sur-léchée permet aussi d'atteindre le succès et la qualité. Certes l'écoute continue de Seven Nation Army peut faire apparaitre chez certains des crises de boutons, mais l'album ne se résume (heureusement) pas à ce morceau. Pourtant effacé derrière ce single, Elephant n'est est pas moins un très bon album, sentiment qui se retrouve dans Icky Thump, le très pâle Get Behind Me Satan plombant légèrement la discographie.
Mathematically turning the page
Unequivocally showing my age
I'm practically center stage
Undeniably earning your wage
Maybe I'll put my live on ice
And teach myself, maybe that'll be nice
Réduire cet album au méga-succès Seven Nation Army passe pour un amateurisme pur et dur dans l'histoire du groupe.Cette piste est certes énorme, mais il y'a d'autres superbes chansons.(The Hardest Button To Button notamment)