Gateways est une ode au voyage, celui qui emmène loin de chez soi, qui a pour but de nettoyer l’âme et de repartir sur des bases neuves pour appréhender le quotidien. C’est pourtant en terrain connu que nous emmène The Vintage Caravan : une guitare, une basse, une batterie et un clavier, des sonorités déjà entendues maintes et maintes fois. Ce qui compte pourtant n’est pas la destination, mais le voyage.
Alors quoi ? L’originalité ferait tout ? Pour avoir une place dans le monde surchargé de la musique d’aujourd’hui la seule solution serait de faire du différent, quitte parfois à sacrifier la qualité ? Le vieil aigri critiquera en disant que les jeunes n’inventent plus rien, que c’était mieux avant, quand les musiciens n’avaient que leur matos et leur imagination pour construire de l’art. Certains y sont arrivés après tout, alors pourquoi ça devrait changer ?
Non. Réinventer la roue n’est pas toujours un but ni une finalité, il suffit parfois de peu pour que la magie opère. The Vintage Caravan fait avec Gateways, une preuve magistrale qu’à force de travail et d’acharnement on arrive à produire une musique puissante. Des constructions simples, un tempo rapide, de belles mélodies, des riffs brûlants et ce son des 70’s qui évoque tant de couleurs et le tour est joué.
On pourrait presque croire que c’est facile tant tout est fluide et s’enchaîne à toute allure ; mais l’oreille attentive saura trouver les pépites de composition qui foisonnent, ces petits gimmicks et effets qui sont autant de signatures et de détails qui construisent une œuvre solide, équilibrée et diablement entraînante. 11 pistes uniques et intéressantes qui forment un tout cohérent. Pas de remplissage ni de perte de vitesse, tout est si parfaitement calibré que l’on se surprend à refaire partir la caravane dès qu’elle s’arrête et remettre au début inlassablement la galette dans le lecteur.
Si Arrival était déjà un excellent ouvrage, c’est au niveau de la production que l’on remarque que l’effort a été fait. Le son est plus net, mieux travaillé, tout en gardant cette patine qui fait tout l’aspect vintage. Le trio d’ouverture suffit à lui seul pour voir l’immense effort qui a été fait tant dans l’approche, plus efficace dans ses progressions, ses montées en puissance et ses explosions démentielles.
Nuclear Blast Records aura sans nul doute su reconnaître la volonté de reprendre ce que les plus grands avaient fait pour se l’approprier. A la fois si loin et si proche de ce que l’on connait par cœur, a des kilomètres du vulgaire plagiat, nous sommes en présence d’un disque puissant et novateur, qui a su redonner du gout à ces vieilleries musicales que l’on a poncées des milliers de fois.
A écouter : Indéniablement