Aux États-Unis la seconde moitié des années 60 a de particulier cette incroyable effervescence artistique novatrice, notamment portée par Warhol, producteur du Velvet. En musique un nouveau son émerge et s'apprête à changer à jamais son paysage. Lancé par les talentueux Lou Reed et John Cale, le Velvet Underground est le premier groupe représentatif de cette mouvance.
Pour bien comprendre le Velvet il faut savoir que la musique et la drogue sont intrinsèquement liées chez eux. Le groupe a toujours été obnubilé par les subtances psychotropes et en usait lors de ses compositions et interprétations. L'usage de drogues a souvent été au cœur de la création pour de nombreux artistes, et ce depuis les grands jazzmen Be-Bop qui ne concevaient pas l'improvisation sans en prendre. L'histoire du Rock nous a montré que celui-ci ne dérogeait par à la règle. Maintenant la question est de savoir de quelle façon cette influence transparait-elle sur la musique du Velvet ?
Tout d'abord par les rythmes répétitifs, ou dissonants, qui sont à la fois agressifs, malsains, mais surtout et par dessus tout hypnotiques. Ensuite, la voix de Lou Reed erre littéralement sur cette promenade « psychotropée », ne faisant que renforcer l'immersion dans ce monde complètement stone dépeint par le Velvet. On n'en décolle pas. Certains y ont vu une dégénérescence de la musique tandis que d'autres (beaucoup) y ont vu son nouveau souffle. Un nouveau souffle car une nouvelle façon de faire de la musique est apparue : à partir de dorénavant on peut tout faire, et tout dire en musique.
Reste le cas Nico à présent. La muse de Warhol imposée à Reed chante trois chansons et sa présence divise autant qu'elle rassemble. Elle s'intègre pourtant très bien dans le disque même si l'on sent qu'elle a freiné les ardeurs novatrices de Reed et Cale. Les chansons sur lesquelles elle apparaît sont en effet plus courtes, et surtout plus conventionnées. Mais cela rentre bien dans la facette Pop du groupe.
Le premier disque du Velvet a justemment d'incroyable cette faculter à conjuguer mélodies Pop « dylanesques » (Sunday Morning) avec une volonté d'expérimenter de nouveaux rythmes et sons (Venus in Furs, The Black Angel's Death Song, European Son). L'alchimie entre les deux donne une musique à la fois simple et complexe, abordable et déstabilisante.
Cet album choque d'ailleurs en son temps, de la pochette au phallique provocant confectionnée par Warhol à la musique perchée de la troupe de Reed en passant par les textes abordant la drogue (I'm Waiting For The Man, Heroin) ou le sadomasochisme (Venus in Furs). Mais le Rock a toujours su affronter les tabous d'une société en les exposant. Si Elvis a marqué le premier, le Velvet a transformé l'essai.
Au final Velvet Underground & Nico est un incontournable de la musique. Ce disque a eu une influence considérable dans cette sphère, que ce soit en musique Pop, Psychédélique ou même Punk. Indubitablement, le Rock ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans ce grand album totalement perché, mais assurément inspiré.
A écouter : D�fonc�, sobre, le jour, la nuit...