Il ne vous faudra pas longtemps pour tomber sous le charme et le plaisir que procurent ce premier album de The Veil, qu'on soit amateur de Dark Wave / Goth métal planant ou pas. Il faut dire que cet album a des qualités. Si vous êtes déjà amateurs de ce genre de gourmandise, alors vous n'aurez aucun problème à apprécier ce An Electrical Sun à sa juste valeur, si par contre ce genre musical vous est (presque) inconnu, alors comme moi vous aurez fort à faire avant de vous accoutumer aux anachronismes musicaux, compositions aux images fortes et sonorités analogiques qui, tous combinés vous réserveront toutefois de bien belles surprises.
Il est vrai qu'au premier abord, mis à part une introduction qui vous plonge illico dans le bain avec sa mélodie d'entre deux guerres, le chant féminin et les titres planants tout en douceur, l'album est assez difficile d'accès, pas parce que la musique est inabordable, loin de là, mais parce que les titres proposés ont tous un caractère visuel et littéraire très fort : chaque texture sonore, chaque sample, chaque refrain vous propulse au cœur d'images souvent étranges, peuplées de paysages et personnages rétro futuristes sombres et inquiétants. Si le chant est très caractéristique du genre et pas franchement aguichant dès les premières écoutes (chant féminin assez haut, une affaire de goût), celui-ci finira par vous transporter assez facilement avant de vous conquérir complètement, puisqu'il n'est pas étouffant et pas stéréotypé comme il pourrait l'être chez d'autres groupes possédant le même style de chant.
Niveau musique c'est vraiment du bon travail également, les guitares et la section rythmique impeccables viendront s'ajouter au fur et à mesure, avec une certaine retenue toutefois parfois décevante (mais là aussi c'est une affaire de goût, quelques titres un chouilla plus soutenu n'auraient pas été de trop), et les samples électro vous réserveront de belles surprises (Electrogrammaton, Swallow the black Ink), réussissant le pari de créer des ambiances tour à tour froides et éthérées ou lourdes et inquiétantes.
L'équilibre entre tous ces instruments et partitions est parfait, rien ne prend jamais le dessus plus de cinq secondes, ce qui nous donne une chape sonore vraiment agréable à l'écoute, des titres comme Ghostship et 1908 et leur indus lancinante ou Electrogrammaton, magnifique, naviguant vers des horizons plus prog / métal sont vraiment là pour attester de cet équilibre musical exemplaire.
Au final, ce premier album de The Veil est une réussite à plus d'un titre, un album à l'esthétique (musicale comme visuelle) impressionnante, servi par une production aux petits oignons. La formation a tout en main pour devenir une machine bien huilée : le talent, un bon premier album, des thèmes et ambiances percutants et une bonne dose d'originalité. A suivre.
A écouter : Ghostship, Swallow the black Ink, Electrogrammaton, 1908