The Snake The Cross The Crown
Indie / Folk

Mander Salis
Chronique
The Snake The Cross The Crown avait su nous séduire en 2003 avec un EP à la fois intense et mâture pour une première oeuvre: Like A Moth Before A Flame. Une nouvelle fois porté par la voix transie de Kevin Jones, les Californiens remettent le couvert avec Mander Salis, abordant ainsi un virage à 90° qui ne tient qu'à vous d'anticiper.
A l'instar de Cave In sur "Burning Down The Billboards", TSTCTC se permet de rendre hommage aux illustres Beatles, et autres Simon&Garfunkel en parcourant des contrées country/folk ("Empires", "A Brief Intermission"). Kevin Jones pose une prose de qualité que ne renierait pas Elliott Smith, preuve flagrante de la maturité du groupe en témoigne "On The Threshold Of Eternity", hymne intimiste de Mander Salis. En apesanteur, le duo chant/guitare-acoustique est exquis, le bassiste s'essaye d’ailleurs à des vocalises apathiques, ou a contrario, plaintives au possible, interrompues par une batterie au rythme plus lourd, bien qu'adoucie par le clavier. Si à première écoute, cette oeuvre peut paraître plus calme, l'énergie déployée par le combo sur l'EP n'a pas été encore totalement évincée.
Certes TSTCTC est déterminé à rendre hommage au Rock des décennies passées, mais il en va de même pour les futures. "Echolalia" démontre à nouveau leur talent via une introduction de 2 min' tout en nuance, clin d’œil à une scène post-rock émergente ; une hâte insoutenable se fait alors percevoir quant au commencement du morceau : riffs de guitare entamés, voix posées, basse en porte à faux, TSTCTC enivre un auditeur prompt à écouter tout ce qui pourra se faire entendre. L’envoûtement d’ "Echolalia" trouvera une certaine résonance auprès de sa dauphine "An Honest Misappropriation of Funds", et ravira ainsi les opposants au virage folk nettement abordé par le combo.
Ce second opus, indéniablement surprenant, conserve certains arômes de son prédécesseur, à savoir des arrangements denses et riches, des morceaux parfaitement déstructurés, et une atmosphère omni-programmée. Dès les premières mesures, une large palette orchestrale se fait sentir, l’album lorgne d'ailleurs vers un rock progressif plus sombre qu’à l’accoutumée ("The Sun Tells the Moon"). D’aspect similaire à cette dernière, "Gates of Dis", bien que moins véhémente, instaure un climat pesant de part ses effets chimériques si chers à Like A Moth Before A Flame.
Mander Salis nous gratifie de 10 titres aussi savoureux les uns que les autres, la nostalgie du siècle passé amoindrie par ce nouveau soubresaut émotionnel. Malgré tout, les mauvaises langues pourront toujours hurler « Plagiat ! Blasphème ! »; pour ma part, il s'agirait davantage d'une délicieuse excursion temporelle dont on ne se lasserait jamais. Si la vie n'est rien d’autre qu'un éternel recommencement, nous ne pourrons qu’espérer ne jamais entrevoir sa défunte soeur, et nous délecter à jamais de cette oeuvre.
Télécharger: Empires - Gates of Dis - On The Threshold Of Eternity (vidéo live).
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