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Biographie

The Slackers

Ara Babjian: Batterie
Marcus Geard: Basse
David Hillyard: Saxophone
Jayson Nugent (aka Agent Jay): Guitare
Glen Pine: Trombone/chant
Victor Ruggiero: Chant/Orgue/Piano/Guitare
Marc Lyn: Chant

Raconter l’histoire des Slackers (qui est le nom qu’on donne aux musiciens jamaïcains qui jouent des chansons paillardes (le slack) et qui font rire le public pour oublier la dure vie, mais qui signifie aussi  fainéant). Bref, vous parler des Slackers, c’est un peu comme raconter l’histoire d’une (grande) famille. L’arbre généalogique est dément, les liens sont multiples et chacun possède un talent incroyable, une histoire personnelle rocambolesque. Tout ces gens-là, mis ensemble, nous donne un truc de fou. Comme l’a dit un grand penseur du XXème siècle, Johnny Hallyday (de son vrai nom, Jean-Philippe Smet), « vous êtes tous génial ».

Voilà plus de 15 ans que le combo new-yorkais roule sa bosse à travers le monde (ils foulent même pour la première fois la terre brésilienne au début 2006), le groupe se forme au début des années 90 par amour de la musique ska, reggae et rocksteady. Chaque musicien officie dans d’autres groupes, parce que la musique est d’abord et avant tout une chose qui se partage : Hepcat, Stubborn All-Stars, Agent 99, Leftöver Crack, David Hillyard and the Rocksteady 7, Vic Ruggiero tente aussi un projet solo tout récemment, on peut aussi retrouver entre autres, Ruggiero et Hillyard jouer sur le (définitivement mésestimé) album de Rancid, Life Won’t Wait et suivre les punkers en tournée. C’est ainsi qu’ils se retrouvent à signer sur Hellcat Records, label tenu par Tim Armstrong (Rancid). CQFD.

Avant cette signature, ils avaient réalisé un album, Better Late Than Never (en 1996 sur Moon Records) qui avait vu Doreen Shaffer (des Skatalites) pousser la chansonnette. En 1997, ils sortent Redlight (Hellcat Records) avec en guest, Larry McDonald, percussionniste des Melodians et de Toots&the Maytals). En 1998, le groupe sort The Question, écrit sur la route, l’album permet aux Slackers de se faire un peu mieux connaître outre-atlantique. Wasted Days est ce qu’on appelle l’album de la maturité, avec tous les poncifs que cela engage. En 2003, le combo s’impose franchement avec Close My Eyes, petit bijou en réaction au 11 septembre (il faut écouter et réécouter "Old Dog"). Vient ensuite des productions d’autant plus intéressantes qu’elles sont à faible tirage ou originale. Le Slackers And Friends est dans la droite ligne de ce que les groupes de ska et de reggae font. On invite tous ses potes et on fait un énorme bœuf, qu’on enregistre. Ça donne le meilleur du meilleur. Enfin, presque, parce que le meilleur du meilleur, avec les Slackers, c’est le live ! Le Live at Ernesto est à mettre dans votre anthologie des plus beaux live. Encore une fois, pas de chichi, ce n’est pas le stade de France, ni une plage de copacabana en toile de fond. Ernesto est un obscur club hollandais qui transpire le rocksteady. Pour finir, les Slackers ont sorti un split cd Live à la suite d’un festival, From New-York to Luxembourg, où chacun des 4 groupes de la soirée laisse 3 titres. Les Slackers offrent des versions revisitées de leur chanson ("Stay Away" est de toute beauté). Et ça, ça suffit à comprendre qui est ce groupe qui tourne a plus de 150 concerts/an et reste une référence en la matière. Stay tuned !

Chronique

15 / 20
2 commentaires (16.5/20).
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Peculiar ( 2006 )

Sans refaire l’histoire passionnante du ska, du reggae et du rocksteady (je vous invite à lire The Bass Culture de Lloyd Bradley), en quelques mots, il est bon de resituer ces genres musicaux pour une meilleure compréhension du combo. Le ska est le premier à apparaître sur la liste, il fait danser frénétiquement les foules dans les «bals» jamaïcains au début des années 60. Le ska est peu à peu supplanté par le rocksteady, jusqu'à ce que ce dernier soit considéré à partir de 1966 comme la soul locale. Au-delà de son rythme plus lent que le ska, le rocksteady offre plus de clavier et plus de chant, mais moins de cuivres et d'instrumentaux. La contrebasse est souvent remplacée par la basse électrique. Cette fois, le temps fort est marqué sur le troisième temps. On trouve surtout des trios de rocksteady chantant des chansons d'amour. Vient ensuite et seulement le reggae (rythme ralenti par rapport au ska, mais plus rapide que le rocksteady). Pour une croche jouée en rocksteady, un musicien reggae en joue deux. Pour l'anecdote, le reggae s'appelait à ses débuts le «streggae», ce qui désignait une fille facile, qui s'offre à tous les hommes. Le décor est planté (avec des punaises).

Le groupe new-yorkais nous délivre, dans un graphisme tout inspiré des Freak Show et autres "Coney Island", qui nous évoque irrémédiablement le "Coney Island Baby" de Tom Waits, sa plus belle galette à ce jour, à savoir Peculiar. Le sextet nous emmène danser sur le rocksteady, le ska et le reggae avec treize titres chaloupés sous les mains expertes de Vic Ruggiero. On avait déjà pu entendre à la fin de l’année passée un Ep « engagé » (International War Criminal) qui laissait présager tout le meilleur quant à la direction artistique du groupe. La nouvelle livraison vient confirmer la chose et nous offre donc six nouvelles compositions, quatre réarrangements sur cinq du Ep, et une délicieuse reprise de Bob Dylan ("I Shall Be Released") qui clôt l’album. L’enregistrement s’est déroulé de manière très particulière, et c’est la première fois que Ara Babjian et Agent Jay étaient sur un album des Slackers en même temps. Spécial aussi, parce que la scène devenait littéralement leur studio. Ils sont retournés au club Ernesto (d’où ils avaient sortie un live) à Sittard, en Hollande et ont enregistré la base rythmique des morceaux en session live. Maintenant l’énergie live acquise, ils sont allés dans un second temps en studio (le Version City studio de l’ex-Slackers, Jeff Baker's, actuel King Django). Là, ils ont (ré)enregistré la section cuivre et les lignes de chants, puis mixé. Ce qui donne un son plein de clarté et bien balancé du studio avec la fièvre, l’esprit et le groove du live.

Chacune des chansons de cette bande de feignasses est conduite d’une telle façon qu’on ne peut s’empêcher de vibrer sous les tons graves et suaves de la voix de Victor Ruggiero ("I’d Rather Die Happy") et pour toutes les filles (oui, et les mecs aussi) qui l’ont vu sur scène, c’est une évidence, ce mec est un charismatique. Et comment résister aux solos hystériques de Glenn Pine et son trombone ("In Walked Capo")? Comment ne pas avoir l’impression de toucher à quelque chose d’immatériel quand on entend le king David Hylliard au saxophone ("Sauron"), alternant avec sa bouteille de whisky ? Comment ne pas apprécier le feeling d’un Marcus Geard à la basse qu’il tient debout sur un tabouret de comptoir ? Les Slackers sont constitués d’une sorte de all star band qui font mine de l’ignorer. Ce groupe mérite tout notre respect, puisque les Slackers seraient ce type de phénomène de foire qu’on trouve de moins en moins sur scène, des gens passionnés, amoureux et humbles, géniaux et talentueux, jouant une musique supposément d’antan, et en vérité tellement actuelle. Go Peculiar !

A télécharger:"86 The Mayo"

A écouter : 86 The Mayo
The Slackers

Style : Ska / Rocksteady
Tags :
Origine : USA
Site Officiel : theslackers.com
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