The Senseless? C’est le side project du bassiste de The Berzerker.
Et ça sort un peu de nulle part à vrai dire.
Alors comme ça les Indus Death-grindeux australiens auraient encore de la brutalité à revendre… Connaissant la capacité de renouvellement de ce groupe à géométrie variable, on peut légitimement se poser quelques questions. Même si les gars ont un son qui leur a permis de se faire remarquer en posant avec fracas leurs grosses pattes bioniques dans le plat du métal lors de l’émergence du groupe, la relative linéarité de leur premier album semble depuis s’être étendue à leur discographie toute entière.
Mais ce petit malin de Sam Beam qui officie dans The Berzerker depuis une décennie a compris le truc. Lui en solo il fait du Happy Metal (c’est lui qui le dit) et nous sort, en bonus, un artwork à cent lieues de ceux – ignobles - du groupe qui l’a révélé. Serait il lassé des torrents de bruit déversés toutes ces années ? Autant vous le dire tout de suite : non. The Senseless surfe clairement sur un spot tout voisin de celui de violent son grand frère. Le menu : brutalité, blast, blast et reblast (programmé, la batterie est ici une boite à rythmes).
On le comprend des You love it, premier titre de l’album. En guise d’ouverture : un sample qui n’est pas sans rappeler un début de partie sur un jeu de baston en arcade ou le départ du grand huit de fête foraine, un cri… et vlan, blasts, vocaux gutturaux et riffs agressifs toutes cordes dehors sur fond de bordel organisé. On en est à la cinquième seconde de la chanson, rendez vous dans 1’20 pour une arrivée toute aussi sèche que le départ. A peine le temps de le réaliser (le peut on ?) qu’on est déjà reparti avec Vacation qui démarre encore plus vite que la précédente mais, heureusement, se veut moins foutraque. Plus classiquement Death, elle évite l’écueil du bourrinage linéaire, mais garde toujours une patte Berzerkerienne. Plus étendu dans le temps ce titre se permet même de laisser guitare et basse s’exposer l’une après l’autre et de poser la première accalmie ainsi que la première baisse du tempo d’un disque parti comme une bombe.
Et là, quelque chose va venir nous titiller l’oreille: le riffing. Alors que la batterie restera assez invariablement épileptique, celui-ci, indéniablement violent et globalement Death, n’en est pas pour autant hyper agressif, frénétique, froid ou evil. On lui trouvera même un petit coté plus Rock’n Roll (c’est très relatif) comme sur Big Comedown et on appréciera l’ambiance délirante émanant d’un Promise pourtant très gras. On n’agresse pas pour agresser chez Beam. La brutalité sur-brutale et la méchanceté over-méchante ne semblent pas être le but. Ah ? Bonne nouvelle que celle-ci. Il y aurait donc autre chose que les très extrêmes et joyeux The Amenta, The Berzerker ou ces grands clowns de dISEMBOWELMENT en Australie…
« Délirant », le mot est lâché. Même si ça rigole pas franchement et qu’on est sacrément secoués à l’image du surfeur de la cover, In The Realm Of The Senseless se présente au final comme un gigantesque trip, avec ses hauts et ses bas, une grosse fête pleine de méchants délires où l’on oublie le sens du mot « retenue ». De l’éclate destructrice, du gros kiff épileptique sous le signe de la démesure avec l’ami Sam Beam! Pendant ce temps l’album défile… Jusqu’à ce qu’arrive un de ses moments forts : sa fin. Où plutôt le dernier titre (After happy ever), épilogue House/Metal du disque et anagramme du titre qui le précède (Happy ever after). Un ovni posé et contemplatif nourri aux riffs de la chanson qui le précède, comme autant de flashs back brumeux au lendemain d’une soirée d’abus extrêmes. Vous savez, ce genre de soirée dont on ne se remémore pas toujours tout (grand-chose ?) mais dont on sait intuitivement qu’elle était géniale, sourire béat (et bouche pateuse ?) collé aux lèvres, conscient d’avoir passé un bon moment de folie.
In The Realm Of The Senseless, où l’album que n’aurait peut être jamais sorti The Berzerker. Frustration effacée et merci à Sam Beam pour l’escapade folle. Apparemment le bonhomme ne s’est pas foutu de nous avec son Happy Metal. Ce n’était ni une farce, ni un habile coup marketing. Ce mec s’est réellement éclaté et c’est plutôt violemment communicatif.
A écouter : After Happy Ever, Promise, Crippled Trash