Biographie

The Saddest Landscape

Andy Maddox – Chant/Guitare
Aaron Neigher – Batterie
Mike Van Buren – Basse
Eric Mauro – Guitare

Formé en 2002 entre à Boston et à New-York, The Saddest Landscape est un groupe qui appartient à la légende du screamo. Multipliant les splits de qualité (avec The Pine, Funeral Diner) depuis sa création et les prestations de haut-vol, remarquable autant par son travail de composition électrique que par son chant survolté, le combo a fait la renommé du genre au début de la décennie. Après un hiatus au cours des années 2006/2007 et alors qu’on croyait l’aventure finie (publication d’une discographie All Is Apologized For. All Is Forgiven en 2008), la formation américaine a surpris tout son monde avec l’organisation de nouveaux concerts, suivi de l’enregistrement de morceaux, débouchant sur plusieurs splits et un nouvel album You Will Not Survive en 2010.
Rares sont les artistes ayant atteints un tel degré de véhémence: The Saddest Landscape est l’intensité incarnée.

16 / 20
1 commentaire (18/20).
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Darkness Forgives ( 2015 )

La noirceur de l’artwork n’a d’égal que la douce lumière illuminant la musique de The Saddest LandscapeDarkness Forgives est la dernière lueur avant la fin, qui brûle d’une intensité funeste, mais avec cette étrange sensation d’apaisement. The Saddest Landscape se pose dans cet ultime battement de paupière.
Face à After The Lights ou You Will Not Survive, il n’est pas difficile de deviner la teneur de l’opus. Et ce même si la recette est telle cette vieille trame scénaristique mainte fois réutilisée dans le cinéma, il n’en demeure que l’effet final se pose là, mêlant une assurance forte à une délicatesse mesurée, via les deux morceaux d’ouverture, « Once We Were Immortal » et « Souls Worth Saving ». Jetés à la face du monde, sans fioriture, il donnent d’entrée de jeu le ton de l’album.

The Saddest Landscape, c’est une homogénéité qualitative qui s’étend depuis plus d’une dizaine d’années, remettant à chaque opus une énergie assimilée à chaque temps mort. De fait, Darkness Forgives déverse une chaleur auditive à chaque seconde, loin des échauffourées sonores de certains combos plus enragés. Vous aimiez « Eternity is lost on dying » ou « In Love with the sound » ? Vous aurez à nouveau le coeur qui bat sur « ’Til our ears bleed » (dont l’intro rappelle, d’une certaine manière, le « Echoes » de The Rapture) ! Les Américains n’ont pas perdu de leur superbe avec les années, lorgnant sans arrogance sur des territoires certes acquis, mais dont la maitrise est parfois incertaine pour d’autres. En est pour preuve le magistral « Archival », étincelant dans son approche musicale : un screamo en rien agressif, une sensation de s’ouvrir petit à petit au reste du monde, partant à la découverte du monde tel Kerouac.

Rien ne nous fera regretter d’avoir posé une oreille attentive sur Darkness Forgives. D’une maîtrise impressionnante d’un style à une capacité ravageuse à prendre aux tripes et à toucher au coeur, The Saddest Landscape crie haut sa passion.
I still remember the last words said, « you look good ».

A écouter : Sans conteste. Et si vous avez un doute, les 3 premiers morceaux.
16.5 / 20
7 commentaires (17.07/20).
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You Will Not Survive ( 2010 )

La partition en flammes, la rage à la marge, le désespoir dans l’interstice. Comme un Van Gogh dévoré par le feu.
                               You Will Not Survive.
Ceci n’est pas un avertissement, ceci est une épitaphe.

Les surréalistes s’étaient proclamés en insurrection contre l’Histoire. The Saddest Landscape emboite le pas et déclare la guerre à la nostalgie. Au cœur de la lutte, la question de la survie de l’Homme, de celui qui ne veut pas mourir rongé par la souffrance ; de celui qui tout en se sachant condamné livre l’ultime bataille. De tout cela, il est question dans You Will Not Survive ; de tout cela, il en ressort une manière de jouer sans pareille, qui jette littéralement toutes ses forces dans l’échauffourée. Car il existe des groupes techniques qui atteignent des sommets d’intensité dans l’emoviolence ou la powerviolence ; mais c'est le plus souvent grâce et par les instruments. The Saddest Landscape est le propre mât de son pavillon. C’est avec les corps qu’il rame, c’est avec les corps qu’il exhume toutes les frustrations, les peurs et les douleurs. Et ceci est la spécificité du groupe de l’est-coast. Il ne joue pas. Il est.

Alors tonne le canon. Défilent les déflagrations. Furieuses et incontrôlables, dans un tourbillon de riffs fiévreux qui collent des clocs aux murs et obstruent les conduits d’aération. The Saddest Landscape étouffe l’espace, se torture les membres, s’use la gorge à force de hurlements déchirés ("So Lighty Thrown"), d’explosions fast-punk-hardcore ("The Shadows I Call Home") et de coups de sang(le) épiques ("Torn, Broken, Beautiful"). Tout ce qu’on trouvait dans la discographie du groupe et qui le plaçait tout en haut du panthéon screamoïque refait surface. Cette manière de se pousser li-tté-rale-ment à bout ; (Le stupéfiant "and I ask you, who stole our hearts and who left us so hollow" délivré dans la conclusion de "Eternity Is Lost On Dying"), de donner  l’impression de monter sans cesse en crescendo dans l’intensité, d’aller toujours un peu plus haut et un peu plus fort à chaque reprise de séquences quitte à finir exténué, sans souffle, à moitié mort, les mâchoires serrées ("So Lighty Thrown"), le phrasé hoquetant, la parole blême.
 
A bride abattue, animé par ce mélange si puissant de mélancolie et de colère, capable de finir son opus par un véritable hymne ("From All Of Those"), You Will Not Survive est une combustion totale. Alors qu’on le dise haut et fort : ceux qui voulaient être enterrés avec les vinyles de Saetia, Pg 99, Portrait, The Spirit Of Versailles et City Of Caterpillar  vont devoir se faire une place pour la discography de The Saddest Landscape, car l’enfer ou le paradis ne se gagneront pas sans eux.

En écoute sur myspace.

A écouter : car il n'y a pas deux groupes comme eux