The Ruins Of Beverast

Black Metal

Allemagne

Exuvia

2017
Type : Album (LP)
Labels : Van Records
Tracklist
01. Exuvia
02. Surtur Barbaar Maritime
03. Maere (On A Stillbirth's Tomb)
04. The Pythia's Pale Wolves
05. Towards Malakia
06. Takitum Tootem! (Trance)

Chronique

par rwn

Exuvia. Exuvie en français : l’ancienne peau rejetée par les arthropodes et certains vertébrés après leur mue. Au sortir d’un intense processus créatif long de plus de trois ans, nulle autre métaphore n’a dû sembler suffisamment forte à Alexander Meilenwald pour retranscrire son désir de voir enfin ce cinquième LP de The Ruins of Beverast prendre forme. Toutes proportions gardées, dans une modeste mise en abîme, tel est également le cas de cette chronique, maintes fois pensée, entamée puis mise au rebut. A l’image d’une jolie fille, certaines œuvres vous font perdre vos moyens tant tout ce que vous parvenez à en dire vous semble fade et  pas à la hauteur.

Commençons peut-être par ce que n’est pas Exuvia : un concept album autour des peuples natifs d’Amérique du Nord. L’artwork y fait clairement référence, plusieurs morceaux dont l’ouverture intègrent des chants sacrés de shamans amérindiens, mais l’approche d’Alexander Meilenwald n’a strictement rien à voir avec celle de Manuel Gagneux avec Zeal and Ardor. Ici, ces références ne sont finalement qu’une des multiples influences qui se retrouvent intégrées. A titre d’exemple, Surtur Barbaar Maritime prend ainsi appui sur la mythologie germanique pour narrer une bataille eschatologique entre hommes et divinités.

Poursuivant le travail mené depuis Foulest Semen of a Sheltered Elite, The Ruins of Beverast s’emploie minutieusement à réduire à néant une à une les barrières qui enferment parfois le Black dans un espace si étriqué qu’il s’y retrouve menacé par un sérieux risque de consanguinité. Il faut dire qu’à force de brassage, les six pièces d’Exuvia, qui oscillent grossièrement entre 8 et 15 minutes, finissent par désorienter. On se perd alors avec délectation au milieu de ces compositions insaisissable. Évoquer des titres qui font se succéder Growls, Grunts, incantations caverneuse, chant clair féminin et chants sacrés mais qui mélangent également sons électroniques, violons, cornemuse tout en alternant passages écrasants, étouffants et accalmies éthérées peut sembler confiner à l’exercice de style gratuit et élitiste. Il n’en est rien. Morceau après morceau, c’est ce que l’on recherche : se faire surprendre par un clavier à la Cult of Luna, par un changement de rythme, d’atmosphère ou d’intensité. Bref, par tout sauf par ce à quoi on ne s’attendait pas. A aucun moment l’ensemble ne tombe dans une forme de schéma ou ne semble forcer le patchwork. Les sonorités se succèdent, se superposent ou s’imbriquent ou les unes dans les autres. Sous la main de l’alchimiste Alexander Melienwald, ce qui autrement aurait paru contre nature acquiert une certaine grâce. Pas celle, évidente, d’une beauté plastique et calibrée mais celle, plus inconvenante, que pourrait avoir une créature issue d’un Freakshow.

Après de multiples écoutes il faut se rendre à l’évidence : les mots (du moins ceux que je suis capable d’écrire) sont trop faibles pour retranscrire Exuvia. Labyrinthique, psychédélique, hypnotique, halluciné sont autant d’adjectifs qui pourraient être utilisés mais ceux-ci occultent ce qui, peut-être, fait que cet album est particulier : son pouvoir immersif. Pendant plus d’une heure, sa mystique vous extirpe de votre enveloppe charnelle, vulgaire exuvie, et de votre banal quotidien. Etant sorti il y a quelques mois, il est très probable qu’une grande partie d’entre vous l’ait déjà écouté. Si ce n’est pas le cas, vous savez ce qu’il vous reste à faire pour ne pas définitivement passer à côté d’un des grands albums de 2017.

Exuvia s'écoute en intégralité sur bandcamp.

18

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.47
Avis 16
Necromerguez March 19, 2018 23:05
Une tuerie, tout simplement, je n'ai pas de mots pour décrire cet album. Durant une heure et 7 minutes, j'ai été plongé dans un monde sombre, mélancolique et teinté de chamanisme. Car si l'album a ses moments bourrins, il mise avant tout sur une ambiance lente, lourde, psyché et mystique.

Bien que loin d'être un fan de black metal (même si on ne peut résumer l'album juste à ça) j'ai pris une baffe comme j'en ai rarement eu.



Meilleur album de 2017 à mes yeux
19 / 20
JeanGrae January 4, 2018 19:56
On est au delà de l’excellent album, au delà du Black Metal. Ce gars est en avance sur toute la scène. A chaque album on se dit qu’il va forcément se répéter... Et non, toujours pas en 2017! The Ruins of Beverast c’est à chaque fois une expérience unique, un concept, un voyage! Ici la musique du prodige allemand s’envolle vers une éspèce de Black psyché, athmosphérique et chamanique. Du génie pur et dur!
18 / 20
iam_trying_to_belive January 4, 2018 18:00
Énorme, intense, complexe, travaillé, original, fabuleux, jamais ennuyant!



Album de 2017 !
18 / 20
Werewolf December 25, 2017 15:28
ROB fait partie de ce type de rare "one man band" qui est arrivée à sortir galette sur galette avec une incroyable constance en matière de qualité. Cependant, on voyait bien que le temps en chaque album s'allongeait et que peut être que l'ami Meilenwald commençait à être de plus en plus à sec niveau inspiration...

Pourtant c'est avec surprise que j'ai appris la sortie d'un album en 2017 alors que d'après l'évolution de sa discographie je me serrait attendu à pas avant 2018. Je suis resté sceptique au départ : pourvu qu'il n'est pas trop succombé aux sirènes du merchandising à sortir un album "vite fait".



Et un parpaing dans la gueule ! Meilenwald a relevé le défi haut la main sur cet album où il a exploré des contrées à la fois plus pagan/chamanique et psychédéliques que ses exploits précédents. Rien à dire d'autres si ce n'est qu'il faut écouter l'album.
18 / 20
Sugarbread October 17, 2017 16:34
Alexander Von Meilenwald est vraiment un artiste unique...

Si je devais compter le nombre de passages où les poils s'hérissent sur les bras, ce nombre de petits frissons dans le dos sur chacune des parties mélodiques de cet album... Rain upon the Impure et Foulest Semen of a Sheltered Elite était (disons) parfait, en voici donc un troisième.

Si les Pink Floyd avaient fait du black metal, ils se seraient probablement appelés The Ruins of Beverast et auraient sorti ce monstrueux bébé.

Album de l'année comme on dit.
19 / 20