Avec le recul des années, beaucoup diront qu’il y aura eu un avant, et un après, Give Up ; un (premier) album dont le qualificatif qui lui siérait le mieux serait…(quasi-)parfait. Un chef d’œuvre, irréprochable et délectable du début jusqu’à la fin; pour un coup d’essai (exception faite de "(This Is) The Dream Of Evan And Chan") c’est un véritable coup de Maître(s).
Baignants dans un univers assimilable à celui de The Notwist, notamment pour son mélange d’electronica et de rock, ou laprock comme certains se prêtent à le dire, The Postal Service n’en conservent pas moins une identité bien personnelle, et très riche, qui renvoie directement au revival et/ou à la nostalgie des 80s. Une évidence dès l’ouverture "The District Sleeps Alone Tonight", et plus encore face à son successeur, le hit-single "Such Great Heights", déclaration d’un Amour porté à la pop synthétique de cette même décennie. Boîte à rythme et claviers sont donc excessivement présents dans la musique de TPS, se faisant le socle de multi-en(tre)lacements de beats, enfantins sur cette deuxième piste, robotiques sur "Brand New Colony" et "Clark Gable", et jouant constamment sur la stéréophonie.
Mais le point culminant de l’album demeure sa diversité et sa capacité de renouvellement : section de cordes, accordéon, piano, batterie, guitare sèche/électrique. Ca bidouille à foison, ça se complète tout en maniant la carte de l’alternance avec génie. Pour preuve, la complémentarité, vocalement veloutée de Ben et Jenny, idem pour Ben et Jen sur "Nothing Better" et son dialogue marital tout en rupture. Sans oublier bien évidemment celle qui lie Ben et Jim avec ce premier faisant la part belle à l’instrumentation organique sur pratiquement chaque seconde partie de morceau, et enfin Ben et…Jerry’s (?). Arf il est joueur le bougre, et eux le sont tout autant il faut dire. Mais ils savent aussi faire la part à plus de mélancolie, ralentissant la rythmique, et instaurant des atmosphères brumeuses ("Recycled Air", "Nothing Better" ).
Oui, The Postal Service ne sont pas que pop sucrée, galopante, humectée de vocalises doucereuses ("This Place Is A Prison") ; c’est aussi un soupçon de crédulité clappée ("Clark Gable") et une fin en apo(s)théose, à savoir "Natural Anthem", qui pourrait contenter les amateurs de Venetian Snares et 65DOS.
Puiser dans le passé pour se construire un avenir, The Postal Service l’ont bien compris, comme tant d’autres qui s’y essayent, The Domus, Floormodel ou bien Immoor pour ne pas les nommer. Key(board) is the key…
A écouter : sans perde un instant !