Vendu comme un groupe qui ose forniquer sur fond de jazz, en passant de Deathspell Omega à Comity, via Orchid et Taciturn, The Phantom Carriage a une lourde responsabilité sur les épaules : faire la passerelle musicale (et pourquoi pas intellectuelle) entre Black, Hardcore Chaotique et Emoviolence, soit 3 genres musicaux extrêmes, que ce soit sur le fond ou sur la forme, exacerbant ses sentiments entre douleur et mal-être. Certains ont déjà tenté d'accommoder Hardcore et Black, comme Haust ou Kvelertak, et à ce petit jeu, The Phantom Carriage semble arriver dans les premiers sans problèmes. En effet, entre les dissonances Blackisées de Deathspell Omega ou Blut Aus Nord (The Monument On Hendrick's Hill), la frénétique folie de Comity période As Everything Is A Tragedy et la douloureuse ascension maladive de la folie nourrie à l'Emoviolence, The Phantom Carriage reflète le melting pot musical actuel qui va toujours plus loin, plus profond dans le malaise, rappelant l'extrémisme de Nesseria ou Plebeian Grandstand (2 autres combos révélés par Throatruiner ou Swarm Of Nails). A croire que les 2 labels semblent doués pour trouver ceux qui n'ont que faire des limites, faisant couler la sueur et l'angoisse en à peine quelques minutes (le dévastateur The Monument On Hendrick's Hill) en incorporant parfois quelques sonorités plus larmoyantes (16-04-10 à la fureur Screamoïsante ou quelques riffs de The Horses Feed Their Birds que l'on pourrait rattacher à Mihai Edrisch). Si l'on cherche un peu, on retrouvera aussi cette sensation de mur noir infranchissable d'un Celeste, sans pour autant rejeter l'être humain, mais dans cette volonté de créer un disque poisseux et sombre.
Un point qui risque cependant de diviser la foule : la présence des parties plus "jazz" (Les Fantômes Se Cachent Pour Pleurer, Black Rain Falls In Drops). Peut-être de trop pour certains, ou parti pris osé pour d'autres, ces sonorités sont pourtant en totale rupture avec le rouleau compresseur hardcore de The Horses Feed Their Birds ou The Wreck Of My Mental Ship. Si l'on fait abstraction de ces passages, les amateurs de (Post)-Hardcore Chaotique risquent de ne pas se sentir dépaysés, voir même de trouver l'ajout d'influences black et autres intéressantes.
La pensée intellectuelle du combo ne reste pas mystérieuse longtemps : Il est question de l'Evolution de l'être humain, que ce soit dans son rapport à la Terre (Black Rain Falls In Drops) ou en société (The Horses Feeds Their Birds). Même si on est bien loin d'un nihilisme profond, les mots reflètent un pessimisme angoissant, résultant du constat actuel. Malgré le fait que ces thèmes soient loin d'être nouveaux, la musique de The Phantom Carriage et l'imagerie de New Thing montrent une cohérence dans l'univers du combo.
Alors même si The Phantom Carriage dévaste tout sur son passage, le combo poitevin joue à un jeu dangereux avec les parties plus légères, qui restent - certains diront heureusement - minimes sur New Thing. La prise de risque est là, reste à chacun à l'apprécier, et peut être se dire qu'après tout, un combo qui mixe Deathspell Omega, Comity et Neil Perry ou Orchid dans ses compos n'en a peut être rien à foutre de votre avis et joue ce qui lui plait, sans barrière musicale.
A écouter : The Monument On Hendrick's Hill