Pourquoi et comment en vient-on à poser son oreille, déjà fortement sollicitée, sur un disque de Black-Metal de plus? Peut-être que ça vient du message de l'Ordre, façon illuminati du Black-Metal qui fait très nettement référence à la dévotion et au culte divin. Peut-être que c'est le line-up qui attire car quant on voit des mecs venant de Cradle Of Filth, Aborted, Akercocke réunis au sein d'un même projet, ça suscite un minimum de curiosité au moins pour les fervents adorateurs de la scène (ou alors ça débecte carrément). D'emblée il faut dire que les musiciens ont laissé une bonne partie de leurs influences respectives de côté pour The Order Of Apollyon. Si j'évoquais du Black-Metal au tout début, il faut sans doute préciser ici qu'on a plutôt à faire sur The Flesh à un Black/Death rapide, hargneux et virulent, finalement pas si éloigné d'Otargos ou de Svart Crown pour rester sur la scène française. Seulement, s'imposer sur une scène déjà bien remplie et qui évolue peu demande une paire de cojorones et une grand sureté dans son art, ce que ces musiciens accomplis ont surement acquis au fur et à mesure des années.
Dommage pour The Order Of Apollyon car les premières écoutes sont plutôt amères. Il faudra au moins approcher de la dizaine pour commencer à se démêler avec tout ça et en décortiquer des qualités. Entendons nous bien, The Flesh n'est pas mauvais en soit, on y retrouve tous les éléments qu'on attend dans le genre, avec ce qu'il faut de riffs Black/Death plus ou moins inspirés (Fifth), une vitesse qui ne faibli jamais et une bonne dose de violence, sauf qu'on a déjà entendu mieux ailleurs au moins en terme de créativité. Quelques bonnes idées sont néanmoins à signaler comme la présence de rythmes martiaux (God Speaks) appuyant cette notion d'embrigadement divin cher au groupe et la brutalité des compositions se montre sous des accents favorables rappelant parfois les confrères d'Antaeus ou Temple Of Baal. Le chant en allemand (Ich Bin Das Licht) apporte une petite originalité aux compositions mais honnêtement ce n'est pas ça qui fera revenir régulièrement le disque dans le lecteur. Côté production, (le disque a été enregistré dans le studio de B.S.T) celle-ci est froide, nullement gonflée et sied au propos du groupe qu'on pourrait résumer en trois mots : vitesse, chaos et blast. White Dust est par exemple représentatif de ce que The Order Of Apollyon fait de mieux, riff et section rythmique conçus pour le champs de bataille, soli dantesques, le tout étant une ode au Metal extrême des années 90's. On pourrait également parler de la dissonance sur Never par exemple, bien qu'elle ne soit pas au cœur du processus de création comme chez Deathspell Omega.
Le problème c'est que The Flesh est un disque correct mais pas non plus renversant car une bonne maitrise technique et un savoir-faire important dans d'autres formations reconnues ne suffisent pas à en imposer. La faute à deux choses notamment, le fait qu'on ai déjà l'impression d'avoir entendu ces divers éléments mentionnés plus haut ailleurs et à des compositions inégales qui oscillent entre le bon (Never) et le trop classique (Word).
A écouter : Ich Bin Das Licht, White Dust